Ce texte a été écrit par une de mes étudiantes qui travaille au niveau C1 mais qui ne souhaite pas passer le DALF. Elle apprend le français pour le plaisir depuis 2015. J’ai corrigé quelques petites erreurs et l’ai aidée à reformuler une ou deux phrases, mais c’est elle qui a fait le plus gros du travail ! On pourrait encore l’améliorer en variant un peu plus les verbes et les structures, et en utilisant des synonymes pour les mots un peu simples, mais je trouve que c’est déjà plutôt très bien comme ça, non ? Êtes-vous capable d’écrire ainsi ?
O nome dela é Jennifer / Eu encontrei ela no Tinder / Mas ela faz umas paradas / Que eu não faço com você
« Son prénom est Jennifer/ Je l’ai trouvée sur Tinder/ Mais elle fait des choses/ Que je ne fais pas avec vous »
Ah, le Carnaval ! Tous les ans c’est la même chose ! Il y a une chanson, une mélodie qui a beaucoup de succès. Cette année, on a ce petit bijou de la musique, « O nome dela é Jennifer ». À travers les paroles, on peut déduire que l’homme a une copine, mais qu’il s’est inscrit sur Tinder parce qu’apparemment sa femme refuse de faire « des choses ». Le compositeur, dans une interview, a raconté que cette idée lui était venue parce qu’un de ses amis était avec une femme grosse et, honteux, a justifié qu’il l’avait trouvée sur Tinder. Et qu’elle n’était pas belle, mais faisait des choses que les autres refusaient de faire. Quelle poésie !
Les musiques du Carnaval sont habituellement sexistes. Les gens disent que ce n’est pas important, qu’elles servent à s’amuser, à divertir. Alors, où est le problème? À mon avis, il y a un véritable problème !
Mais quelle est la relation entre les chansons sexistes et le livre « The Handmaid’s Tale » (« La Servante Écarlate » en français), écrit en 1985 par Margaret Atwood ? Ce livre, une dystopie, décrit une théocratie fondamentaliste chrétienne dans laquelle les femmes ont perdu tous leurs droits et appartiennent aux hommes. Elles ont des rôles spécifiques, ne peuvent pas sortir librement, ne peuvent pas parler aux gens. Elles s’habillent avec des couleurs spécifiques selon leurs fonctions et sont constamment surveillées. Les femmes sont des objets pour les hommes et n’ont pas le droit d’utiliser leurs prénoms. Elles s’appellent OF plus le nom de leurs propriétaires, cela signifiant qu’elles leur appartiennent.
Les droits des femmes sont très récents dans l’histoire de l’humanité. Le droit de vote, par exemple, est une conquête de moins de 100 ans. Ce sont des droits très fragiles. On a tendance à croire que les droits des femmes vont durer pour l’éternité, mais comment peut-on en être persuadé ? On est loin d’une situation d’égalité. Les femmes sont considérées inférieures aux hommes dans beaucoup de situations. Elles gagnent moins d’argent que les hommes. Elles se considèrent coupables quand elles se font violer. Et on parle seulement de notre partie du monde où les femmes ont des droits ou peuvent lutter pour eux. Parce que dans de nombreux pays, les femmes sont des objets et appartiennent aux hommes de leurs vies d’une manière qui n’est pas très différente de la servante écarlate.
Ce sont de petites choses qui peuvent changer tout. Comme dans l’histoire de la servante écarlate, l’acceptation vient petit à petit, les droits sont perdus sans que l’on s’en rende compte. Alors, quand on considère que c’est amusant de danser sur une chanson qui utilise les femmes comme objet de plaisir pour les hommes, on participe à un certain retour en arrière dans ce que l’on a si durement acquis.
Ecrit par Cristiane, étudiante brésilienne