Récit de voyage

Une fois n’est pas coutume. Au lieu de sélectionner un article, j’ai décidé de vous raconter un peu de mes vacances en Inde. C’était la troisième fois que je me rendais dans ce pays, mais je n’étais jamais allée en Assam, région du Nord-Est de l’Inde. Sur les trois fois, ce voyage a été, de loin, mon préféré. J’ai visité plusieurs endroits de la région mais je voudrais surtout vous parler de l’île de Majuli, la plus grande île de rivière au monde.

J’ai passé quatre jours à Majuli. En arrivant, j’avais un plan bien précis : ne rien faire ! Je voulais juste lire et me reposer. Oublier le monde. J’étais logée dans un bungalow très simple, sans chauffage, mais par chance, avec de l’eau chaude (pas toujours très chaude). Les journées étaient ensoleillées et très agréables, mais dès que le soleil se couchait, vers 16h, il commençait à faire froid et les nuits étaient vraiment très froides. Pour moi en tout cas. Le soir, il était possible de se réchauffer au coin du feu, où la cuisinière préparait à manger, et ensuite de dîner près du feu.

Les deux premiers jours, je n’ai rien fait, comme prévu. J’ai lu un livre que j’ai adoré (Eleanor Oliphant is completely fine) et j’ai dormi. J’ai été réveillée les deux nuits par des concerts d’aboiements, mais ce n’était pas bien grave, je pouvais dormir autant que je voulais. J’ai aussi fait deux heures de vélo le deuxième jour, mais conduire sur les routes indiennes, c’est vraiment dangereux. Entre les scooters qui se mettaient à ma hauteur pour discuter, les vaches et les chèvres au milieu de la route et les bruits de klaxons incessants, j’étais un peu stressée et j’ai décidé de retourner lire.

Le deuxième soir, mon mari est moi avons sympathisé avec un jeune couple indien qui nous a proposé de nous joindre à eux le lendemain pour une visite plus poussée de l’île. Nous avons accepté avec plaisir, même si ça contrariait mon projet de ne rien faire. Et nous n’avons pas regretté. Il y a énormément de temples hindouistes sur l’île et nous avons visité un de ces temples ce jour-là. Les moines nous ont invités à boire le thé. Deux fois. Deux moines différents. Nous avons appris beaucoup de leur histoire et de leur mode de vie. Dans les monastères hindouistes, on ne portent pas de chaussures. Pas seulement à l’intérieur, mais aussi à l’extérieur. J’ai gardé mes chaussettes ! Ce jour-là, je me suis aussi baladée dans un champ de riz pendant la moisson, au milieu des ouvrières et des vaches et j’ai accompagné mes amis au KFC (Krishna Fried Chicken), où je ne pouvais rien manger à cause de mes allergies, mais où nous avons continué à discuter. C’est une expérience complètement différente de visiter un pays étranger en compagnie de personnes qui parlent la langue locale. Tout est facile !

Le jour suivant, nous pensions pouvoir assister à un spectacle de danse mais une fois arrivés sur place, où on nous avait dit qu’on pourrait voir quelque chose, il n’y avait rien. Si on avait été seuls, nous n’aurions pas su quoi faire, mais comme on était avec nos amis assamais, on a vite été renseignés sur la situation. Il y avait eu un changement de dernière minute et le spectacle avait été reporté à plus tard. Avant de repartir, j’ai pu discuter avec un jeune moine qui avait entendu dire que j’étais française et qui est venu me saluer en français. J’ai été plutôt impressionnée par sa prononciation qui était très bonne, même s’il savait dire peu de choses en fin de compte. Mais il comprenait beaucoup de choses !

Nous sommes ensuite allés nous balader avec notre amie pendant que son mari était au monastère. Les gens n’étaient pas habitués à voir des étrangers où nous étions et tout le monde nous regardait avec insistance. Certaines personnes plus culottées venaient nous parler. En général, elles étaient curieuses de savoir d’où nous venions et surtout, elles voulaient pratiquer leur anglais. Elles nous approchaient toujours avec bienveillance.

Nous nous sommes tous retrouvés après quelque temps et notre ami nous a informés qu’on était invités à voir un spectacle de danse le soir au monastère et ensuite à dîner. Quel privilège ! On a accepté sans hésiter.

Nous avons ensuite déjeuné dans un restaurant local et pour conclure le repas, nos amis nous ont fait essayer un paan, spécialité indienne qui ne ressemble à rien que j’ai essayé avant. Je suis aventureuse avec la nourriture, mais j’ai mes limites. Je ne mangerais jamais d’insectes par exemple. Mais c’était végétarien et ça sentait plutôt bon. Mais beurk ! Je ne voulais pas être malpolie alors j’ai essayé, mais je n’ai pas pu tout manger et j’ai fini par recracher. Mon mari a trouvé très drôle de filmer l’expérience. J’ai l’air tour à tour apeurée, paniquée, puis écœurée. Je suis contente de l’avoir fait quand même. Maintenant je sais que je n’aime pas le paan !

Nous avons ensuite continué à nous balader dans un autre coin de l’île, dans des villages tribaux. On trouve différentes tribus à Majuli, et nous n’y avons pas passé assez de temps pour tout apprendre et comprendre, mais l’histoire de l’île et de ses peuples est fascinante. Et un peu triste aussi. Comme nous étions avec nos amis assamais, nous avons pu communiquer avec les gens indirectement. Nous avons été invités à visiter une maison. J’ai tenu un agneau de 4 jours dans mes bras. Et mille pensées me sont passées par la tête. Ces gens n’ont rien. Leur maisons sont vides. Ils vivent au milieu des crottes de cochons, de vaches, de chèvres, de chiens, dans une puanteur infernale. Ils font des bébés. Il fait froid en hiver. Ils sont inondés en été. Et je ne veux pas déballer tout mon ressenti ici, mais je vous laisse imaginer ce que vous pourriez ressentir. Pour moi, c’est un grand mélange de sentiments et comme une grosse claque qui m’a remise d’aplomb. J’allais pas super bien avant les vacances pour plein de raisons plus ou moins futiles, mais là, ça va. Très bien. Et après ça, nous avons donc eu le privilège de goûter chez les moines, de les voir danser et jouer de la musique pour nous et de manger un délicieux dîner qu’ils avaient cuisiné exclusivement pour nous et nos amis.

J’aurais aimé rester plus longtemps à Majuli. J’aurais aimé passer plus de temps avec nos nouveaux amis. J’aurais aimé apprendre plus de l’histoire de l’île et des peuples. Mais le lendemain, il était temps de partir. J’ai chaud au cœur quand je repense à ces moments et j’espère vraiment pouvoir retourner à Majuli un jour. Peut-être dans 5 ans. Peut-être dans 10. Je suis sûre que l’île va beaucoup changer mais j’espère que pas trop en fait. J’avais l’impression d’être dans un autre monde, un autre temps… J’aimerais que les gens de là-bas vivent mieux, qu’ils ne manquent de rien. Mais j’espère que la mondialisation ne va pas détruire l’authenticité des paysages et des habitants. On peut encore rêver !

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