Voici un post en accès libre pour tester Patreon et son intégration sur mon blog 😉
Me revoilà donc sur ce blog après deux ans passés sur un autre projet.
Si vous me connaissez déjà, vous savez qu’en plus de vous apprendre toutes sortes de trucs en français, j’aime parler de sujets de société et vous faire réfléchir sur l’état du monde dans lequel on vit. Parce que ça me touche, ça me met en colère, et j’ai tendance à penser que si tout le monde se souciait un peu plus de ce qui se passe autour de soi, on vivrait dans un monde meilleur. Il se passe tellement de choses révoltantes à travers le monde que si je ne veux parler que de ce qui va mal dans le monde, je ne serai jamais à bout de matériel : le capitalisme, la planète qui brûle, la condition des femmes à travers le monde, le racisme systémique, le retour du fascisme en Europe, les nombreux pays qui criminalisent l’homosexualité, la transphobie, les violences policières, les prisons, la justice à deux vitesses selon qu’on est riche ou pauvre, blanc ou noir, la corruption, et j’en passe.
Cependant, je ne veux plus parler que de ce qui va mal dans le monde. J’ai longtemps partagé des infos que je trouvais importantes, dans ma story Instagram par exemple, en les commentant parfois, telles que les violences envers les femmes en France, la révolution en Iran, le recul des droits des femmes aux US, etc. En me disant que peut-être cela contribuerait à informer et éveiller certaines personnes pas au courant, et aussi en choisissant du vocabulaire spécifique pour commenter, pour les apprenant.e.s plus avancé.e.s. Toutefois, si je ne parle que de ce qui va mal, je suis constamment en colère et/ou triste. Je pleure beaucoup sur l’état du monde tout en me sentant complètement impuissante. En plus, je me dis qu’il y a tellement de violences et de tragédies dans le monde que si je parle de ce qui se passe en Iran, ce n’est pas juste de ne pas parler de ce qui se passe en Afghanistan, au Yémen, en Syrie, au Congo, en Pologne, en Chine, etc., parce qu’en fait, c’est la merde partout. Les hommes créent le chaos et la misère partout dans le monde. Les hommes au pouvoir n’ont de cesse de diviser les populations pour mieux régner et s’en mettre plein les fouilles. On laisse en place un système qui abrutit les gens, qui les force à se tuer au travail, parfois littéralement, et qui ne leur laisse pas d’espace pour penser ou prendre soin d’eux-mêmes. On nous fait croire que le bonheur, c’est d’avoir des objets, et que du coup, il faut travailler dur pour pouvoir acheter tous ces objets. Bref, le monde ne va pas super bien et c’est assez déprimant si l’on ne pense qu’à ça.
Je ne veux plus que mon espace soit un espace de mauvaises nouvelles. Je ne suis pas une journaliste, je ne suis pas une activiste, je suis une prof de français. Je lis beaucoup, je m’informe, et je suis bien consciente que je parle d’un endroit extrêmement privilégié. Je suis blanche, je suis hétéro, je suis valide, j’ai un corps dans la norme, j’ai un cerveau dans la norme, j’ai un passeport européen, je suis allée à l’université, j’ai beaucoup voyagé, j’ai un toit sur la tête, beaucoup d’amour dans ma vie, pas d’inquiétudes majeures côté finances, j’aime mon travail, j’ai du temps pour faire autre chose que travailler, je suis à priori en bonne santé, et je vis dans un endroit paradisiaque. C’est facile pour moi de me détacher des horreurs du monde. Elles ne font pas partie de mon quotidien, et si je ne lis jamais un journal ou ne regarde jamais les news, je peux vivre dans ma bulle de privilèges sans jamais penser aux souffrances et aux injustices subies par tant à travers le monde.
J’ai compris récemment que pleurer sur l’état du monde n’allait rien changer à ce qui se passe. Être constamment en colère non plus. Ne vous méprenez pas, cela ne signifie pas que je n’ai plus d’empathie, mais je n’ai pas l’intention de devenir activiste, pas dans l’immédiat en tout cas, et je veux garder ma colère et mes larmes dans mon espace privé. Je veux continuer à parler de choses sérieuses et importantes avec mes élèves, mais je veux aussi qu’il y ait un peu plus de légèreté dans mon travail. Je veux que l’on parle de belles choses. Les médias du monde entier sont excellents pour répandre la peur et la colère. Si vous voulez vous sentir révolté.e.s, ce ne sont pas les ressources qui manquent. Les médias ne parlent que très rarement de jolies choses. Ils nous annoncent très peu de bonnes nouvelles. Mais le monde est à la fois horrible et magnifique, et j’aimerais qu’il y ait un meilleur équilibre dans les sujets qui seront abordés dans mes cours. Je voudrais donner une plus grande place à la beauté. Je voudrais que mon espace de français, votre espace de français, soit synonyme de joie et de fun, autant que d’informations et de progrès.
Donc, quand les cours vont reprendre, il y aura toujours des opportunités pour discuter de l’actualité, et je continuerai à recommander des livres qui traitent de sujets sérieux mais pas que ! Je ne crois pas que j’arrêterai de critiquer la France, mais je pense, et j’espère, que les évènements récents (le meurtre d’un gamin de 17 ans, français d’origine algérienne, par la police, suivi de la cagnotte de la honte, entre autres) auront ouvert les yeux au monde entier sur ce qu’est la France aujourd’hui. Quelque chose qui n’a jamais cessé de me surprendre depuis que j’enseigne le français, c’est à quel point certain.e.s apprenant.e.s ont une vision idéalisée de ce pays où je suis née et dans lequel j’ai grandi. Ce pays dans lequel je me suis toujours sentie à l’étroit, bien avant de pouvoir expliquer pourquoi, et que je rêvais de quitter bien avant d’avoir un passeport. Cette année, cela va faire 21 ans que je ne vis plus en France, et je continue à rencontrer des gens qui ont une image d’Épinal de ce pays, mais au moins, mes élèves savent à quoi s’en tenir !
Je suis en train de penser à ce que je vais proposer à la rentrée, en plus des cours particuliers et du blog, j’ai pris note des suggestions que j’ai reçues par mail, merci beaucoup, et je vous tiendrai au courant quand tout sera plus défini. Il est possible que je poste deux trois trucs en juillet pour tester le blog et Patreon, en libre accès. Dès le mois d’aout, le blog deviendra payant, avec différentes options.