Podcast : Camille

Je ne sais plus quel humoriste américain faisait une blague récemment sur le fait que les podcasts poussaient comme des champignons (c’était en anglais, mais ce qu’il a dit voulait dire plus ou moins ça) et que c’était impossible de suivre tout ce qu’il se faisait.

Cela m’avait fait sourire car c’est un peu vrai. J’ai parfois l’impression que tout le monde fait des podcasts. J’ai même envisagé d’en faire moi-même pour le français, mais pour diverses raisons, je ne m’y suis pas encore attelée. Un jour peut-être, s’il y a encore de la place pour moi dans l’univers des podcasts, on verra bien !

Les podcasts pullulent et j’en suis ravie en fait. J’ai longtemps eu du mal à écouter des podcasts car je n’arrivais pas à rester concentrée assez longtemps. Puis après plusieurs recommandations, je me suis mise à écouter un podcast américain et à vraiment y prendre goût. Et pendant quelques années, je n’ai écouté que des podcasts en anglais. Jusqu’à l’année dernière, où j’ai pris conscience que les Français s’y étaient mis aussi et qu’il y avait de l’offre de qualité.

Si vous me connaissez ou me lisez régulièrement, vous savez que je ne suis pas la plus grande fan de la France. Pour plein de raisons. Je trouve la France terriblement en retard sur les pays anglo-saxons à tous les niveaux et la mentalité française effroyablement réactionnaire. Je trouve les Français très peu ouverts au reste du monde, très peu tolérants, sexistes, racistes, pas du tout inclusifs, etc. J’ai toujours l’impression qu’ils vivent dans le passé et qu’ils refusent de progresser. Je n’étais pas à l’aise dans ce pays où je suis pourtant née quand j’en suis partie, je m’y sentais à l’étroit, et plus je vis ailleurs, plus je vois le monde et rencontre des personnes de tous pays, plus la France m’effraie. Ce que je vois de la France à travers les médias français ne me donne pas du tout envie d’y retourner, même pas pour y passer des vacances.

Mais en écoutant différents podcasts français, je me dis que tout n’est pas perdu. Il y a du boulot, et mes journalistes et présentatrices de podcasts préférées ont vraiment du pain sur la planche si elles désirent faire évoluer les mentalités en France, mais grâce aux podcasts, elles ont une voix qui, il me semble, se fait de plus en plus entendre. Elles abordent des thèmes dans leurs podcasts qui ne sont pas abordés dans les médias grand public ou, s’ils le sont, ne sont pas bien recherchés, ne sont pas approfondis, ou sont discutés autour d’une table entre gens pas du tout concernés par le sujet en question et pas du tout experts en la matière. Mais ils ont tous un avis. Les hommes passent leur temps à dire aux femmes comment elles devraient vivre, les hétéros disent aux homos qu’ils ne sont pas d’accord avec leurs choix de vie, les riches disent aux pauvres qu’ils n’avaient qu’à bien travailler à l’école, en pensant qu’eux-mêmes méritent leurs gros salaires, sans jamais s’avouer que s’ils en sont où ils ne sont aujourd’hui, c’est parce qu’ils sont partis avec certains avantages dans la vie que d’autres n’ont pas eu la chance d’avoir, mais ils continuent à parler de méritocratie malgré tout, le sujet du handicap est à peine effleuré, etc. J’ai l’impression que la devise française, liberté, égalité, fraternité, a depuis bien longtemps était oubliée et n’intéresse pas beaucoup de monde…

Selon moi, les podcasts comblent un vide qui existait depuis bien trop longtemps et permettent de toucher à des sujets que les médias grand public refusent de vraiment traiter. Un Podcast à soi (féminisme) et Les Couilles sur la table (féminisme et masculinité) ont été mes deux premiers coups de cœur. Puis il y a eu Kiffe ta race, qui comme son son nom le suggère parle de race, sujet hyper tabou en France. Et de là, j’en ai découvert plein d’autres qui parlent de sujets de société, de genre, d’identité, de discriminations, de différences, de tolérance, de handicap, de politique, etc.

Le dernier en date, c’est Camille. C’est un nouveau podcast de Binge Audio. Le premier épisode, intitulé “pourquoi je peux dire pédé et pas toi” est sorti en septembre. Comme l’explique la description du podcast, son but est de déconstruire ce qui est considéré comme naturel et inné quand il s’agit d’identité de genre et de sexualité. On parle très peu de genre en France de façon constructive. Les gens sont peu enclins à remettre en question ce qu’ils considèrent comme “normal”, sans se demander pourquoi ils pensent comme ils pensent. Je sais que c’est comme ça dans beaucoup d’autres pays, mais au moins en Angleterre et aux Etats-Unis, on en parle depuis un bon moment et les études de genre existent depuis un moment déjà. Alors qu’en France, la dernière fois que j’ai recherché ce qu’ils proposaient dans les facs en termes d’études de genre, je n’ai pas trouvé grand-chose ! Et alors que beaucoup de discours sont inaudibles dans l’espace public dans le monde anglo-saxon, en France, on peut encore tout à fait être discriminant ouvertement et garder son travail, aussi public soit-il.

Tous ces podcasts me rendent optimiste, et si vous demandez à mon mari, je ne pense vraiment pas que ce serait le premier adjectif qu’il utiliserait pour me décrire 🙂

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