Et on continue avec les violences envers les femmes…

Depuis le début de la semaine dernière, j’ai du mal à dormir, je passe mon temps à cogiter et je ne sais pas trop comment arrêter. Depuis que je me suis réveillée lundi de la semaine dernière et que j’ai trouvé tous ces hommages rendus à Kobe Bryant sur Instagram, y compris sur des comptes féministes, j’ai du mal à retrouver mon optimisme.

La semaine dernière avait commencé ainsi, puis ça a été une accumulation d’incidents et d’informations, et quand le weekend est arrivé, heureusement que c’était l’anniversaire de mon mari et que ça me donnait une bonne excuse pour boire. Mais le truc, c’est que quand je bois, j’ai encore plus envie de parler de tout ce qui ne tourne pas rond dans ce monde et au lieu d’oublier, j’y pense encore plus.

Lundi dernier, je suis allée au CrossFit, et là, le coach nous a demandé si nous avions entendu parler de l’accident de Kobe Bryant. J’ai dit oui et que ça me dérangeait vraiment qu’il soit représenté comme un héros, alors que c’était un violeur. Le coach, qui n’est pas américain et qui n’avait jamais entendu parler de cette histoire, a toutefois déclaré que ces filles, elles font ça pour l’argent, comme pour Ronaldo, et que Kobe Bryant, c’était pas ce genre d’homme. Inutile de dire que j’étais sciée d’entendre de telles inepties, qui ne font que perpétuer la culture du viol. Depuis, j’ai évité d’aller au Crossfit les jours où ce coach fait cours. C’est un très bon coach, mais j’ai du mal à séparer l’homme ignorant du coach…

Puis, j’ai lu dans les journaux qu’une ancienne patineuse artistique française avait écrit un livre pour raconter son histoire, quand elle était jeune patineuse et que son coach la violait. Elle avait alors entre 13 et 15 ans. Et là, des voix se sont élevées pour remettre en cause les femmes qui attendent 30 ans pour dénoncer leurs agresseurs. Si elles ne l’ont pas fait avant, c’est que c’était pas si grave. Voire, est-ce que ça s’est vraiment passé comme elles le disent ? Etc. D’autres sportives ont parlé. La ministre du sport s’est impliquée. Affaire en cours.

Puis il y a eu les 12 nominations du film de Polanski aux César. Ai-je besoin d’en dire plus ?

J’ai fini la semaine avec le moral dans les chaussettes. Le weekend précédent, je me sentais militante, je me disais que j’aimerais m’impliquer dans des associations féministes, que j’aimerais contribuer à des projets qui aident les femmes, etc. Mais à la fin de la semaine, je me demandais à quoi ça servirait…

Cette semaine, j’ai même dû expliquer à un ami très cher ce qu’était le sexisme parce que selon lui, c’est la faute des réseaux sociaux si les jeunes filles vont mal et jouent de leur sexualité comme elles peuvent le faire parfois, et il n’y a aucune profondeur dans son “analyse” et sa compréhension des inégalités. Reni Eddo-Lodge a écrit Why I’m no longer talking to white people about race, une de mes lectures préférées de l’an dernier, voire ma préférée, et moi, j’écrirais bien Why I’m longer talking to men about sexism. Parce que c’est épuisant d’avoir constamment besoin d’expliquer aux hommes ce qui est une évidence pour la moitié de l’humanité, et de les voir réagir comme ils le font, toujours sur la défensive, comme si c’était une attaque personnelle. Et toujours avec des justifications qui n’ont aucun sens (mais c’est pas tous les hommes, entre autres). Pourquoi quand toutes les femmes, ou presque, racontent la même chose, les mêmes expériences, et quand il suffit de lire un peu (les livres sur le sujet ne manquent pas) et d’observer le monde, pourquoi continuent-ils à mettre en doute notre parole ? Pourquoi tentent-ils encore et toujours de nous expliquer que l’on a tort et que l’on ne comprend pas notre propre réalité ? On dirait qu’ils ne veulent pas vraiment savoir. Je pourrais écrire un livre entier d’anecdotes sexistes personnelles (impliquant des inconnus mais aussi des proches, qui n’ont aucune conscience de leur sexisme et qui sont persuadés d’être des gens bien) et d’autres dont j’ai été témoin. Est-ce qu’on me croirait, ou me dirait-on que j’exagère ? Que je n’ai pas d’humour ?

Depuis toujours on me dit que j’exagère mais tous les évènements récents appuient ce que je dis depuis toujours sur la France, et une amie anglaise, installée à Paris depuis quelques mois, m’a fait part de moments de malaise qu’elle avait vécus depuis son installation à Paris et du comportement que certains hommes français se permettent qu’aucun homme anglais ne se permettrait parce que c’est tout simplement inacceptable dans la société anglaise.

Il n’y a qu’à voir comment DSK avait été défendu par les médias et certains politiques après l’affaire du Sofitel à New York. Si vous ne connaissez pas l’histoire, googlez-la, et recherchez le traitement médiatique de cette affaire en France. Absolument dégueulasse. Recherchez aussi Tristane Banon et comment elle a été traitée par les médias pour avoir dénoncé cet homme dégueulasse pour agression sexuelle.

Le monde ne tourne vraiment pas rond. Tout est à revoir. C’est le cirque aux Etats-Unis avec le sénat qui n’a pas condamné Trump, c’est le cirque en Angleterre avec le Brexit et les tensions raciales en hausse, c’est le cirque au Brésil avec un président qui me parait encore plus misogyne et dangereux que Trump, et c’est un véritable cirque en France pour plein de raisons, mais ce qui me choque le plus, c’est tous ces gens prêts à défendre les violeurs et les agresseurs en tous genres et à leur trouver des excuses tout en dénigrant les femmes.

Et je ne suis pas au courant de tout ce qui se passe dans tous les pays du monde, ce qui est certainement une bonne chose si je ne veux pas terminer sous Prozac et/ou Xanax, mais je suis presque certaine que c’est le même cirque partout. Et je me demande pourquoi les pays occidentaux, qui aiment se qualifier de civilisés, se permettent de donner des leçons au reste du monde quand on voit ce qui se passe chez eux.

J’ai la chance de connaitre des hommes sincèrement féministes, qui sont de véritables alliés, mais j’en connais si peu. Ils me donnent de l’espoir et les jeunes générations me donnent de l’espoir aussi, mais c’est parfois vraiment difficile de voir le positif dans cet océan d’histoires horribles et de propos abjects.

Je voulais partager un article et je suis tombée sur une interview de la patineuse qui a raconté son histoire, Sarah Abitbol. J’ai mis en évidence un peu de vocabulaire que vous voudrez peut-être observer. Ce n’est que le début de l’article, vous pouvez trouver la suite en cliquant ici.

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