Livre : Beauté fatale

Le mois dernier, j’ai beaucoup lu. Je tiens ma résolution de ne lire que des livres écrits par des femmes. Que j’ai d’ailleurs élargie en décidant de ne regarder que des séries et des films soit réalisés ou produits par des femmes, soit avec au moins une femme comme personnage principal, ou qui traitent de discriminations que subissent d’autres groupes. J’ai adoré Fleabag et Big Little Lies, que je recommande vivement, même si ce n’est pas en français. Et l’on peut trouver des listes en ligne de séries et de films réalisés par des femmes sur Netflix. Je les ai mis dans ma liste.

J’ai adoré tous les livres que j’ai lus en janvier et je ne saurai dire lequel j’ai préféré, car ils m’ont tous apporté quelque chose de différent.

Mais j’ai découvert l’écriture de Mona Chollet, journaliste et essayiste suisse que j’avais déjà écoutée dans un podcast et que j’avais trouvée fascinante. J’ai plusieurs livres d’elle qui m’attendent, mais j’ai commencé pas Beauté fatale, un livre qui parle de l’industrie de la beauté et de ce qu’elle fait aux femmes en particulier et à la société en général. C’est un livre tellement riche en informations et tellement profond et juste dans sa réflexion que je ne sais pas par où commencer pour en parler. Cela fait deux ou trois semaines que je veux écrire un post à ce sujet, mais il y a trop de choses à dire et j’ai été un peu bloquée.

Mona Chollet analyse les diktats de la beauté et démontre comment l’industrie de la beauté s’est infiltrée dans nos vies et participe au sexisme ambiant. Comment nous, les femmes, en sommes arrivées à détester notre corps car il ne correspond pas aux images dont nous sommes matraquées à longueur de temps et dont on nous dit qu’elles sont les seules représentations de la beauté possibles, et que, évidemment, toute femme qui se respecte doit aspirer à être aussi belle que possible. 🤮

A travers sept chapitres, elle analyse les discours publicitaires, les séries télé, la presse féminine, des enquêtes sociologiques, des témoignages de mannequins et autres, et nous explique comment le monde dans lequel nous vivons nous pousse à nous détester, à être mal dans notre peau, à ne voir notre valeur que dans le regard des hommes, et ainsi à être éternellement soumises et subordonnées.

J’aime penser que je suis plutôt intelligente et que j’ai toujours été féministe. Mais si je veux être honnête, j’ai longtemps pensé que ma valeur était dans le regard des hommes. J’ai toujours détesté me faire emmerder dans la rue, mais adolescente, si j’avais peur quand les hommes me faisaient des commentaires sexistes dans la rue, des “compliments” selon eux, j’étais aussi immensément flattée de l’attention, car j’étais persuadée d’être moche comme un pou. Si un homme, aussi moche et dégueulasse soit-il me remarquait, c’est que peut-être je n’étais pas aussi horrible que ça. Complètement tordu, non ? J’ai un peu envie de vomir en y repensant, et je suis ravie d’avoir évolué et d’avoir arrêté de penser de cette manière il y a bien longtemps (et de ne plus avoir peur de dire aux hommes d’aller se faire mettre tout en leur montrant mon majeur) mais j’ai compris maintenant pourquoi je ressentais ce besoin de validation, et pour en avoir discuté avec beaucoup de femmes, je sais que je n’étais pas la seule. Et je sais aussi que même si les choses évoluent et que les nouvelles générations sont plus “woke”, il y a encore trop de femmes qui pensent que leur valeur ne peut être validée que par le regard des hommes, qui se retrouve dans la mode, à la télé, au cinéma, dans la pub, et partout en fait.

Mona Chollet parle plus spécifiquement de la France dans son livre et comme pour beaucoup de mes autrices préférées, son regard critique est en plein dans le mille.

Dans le premier chapitre, elle parle de la série Mad Men. Je ne l’ai pas vue et je la regarderai si je prends ma retraite un jour et que j’ai plus de temps, mais elle m’a été recommandée par plusieurs amis dont j’approuve les gouts en général. Mona Chollet la décrit assez bien pour que l’on puisse comprendre que la série se déroule dans les années 60, à une époque où le sexisme régnait et où j’aurais détesté vivre.

Puis elle écrit : “On reste donc pantois en découvrant, lorsque le phénomène déferle pour de bon sur la France, à l’automne 2010, sur quoi se fonde l’engouement pour Mad Men : sur les jolies robes. Sur le style. Couturiers et magazines de mode se sont emparés de l’univers de la série, à laquelle ils multiplient les hommages. “Quelle jeune femme d’aujourd’hui n’a pas envie d’un brushing impec et de jolis ongles carmin ? C’est l’effet Mad Men ! s’extasie Elle. “Alors que nous vivons aujourd’hui dans un monde où le style casual est devenu la norme, Mad Men ressuscite une période où chaque femme faisait l’effort de s’habiller avec soin pour mettre en valeur sa féminité” écrit L’Express Styles.” (🤢🤢🤢 = moi)

Et voici une petite capture d’écran avec des passages que j’ai surlignés pour moi-même.

Tout ça se trouve dans les premières pages du livre. J’ai été happée immédiatement.

Du début à la fin, c’est un livre fascinant.

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