Avoir ses règles en Inde

Je ne connais aucune femme qui pense qu’avoir ses règles est une partie de plaisir. Mais jusqu’à récemment, je n’avais pas vraiment conscience que même dans les pays riches, il y a des femmes pour qui choisir entre s’acheter à manger et s’acheter des protections périodiques est une réalité

Je savais par contre qu’avoir ses règles en Inde était une raison de plus pour traiter les femmes comme des citoyennes de seconde classe, voire de troisième classe, voire d’aucune classe du tout. J’ai lu pas mal sur le sujet et j’ai eu l’occasion de l’aborder avec des femmes indiennes. Je savais qu’une femme hindoue ne pouvait pas entrer dans un temple hindou durant ses règles car j’ai visité des temples hindous avec des amis indiens et mon amie, qui avait alors ses règles, nous attendait à l’extérieur à chaque fois. N’étant croyante en aucun dieu, c’est quelque chose que j’ai beaucoup de mal à comprendre, et je lui ai fait remarquer que personne n’irait vérifier. Mais pour elle, pourtant féministe convaincue, c’était juste impensable d’enfreindre cette règle (sans aucun doute créée par des hommes).

Quand j’ai lu cet article ce weekend, j’ai bouilli de colère. J’ai envie d’hurler, j’ai envie de tout casser, j’ai envie de pleurer, je me sens désemparée. Quel est ce monde dans lequel on vit, où tout est bon pour humilier les femmes ?

Pour faire un peu de français en même temps qu’on se révolte, j’ai mis en rouge des verbes et des constructions verbales à observer, en vert, des groupes prépositionnels et en bleu, des connecteurs. L’article n’est pas très compliqué linguistiquement, mais c’est bon de parfois reprendre quelques bases et d’observer des structures qu’on est supposé connaitre mais sur lesquelles on a parfois des hésitations.

Sur un autre thème – le racisme – ce weekend, j’ai regardé le documentaire d’Ava DuVernay, 13th, sur Netflix, qui m’a laissée en larmes et auquel j’ai du mal à arrêter de penser. Les derniers mots prononcés dans ce documentaire résonnent encore en moi. L’homme dit que les gens affirment tout le temps qu’ils ne comprennent pas comment les gens pouvaient tolérer l’esclavage, comment avaient-ils pu accepter ce système, comment les gens avaient pu aller à des lynchages et y participer, comment les gens pouvaient-ils accepter la ségrégation, c’est complètement fou, que s’ils avaient vécu à cette époque, ils n’auraient jamais toléré tout ça (ma grammaire et ma concordance des temps, c’est un peu n’importe quoi ici, mais j’essaie de traduire ce dont je me souviens et de retranscrire le discours direct et ça donne un drôle de résultat). Puis il dit, très justement à mon avis, que nous vivons à cette époque et que nous le tolérons.

Comment peut-on tolérer le traitement réservé aux Noirs aux Etats-Unis (et partout ailleurs) ? Comment peut-on tolérer le traitement réservé aux femmes en Inde (et partout ailleurs) ? Comment peut-on tolérer le traitement réservé aux homosexuels, aux handicapés, aux gros, aux pauvres, etc. ? La violence de ce monde est intolérable, mais la plupart d’entre nous la tolérons, voire l’ignorons totalement.

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