Les infos cette semaine

Si vous lisez la presse, vous avez forcément entendu parler de l’incendie qui s’est déclenché à la cathédrale Notre-Dame à Paris lundi dernier.

Mon téléphone m’a informée en direct car j’ai l’application de France 24. Je me préparais pour aller dormir et je n’y ai pas pensé plus que ça.

Le lendemain, j’avais des messages de personnes m’annonçant la nouvelle avec des emojis qui pleuraient. Je me suis demandé pourquoi elles m’envoyaient ces messages parce que d’un, j’ai Internet, et de deux, je ne fréquente pas les églises. Alors oui, je peux comprendre que certaines personnes trouvent ça triste, mais en même temps, il n’y a eu aucun mort et il se passe des choses bien plus tragiques dans le monde, non ? Je n’ai pas répondu à tout le monde, seulement aux personnes à qui je parle régulièrement et qui me connaissent assez bien pour que je dise exactement ce que je pense.

J’ai hésité avant de commencer ce post parce que cela peut paraître insensible, mais en même temps, ce n’est pas comme si des millions de gens me lisaient et le but premier de ce blog est de proposer des posts en français pour mes étudiantes et d’autres étudiant·es. Et comme mon sentiment s’est intensifié au fur et à mesure que la semaine passait, je vais expliquer ici ce que j’ai expliqué à mes amies le lendemain de l’incendie. Et en fait, je suis certaine que je ne suis pas la seule à penser ainsi !

Je ne suis pas touchée par la destruction d’une vieille église. Oui, j’entends bien que c’est un monument historique. Mais cela reste un bâtiment et personne n’est mort. Je n’ai pas lu les articles parlant de la situation, mais il y en avait pléthore. J’ai écouté un peu la radio mais ça m’a vite agacée.

3 captures d’écran de mon téléphone cette semaine, prises le 16 avril :

Je voulais essayer de trouver un article intéressant pour cette semaine, et dans les 18 premiers articles qui m’étaient proposés, 17 étaient en rapport avec l’incendie de Notre-Dame.

Deux choses me choquent dans tout ça :

  • La couverture médiatique, pour commencer. En France et à travers le monde apparemment, car j’ai des amies non françaises et vivant dans d’autres pays qui ont partagé des articles avec moi, en d’autres langues. Je le répète, il n’y a pas eu de morts. Ni de blessés graves. Pendant ce temps-là, dans d’autres endroits du monde, il y a de vrais drames humains. Il y avait probablement des villes qui se faisaient incendier dans des pays en guerre au même moment que Notre-Dame brûlait. Des gens qui en mouraient. Des villes historiques, telles Alep par exemple, ont été détruites, et ce n’était pas par accident. Le bilan humain est absolument tragique. Les médias en ont parlé un moment et puis ils sont passés à autre chose. Quand quelque chose d’inhabituel se passe dans un pays occidental, un pays riche, le monde entier en parle. Et je ne suis pas contre ça. Il faut en parler et il faut réfléchir à ce que représentent les monuments historiques et leur destruction. Mais de là à ne parler que de ça et d’en faire l’évènement le plus grave et le plus triste de la journée du 15 avril 2019, non, je ne suis pas d’accord. Si l’on fait une recherche ciblée et que l’on veut s’informer sur ce qui se passe dans d’autres endroits du monde, plus pauvres, moins blancs, on peut trouver des articles, mais les médias ne nous les balancent pas à la tête comme ils l’ont fait avec la cathédrale cette semaine.
  • La réaction du gouvernement. Et de certaines personnes. Là encore, je réagis par rapport à ce que j’ai entendu à la radio et aux titres des articles que je n’ai pas lus (en étant consciente que les titres ne reflètent pas toujours le contenu des articles). Macron s’est engagé à faire reconstruire la cathédrale. Des milliardaires se sont immédiatement engagés à faire des dons de 100 et 200 millions d’euros. Un exploitant forestier offre du bois. Etc. Alors, bien, j’approuve la solidarité, mais elle est où cette solidarité le reste du temps ? Je n’ai pas les réponses et il y a probablement beaucoup de choses que je ne comprends pas, mais je me pose beaucoup de questions. Si l’on peut trouver de l’argent pour reconstruire un monument, pourquoi est-ce si difficile de trouver de l’argent pour offrir des conditions de vie décentes à ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en France ? Pourquoi dit-on qu’on n’a pas les moyens d’accueillir des personnes fuyant leurs pays en guerre et les laisse-t-on vivre dans des conditions qu’on trouverait scandaleuses pour nos animaux domestiques ? Tout ça me dépasse. Je ne comprends pas comment un vieux monument, tout historique qu’il soit, peut provoquer autant de réactions de solidarité et de compassion, alors qu’on laisse crever les gens sans sourciller. Et le fait que ce soit une église rend la situation on ne peut plus absurde à mes yeux. Je ne suis pas religieuse, mais il me semblait qu’un des principes de la religion était d’aider son prochain. Une de mes chères étudiantes qui vit à Paris m’a dit que les gens étaient dans la rue et chantaient des chants religieux ! Dans un pays qui se veut laïc et ne tolère pas les signes religieux dans l’espace public ! Allez comprendre…

Voilà ce que m’a inspiré cette semaine. Je ne suis pas triste pour Notre-Dame, il est clair qu’on va bien s’occuper d’elle et lui redonner fière allure, mais je suis triste pour le monde et pour toutes les horreurs qui s’y passent que les médias ignorent et dont si peu de gens parlent. Ou dont on parle un moment, puis qu’on oublie très vite, soit parce que ça nous dérange, soit parce qu’on se dit que ce n’est pas notre problème.

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