Je suis un peu silencieuse ici ces derniers temps, car j’ai migré sur mon nouveau site où je supervise le cours de perfectionnement, dirige un cours de préparation au DALF C1, tiens un blog, fais des podcasts et propose de nouvelles ressources pour apprenant·e·s avancé·e·s.
Si vous êtes curieux·se vis-à-vis du cours de perfectionnement, j’ai enregistré une présentation pour expliquer ce que c’est. Comme je ne suis pas encore complètement à l’aise avec les vidéos et l’enregistrement de ma voix, parfois je bogue et en général, je le réalise rapidement, mais là, j’ai bogué sur la deuxième diapo et j’ai décidé de le laisser ainsi, car je m’en suis rendu compte une fois que c’était terminé. Je referai peut-être cette présentation. Ou pas…
Je n’ai pas l’intention d’accepter un nombre infini d’abonné·e·s car je tiens à continuer à gérer le site moi-même et à être disponible pour chaque abonné·e. Je n’ai pas fixé de nombre limite pour l’instant, mais je verrai au fur et à mesure. Je tiens à ce que cela reste une petite communauté, de préférence composée d’apprenant·e·s passionné·e·s par la langue française et ayant des centres d’intérêt semblables aux miens et une vision du monde similaire à la mienne.
Cela fait maintenant quelques mois que je travaille sur un nouveau projet et il est bientôt prêt à être mis en marche.
Comme je travaille principalement avec des élèves de niveau avancé, qui me disent depuis des années que c’est quasi-impossible de trouver du bon matériel adapté à leur niveau, qui les aiderait à progresser plus vite et que j’ai moi-même souvent eu du mal à trouver du matériel adapté au niveau de mes élèves, j’ai décidé que j’allais en créer moi-même.
J’ai mis du temps à trouver un format qui pourrait marcher. J’ai fait pas mal de recherches, j’ai fait quelques essais, et je suis arrivée à quelque chose qui me plait bien et qui correspond au niveau des élèves avec qui je travaille, et aussi à leur personnalité. J’ai testé le format avec cinq élèves : une a compris qu’elle n’avait pas tout à fait le niveau requis et ce que voulait dire le niveau C1 et a décidé de passer le B2 à la place ; une a trouvé que c’était trop intense et qu’elle aurait du mal à suivre le rythme ; deux (que j’avais accompagnées dans leur préparation du DALF C1, qu’elles ont toutes deux obtenu) ont préféré suivre une version allégée du cours et ont pu acquérir certains automatismes et se rendre compte des points qu’elles avaient besoin de continuer à travailler ; et la dernière a suivi le cours pendant à peu près 6 mois de façon assidue et a sans aucun doute amélioré certaines compétences et enrichi son vocabulaire tout en approfondissant ses connaissances grammaticales. Elle travaille à plein temps, elle a un poste à responsabilité, mais le français a une place importante dans sa vie et elle y consacre du temps chaque jour. Elle pose des questions quand elle ne comprend pas quelque chose clairement. Elle s’interroge quand elle s’exprime pour savoir si c’est la meilleure façon de dire ce qu’elle veut dire. Elle observe la langue. Elle fait des rapprochements entre les mots. Elle ne reste pas en surface. Elle prend son temps. Elle comprend que l’acquisition de certains concepts prend du temps et nécessite du travail et de l’investissement personnel.
J’ai adoré travailler avec elle car même si ça me prenait beaucoup de temps, c’était extrêmement enrichissant pour moi aussi. Je pouvais ressentir sa passion, son intérêt, son envie d’apprendre, sa soif de tout comprendre. Et c’est pour les apprenant.e.s un peu comme elle que j’ai créé ces nouveaux cours. La majorité de mes élèves sont un peu comme ça aussi. Vraiment passionné.e.s par les langues et le français en particulier et avec une véritable envie d’approfondir et de mieux comprendre la langue, son fonctionnement, ses subtilités. Je crois qu’aucun.e d’entre eux/elles ne trouve le français facile. Je crois aussi que je me méfierais grandement de quiconque me dirait trouver le français facile. Le français est une langue extrêmement compliquée, complètement illogique, et très élitiste aussi. Je suis presque sure que personne ne la maitrise à 100%.
Dès le 5 septembre, mon cours de perfectionnement sera disponible, avec deux niveaux d’intensité : un plus intense, avec 4 séries d’activités par mois (abonnement premium), et un moins intense avec 2 séries d’activités par mois (abonnement light). Les descriptions détaillées sont disponibles sur le site. Il y aura également des podcasts et un blog accessible aux abonné.e.s. Les abonné.e.s premium auront également la possibilité de participer à des sessions sur Zoom (places limitées). Je superviserai les commentaires, répondrai aux questions et corrigerai les erreurs des abonné.e.s au cours de perfectionnement. Dans la limite du raisonnable bien entendu.
Cela fait maintenant plus de trois ans que je tiens ce blog, destiné au départ à mes élèves, et j’y ai passé beaucoup de temps. Je poste aussi sur Instagram régulièrement depuis plus de deux ans. Tout ce travail gratuit me prend beaucoup de temps et peu de gens semblent prêts à le soutenir, alors que je peux voir qu’il est lu par un certain nombre de personnes à travers le monde. Et je refuse de mettre de la publicité sur mon site. Mais nous vivons dans un monde où les gens semblent ne plus vouloir payer pour des informations / du contenu de qualité… Je trouve ça triste et dangereux, mais ainsi va le monde, et je ne suis qu’une petite personne qui ne pourra probablement rien y changer. Mais je peux arrêter de passer mon temps à travailler pour des prunes.
Je ne veux pas totalement arrêter de proposer du contenu gratuit, car je sais qu’il y a des gens qui n’ont vraiment pas les moyens de payer pour du contenu de qualité, mais ce blog ne sera plus une priorité. Mon nouveau site et mes élèves régulier.ère.s seront ma priorité professionnelle, et je ferai d’autres choses que de travailler gratuitement dans mon temps libre.
Mon nouveau blog, qui sera connecté au cours de perfectionnement sera sur mon nouveau site, ici, à partir du mois de septembre et sera réservé aux abonné.e.s.
Je n’accepte plus de nouveaux élèves pour des cours individuels mais si vous recherchez des cours de français pour niveaux avancés, que vous avez envie de continuer à progresser, que vous aimez travailler à votre rythme, tout en ayant la possibilité de poser des questions à une prof compétente, ou si vous avez besoin d’aide pour préparer le DALF C1, allez faire un tour sur mon nouveau site !
Je suis actuellement en vacances sur une petite ile dans le golfe de Thaïlande. Il fait beau, il fait chaud, mon hôtel est situé dans une baie très calme, j’ai fait du snorkeling et pour la première fois, j’ai aimé ça, grâce au nouveau masque que j’ai acheté et qui me permet de respirer par le nez. J’ai nagé avec une énorme tortue et avec un requin.
De plus, il y a plusieurs restaurants véganes avec des options sans gluten et c’est comme un rêve pour moi. Tout est moins cher qu’à Bangkok et tout semble plus sain. L’air est pur, et j’ai fait quelques petites balades sympas.
Génial, non ? Le rêve, vous dites-vous peut-être.
petit aperçu
Mais malheureusement, nous devons subir les conséquences des actions d’une connasse qui a apporté le covid avec elle sur l’ile.
Les bars ont rouvert à Bangkok il y a deux semaines. J’étais en ville un samedi soir pour diner avec une amie et j’avais halluciné de voir comment les gens se comportaient. On aurait pu penser qu’il n’y avait pas de pandémie globale. Tout le monde buvait, se soulait, très peu de personnes portaient un masque, les règles de distanciation sociale n’étaient pas du tout respectées. Du grand n’importe quoi. Et à ce moment-là, j’ai flippé. Je me suis dit “pourvu que mes vacances ne soient pas encore annulées !” J’étais sure qu’il allait y avoir de nouveaux cas après ça mais j’espérais que ce serait assez peu pour que les voyages soient permis. Et en effet, on a pu partir avant qu’un cluster soit découvert dans un quartier où se trouvent de nombreux bars et autres endroits à la mode.
Mon mari a fait un cours de plongée de lundi à mercredi. Et ça lui a tellement plu qu’il a décidé de s’inscrire au cours plus avancé pour les deux jours suivants. Mais jeudi matin, alors qu’il était en route vers le club de plongée, on l’a prévenu que c’était annulé. On lui a vaguement dit que c’était à cause d’un cas de covid qui avait été détecté sur l’ile, sans plus de détails.
Puis plus tard, il a reçu un message avec plus d’informations. Cette personne infectée était sur le même bateau que mon mari et de nombreuses autres personnes lundi. Comme elle ne parlait pas assez bien anglais, on lui a attribué un instructeur particulier, un Birman qui parle thaï. Elle n’a donc à priori pas été en contact proche avec les autres clients. Mais quand même, toutes les personnes présentes sur le bateau le même jour qu’elle ont été contactées, clients et instructeurs, doivent se faire tester pour le covid et sont supposés rester en quarantaine pendant 14 jours à compter de la date de contact. J’ai envie de dire plein de gros mots maintenant, mais je sais me contrôler.
Mais cette femme est une connasse et je la maudis. Elle était dans ce quartier de Bangkok où le cluster a été trouvé, où les gens buvaient dans les mêmes verres les uns que les autres. Elle a choisi d’agir de façon irresponsable et au lieu de s’auto-confiner, elle a choisi de voyager sans considérer les conséquences de ses actes et la merde que ça pourrait causer pour les autres. L’ile où nous sommes n’avait jamais eu de cas de covid. Toutefois, tous les habitants ont grandement souffert du manque de touristes, beaucoup de commerces ont fermé, y compris beaucoup d’hôtels. Beaucoup de gens ont perdu leur emploi.
La semaine prochaine, c’est le nouvel an thaï. C’est la plus grosse semaine de l’année en termes de tourisme domestique. Tout le monde voyage à cette période. Tout le monde part en vacances, va en province rendre visite à sa famille, c’est une semaine de joie et de célébrations. Tout avait été annulé l’an dernier et il y a encore deux semaines, on pensait que tout se passerait bien cette année. Je n’ai pas compris le choix de rouvrir les bars juste avant les vacances. C’était évident que ça allait finir ainsi. Les gens sont des idiots partout.
Et maintenant, à cause d’une personne irresponsable et égoïste, cette petite ile qui a déjà bien souffert va souffrir encore plus. Il va sans aucun doute y avoir des annulations. Le centre de plongée va perdre énormément de business à cause des instructeurs en quarantaine et des clients qui vont se désister par peur du virus. Oh, en plus, ils ont détecté le variant anglais, celui qui se propage encore plus vite… Ce n’est pas encore clair si c’est celui qui a été détecté ici.
Du coup, je suis prisonnière dans mon hôtel 5 étoiles avec vue directe sur la baie. Je sais que ça pourrait être bien pire , mais je ne suis pas enchantée. L’hôtel était supposé être complet après notre départ lundi, mais comme on n’a pas le droit de sortir, ils sont obligés de nous garder. S’ils n’ont pas d’annulation, ils ne savent pas quoi faire. Personne ne sait quoi faire. L’hôpital a démandé que tout le monde coopère, mais ce n’est vraiment pas évident pour tous ces hôtels qui sortent à peine la tête de l’eau après cette année de pandémie.
Et n’oublions pas que je suis avec mon mari, que j’aime et que j’adore, mais 10 jours 24/7 avec lui qui aime la climatisation alors que j’aime la fenêtre ouverte, ça risque d’être long !
Mais ce qui m’énerve vraiment, c’est que depuis plus d’un an, beaucoup de personnes, dont moi, suivent les consignes, font super attention, portent des masques, modifient leur mode de vie, dans l’espoir de pouvoir continuer à vivre une vie plus ou moins normale. Et au final, ce sont toujours les mêmes qui pensent être au-dessus de tout et qui foutent le bordel. Cette fois, ils ne peuvent pas accuser les sales étrangers (tels que moi) ou les pauvres migrants qui travaillent pour une misère et vivent souvent dans des conditions insalubres. Ce sont les plus riches qui ont enfreint les règles et qui propagent le virus cette fois. Je vous laisse là-dessus, je vais aller regarder la mer.
Bon, ça fait un moment que je n’ai pas écrit pour le blog. Beaucoup de travail mais aussi beaucoup d’efforts pour avoir une vie plus ou moins équilibrée. Je parviens à éteindre mon ordinateur avant 22h30 presque tous les soirs, je passe du temps dehors à prendre des photos de fleurs, de chats, de chiots, et même d’une petite chouette la semaine dernière.
Et je lis. Beaucoup. Je lis tous les soirs avant de dormir. Parfois j’empiète un peu sur mes heures de sommeil pour lire un ou deux chapitres de plus. Et j’écoute des livres pendant la journée, quand je prépare à manger, quand je fais un peu de ménage, quand je vais faire des courses. En fait, non, quand je vais faire des courses, j’écoute plutôt des podcasts car je trouve plus difficile d’être complètement concentrée quand je suis entourée de gens, de mouvements, de bruits. Il y a trop de stimulation à l’extérieur et ça me distrait trop facilement. Et depuis dimanche, j’écoute le livre de Chanel Miller, Know My Name, lu par elle-même, et je sais pas comment mieux le décrire que par WOW. On pourrait penser que c’est fâcheux que je ne trouve pas d’autres mots, vu que je suis supposée être à l’aise avec les mots et tout ça, mais vraiment, c’est celui qui me vient à l’esprit. Je connaissais les grandes lignes de son histoire. Je connaissais le nom de son agresseur. Mais je ne connaissais pas son nom à elle jusqu’à récemment. Et j’étais loin de connaitre tous les détails de son histoire. J’ai beaucoup pleuré en l’écoutant. Il me reste trois heures à écouter et je suis sure que je vais encore verser quelques litres de larmes, mais je ne regrette aucunement d’avoir choisi d’écouter ce livre. Sa voix est si douce et si puissante à la fois. Son histoire est précieuse. Ce qu’elle a vécu est dégueulasse, mais le fait qu’elle ait trouvé la force de la raconter de façon si précise en partageant ce qu’elle a traversé à partir du jour où elle a été agressée sexuellement, tout en analysant avec tant de lucidité le système mis en place pour réduire les victimes au silence, c’est wow puissance 100 millions.
Mais je me suis un peu égarée. J’étais venue ici pour parler d’un autre livre, qui lui aussi parle d’abus sexuel et d’un système qui protège toujours les mêmes. Chanel a été victime d’agression sexuelle aux Etats-Unis. Dans La Familia grande, Camille Kouchner raconte une histoire d’inceste en France. J’ai lu ce livre un an après avoir lu Le Consentement, de Vanessa Springora. Et j’ai été frappée par la même chose. Les gens qui savaient et qui n’ont rien dit, qui n’ont rien fait pour aider l’enfant en danger. Ce silence autour de l’inceste et des abus sexuels an général est insupportable. Le livre a apparemment déclenché une vague de témoignages en France de la part de personnes ayant subi l’inceste sous le mot dièse (hashtag) #metooinceste.
Comme j’ai déjà écouté quelques podcasts à ce sujet, dont l’excellent Un podcast à soi, je savais que cela était beaucoup plus commun que ce qu’on ne le pense en général. Mais je dois avouer que je trouve ce sujet particulièrement pénible à écouter et que même si je veux en savoir plus, et que je pourrais essayer d’être plus détachée car cela ne me concerne pas directement, j’ai du mal. C’en est au point que j’ai du mal à respirer et c’est le genre de sujet dans lequel je peux me plonger seulement quand je vais au mieux, que je ne suis pas hormonale, ou déjà en colère contre autre chose (ce qui est un peu difficile car je suis toujours en colère contre quelque chose, vu l’état du monde dans lequel on vit).
Le livre de Camille Kouchner se lit très facilement. Les phrases sont courtes. La langue n’est pas très compliquée, tout en étant jolie. J’ai pleuré à plusieurs reprises. Je l’ai lu très vite. J’ai été en colère et j’ai eu si mal pour elle, même si ce n’est pas elle qui a subi les abus sexuels de son beau-père, mais son frère jumeau. J’ai été dégoutée par la grande majorité des adultes de cette histoire. Par le silence étouffant de ceux qui savaient.
Et aussi, je trouve cela désespérant que les élites de gauche soient impliquées dans ce genre d’histoires. Moi, dont le cœur balance très à gauche, je me sens trahie par ces personnes et leurs actions abjectes. Et pourtant, je sais depuis longtemps qu’il y a des pourritures à gauche comme à droite, du sexisme, du racisme, de l’homophobie et toutes sortes de discriminations des deux côtés, mais cela me fait plus mal quand ça vient de la gauche et me fait plus peur pour l’avenir du monde.
En plus du livre, j’avais regardé l’épisode de La Grande Librairie dont Camille Kouchner était l’invitée, car il était disponible en entier sur YouTube, mais a depuis était supprimé, malheureusement.
Étant végane depuis plus d’un an maintenant, ce genre d’information m’intéresse énormément. L’article n’est à priori pas très difficile, mais si vous n’êtes ni végétarien.ne, ni végane, il est possible que vous connaissiez mal le vocabulaire autour de ce thème (en vert dans le texte).
En plus du vocabulaire, j’ai mis en évidence des verbes (parfois accompagnés de prépositions) en rouge, des connecteurs (surlignés en bleu), une litote très courante en gras et en bleu, et j’ai surligné en jaune deux pronoms relatifs et un pronom complément.
Je reprends le travail aujourd’hui et même si mes vacances n’étaient pas parfaites, je dois avouer que je ne me suis pas sentie si reposée depuis bien longtemps.
C’est devenu un petit rituel maintenant, je vais vous raconter le pire de mes vacances. La première partie, à Chiang Rai, dans le nord de la Thaïlande, était parfaite. Il faisait un peu froid, mais j’avais des écharpes et une veste. C’était reposant, l’hôtel était formidable, on a trouvé des restos qui proposaient des plats véganes et sans gluten, on a visité des endroits magnifiques et uniques et rencontré des gens très sympas.
La deuxième partie, à Koh Lipe, une ile au sud de la Thaïlande, près de la Malaisie, était beaucoup moins parfaite.
Tout d’abord, il nous a fallu 10 heures pour arriver à destination. On a quitté notre appartement à 5h du matin et on est arrivés à l’hôtel à 15h. Le vol était court, seulement 1 heure et 10 minutes. Un taxi nous attendait pour nous emmener au port, où nous sommes arrivés un peu avant 10h. Pour nous entendre dire que le bateau était à 11h30. Le port de Pakbara est tout petit, il n’y a rien à faire et bien sûr, impossible de trouver de quoi manger qui soit végane et sans gluten.
À 11h15, on a commencé à embarquer. En pleine alerte covid, ils nous ont entassés comme du bétail sur un hors-bord. On était 69 passagers, serrés comme des sardines, c’était horrible.
Le bateau a fait deux détours et deux arrêts sur des iles où il n’y avait ni toilettes, ni bouffe. Juste pour prendre des photos. Mes règles ont commencé pendant le voyage. Je m’y attendais, alors j’étais préparée et gavée d’ibuprofène, mais je n’avais qu’une hâte, c’était d’arriver dans ma chambre et de me reposer. Les deux arrêts ont ajouté une heure à un trajet déjà très long. Il y avait des enfants à bord, qui étaient étonnamment calmes. Je ne suis descendue à aucun des deux arrêts et j’étais furieuse. L’hôtel avait organisé les tickets mais n’avait pas mentionné le cauchemar que serait le voyage. On a débarqué sur l’ile à 14h30 et il a encore fallu attendre un type pour nous emmener à l’hôtel en tuk tuk. 30 minutes de plus. Alors qu’on aurait pu y aller à pied en 5 minutes.
Je suis donc arrivée à l’hôtel épuisée et pas vraiment de bonne humeur. Tout ce que je voulais, c’était être seule, loin des gens, dans mon hamac. Quand j’ai dit à la réceptionniste que vraiment, ils pourraient prévenir les clients que le voyage en bateau se faisait dans ces conditions et que vraiment, c’était pas cool, surtout qu’il n’y avait pas de toilettes et que j’avais mes règles et que c’était vraiment pas idéal, cette idiote m’a répondu qu’il fallait que je me calme. Si vous me connaissez un peu, vous imaginez comment cette réponse m’a plu… Je crois que les gens n’aiment pas qu’on parle de règles. Ça les met mal à l’aise. Mais merde. Comme l’a dit une de mes amies qui partage mon point de vue que l’on devrait parler plus de règles, quand quelqu’un a le nez bouché et nous le dit, il trouve ça normal, non ? Alors qu’il est probable qu’on s’en fout complètement. Alors pourquoi ne pourrait-on pas faire pareil avec nos règles ?
Enfin bon… Nous sommes arrivés à notre bungalow avec vue sur mer et la vue était juste magnifique.
Puis, on a ouvert la porte, et on a remarqué qu’elle ne fonctionnait pas très bien et qu’il y avait un gros trou entre les deux portes coulissantes.
L’air conditionné pouvait s’échapper tranquillement et les moustiques entrer tout aussi tranquillement. D’ailleurs, beaucoup de moustiques avaient commencé à faire la fête dans la chambre avant notre arrivée.
On a appelé la réception, signalé le problème et ils ont dit qu’ils allaient envoyer quelqu’un pour régler le problème. Je vis en Thaïlande depuis assez longtemps pour avoir des doutes quand j’entends ça. Quelqu’un a fini par venir. 3 hommes. Le premier a pris des mesures approximatives avec un mètre en métal qui a manqué de m’éborgner si je n’avais pas fait attention. Ensuite, ils ont mesuré, coupé, soudé, ça a pris a peu près une heure et au final, rien n’avait changé.
Entre temps, la gérante de l’hôtel, à qui j’avais écrit un email, m’avait appelée et son accent français était assez fort pour que je le détecte et nous sommes donc vite passé de l’anglais au français. Elle était très sympa. S’est excusée. M’a proposé de nous réserver une chambre dans un autre hôtel, car ils étaient complets ce soir-là. L’idée de reprendre ma valise pour aller ailleurs n’était pas super enthousiasmante pour moi. Ils ont fini par mettre du scotch épais pour boucher le trou et empêcher les moustiques d’entrer, et nous ont proposé un autre bungalow pour le lendemain, mais il était à peu près 18h quand ils ont terminé et la première journée était complètement gâchée. J’avais décidé de faire une détox numérique et d’être super saine cette semaine. J’ai passé cette journée-là à fumer (je ne fume plus depuis bien longtemps), à me plaindre sur mon téléphone et le soir, j’ai bu des cocktails dans un bar. J’avais l’estomac tellement noué que je n’ai rien pu manger de la journée.
Puis le reste de la semaine, ça a été ça :
Mon mari est allé faire de la plongée, et mon projet de lire tranquille dans mon hamac surplombant la baie est tombé à l’eau. Je n’ai même pas lu un livre en entier. Le bruit des bateaux était incessant. Du lever au coucher du soleil. Je suis hypersensible au bruit. C’était un cauchemar pour moi. La vue était magnifique, mais le bruit, insupportable. Puis, une fois le soleil couché, c’était la musique qui commençait. La baie était comme une boite de nuit géante. Tous les bars jouaient leur musique à fond. On était à une extrémité de la plage. Je pensais que l’on serait tranquilles. Grosse erreur !
Ce que j’ai le plus aimé cette semaine, c’est les deux copines que je me suis faites :
On a quitté l’ile un jour plus tôt que prévu. Cela a rendu le voyage de retour plus plaisant. On a passé une nuit à Hat Yai, ville où se trouve l’aéroport. On a avancé notre vol au matin. Et j’étais ravie de rentrer.
Ce n’est pas une histoire aussi horrible que celle des sangsues de l’an dernier et franchement, je ne veux pas trop me plaindre. J’ai passé une année plutôt géniale et si j’ai eu 4 jours de vacances pas super, ce n’est pas la fin du monde. Mon mari a adoré Koh Lipe car il a fait de la plongée pour la première fois et il a adoré. Et comme lui a passé une année difficile, je suis contente qu’il ait pu passer de bonnes vacances.
Maintenant, je suis prête à me reconfiner. De nombreux nouveaux cas ont été découverts en Thaïlande et de nouvelles mesures restrictives ont été mises en place. Je m’y attendais un peu, alors pas de grande surprise. Mon mari va devoir travailler à la maison quelque temps mais comme on a un appartement plus grand que pendant le dernier confinement, je suis optimiste et je pense que les choses vont mieux se passer cette année. Les salles de sport sont fermées jusqu’à nouvel ordre, mais j’ai déjà tout l’équipement sportif nécessaire.
J’ai tenu ma résolution de l’an dernier. Je n’ai lu que des livres écrits par des femmes en 2020 et quelques livres écrits par des hommes appartenant à des groupes discriminés. J’ai lu un petit livre écrit par un homme blanc, à priori hétéro, car il était l’invité d’un épisode du podcast féministe Les Couilles sur la Table, et le sujet m’intéressait.
Cette année, ma résolution est de ne plus perdre de temps / mieux utiliser mon temps. C’est une grande résolution. Il va falloir que je réfléchisse à comment la mettre en place efficacement. J’ai déjà pensé à plusieurs choses :
éteindre les notifications de mon téléphone et le tenir éloigné de moi plusieurs heures par jour + ne le consulter qu’à des heures précises.
ne plus boire d’alcool car même si c’est drôle sur le moment, c’est une journée de perdue garantie le jour suivant, au minimum.
Les vacances approchent à grand pas, et dans le souci d’être à jour dans mon travail, je délaisse un peu le blog.
Mais voici un petit article dont vous pouvez faire l’analyse que j’ai préparée, et bien sûr, vous pouvez en faire plus (ou moins – mais quoi que vous fassiez, faites-le de façon appliquée, en toute conscience, sans vous presser !)
En rouge, quelques verbes à observer, en jaune, quelques prépositions ou locutions. Surlignées en rose, des collocations, c’est-à-dire des mots qui sont souvent combinés, que l’on retrouve souvent ensemble. Pour les mots en vert, je vous suggère de réfléchir à des synonymes. En violet, 6 pronoms relatifs (point de grammaire qui reste souvent sensible chez les étudiant.e.s avancé.e.s). Et en bleu, deux expressions fréquemment utilisées par les natifs, mais beaucoup moins par mes élèves.
J’ai vécu en Suisse entre 2004 et 2007. J’ai adoré ma vie en Suisse. J’y ai trouvé une certaine stabilité. J’ai travaillé pour des gens adorables qui ont restauré ma foi en l’humanité et qui m’ont permis d’avancer. Ce qui fait que j’ai longtemps tenu la Suisse pour le pays le plus chouette d’Europe.
Et je pense toujours que c’est un pays magnifique, avec des paysages époustouflants. Mais j’ai aussi beaucoup appris sur la Suisse ces dernières années, à travers ma soif d’apprendre grandissante sur toutes les questions féministes. Et j’ai découvert un pays très à la traine sur les questions sociétales. J’ai suivi d’assez près (même si je suis loin) les grèves des femmes en juin 2019. J’ai appris, entre autres, que les femmes avaient pu voter seulement à partir de 1971 et que dans un certain canton, elles n’avaient obtenu le droit de vote qu’en 1991. 😲
Je vivais dans une bulle quand je vivais en Suisse. C’est un pays riche. Je ne voyais pas la pauvreté. Je pensais naïvement qu’il n’y en avait pas vraiment. On pourrait dire que je n’étais pas fute-fute. Ou plutôt que je ne m’intéressais pas au monde comme je m’y intéresse maintenant. J’avais des problèmes à régler avec moi-même avant de pouvoir trouver l’espace mental pour m’intéresser aux autres je pense. Et c’est en fait en Suisse que j’ai trouvé cet espace. Alors ce pays aura toujours une place spéciale dans mon coeur.
Toutefois, je ne suis pas sure que j’aimerais y vivre à nouveau, sachant maintenant ce que je sais (et aussi, la vie y est vraiment très chère !) J’ai eu un certain nombre d’étudiant.e.s basé.e.s en Suisse depuis que j’enseigne en ligne. Les cours de français sont si chers là-bas que je suis une affaire apparemment !
Beaucoup de ces élèves m’ont confirmé qu’en effet, les mentalités pouvaient être un peu rétrogrades, et parfois très sexistes, et que c’était particulièrement visible dans le monde du travail. J’avoue que j’ai été très déçue quand j’ai appris tout ça.
Mais hier, un de mes formidables étudiants ayant vécu et étudié en Suisse a partagé avec moi un article du Temps, que j’ai copié et coloré ici pour que vous puissiez le lire de façon active, tout en vous réjouissant du progrès social que cette nouvelle représente !
Surlignés en bleu, des connecteurs et en jaune, des prépositions (demandez-vous à quoi elles sont rattachées et si vous auriez utilisé les mêmes). En rouge, des verbes et expressions verbales, en vert, du vocabulaire sur le thème du vote, et en violet, le pronom relatif QUI, après un pronom démonstratif et après une préposition (ces structures sont souvent mal maitrisées – si vous les trouvez difficiles, prenez le temps de les relever dans vos lectures et de les analyser).
Je ne sais pas vous, mais moi, cette semaine m’a paru interminable. J’ai passé la journée de mercredi à actualiser mon téléphone, plusieurs de mes élèves avaient CNN allumé avec le son coupé pendant les cours, et beaucoup avaient du mal à se concentrer. Jeudi et vendredi sont passés très lentement aussi.
J’étais complètement dépitée mercredi en voyant que tant de personnes étaient encore prêtes à soutenir un idiot misogyne et raciste et même si la victoire des Démocrates me laisse un gout amer car je l’aurais aimée écrasante, je suis tout de même vraiment soulagée. Après avoir lu l’excellent livre de Laura Bates, Men Who Hate Women la semaine dernière, je m’étais dit qu’il n’était vraiment pas impossible d’assister à la réélection de cet abruti, mais on n’est jamais vraiment préparé au pire je pense, même si l’on essaie. La vue des chiffres m’a totalement déprimée. Mais ouf, le pire a été évité et une femme est devenue vice-présidente des États-Unis, et ça, c’est vraiment bon.
Je ne vais pas proposer d’analyse politique car plein de gens beaucoup plus qualifiés que moi pour ça le font déjà. Je ne vais pas parler de COVID non plus car tout le monde le fait déjà aussi.
Je vais vous proposer un court article pour faire une petite analyse des prépositions. J’ai aussi mis en évidence les participes passés adjectifs. À priori, pas trop difficile, mais n’allez pas trop vite quand même. Demandez-vous si vous auriez bien utilisé ces prépositions et essayez d’énoncer les règles pour chacune. Par exemple, pourquoi dit-on AU Royaume-Uni, et pas EN ou À ? (qui sont des prépositions parfois utilisées par les apprenant.e.s) Auriez-vous écrit “plus DE 30,000 euros“, ou auriez-vous écrit “*plus QUE 30,000 euros” ? (erreur très très fréquente) Etc.
Par ailleurs, si vous êtes à Londres et à la recherche d’un emploi… 😉
Il est sorti au mois d’aout et la raison pour laquelle j’en ai entendu parler, c’est qu’un chargé de mission au ministère de l’égalité femmes-hommes en France a voulu le faire interdire. Le titre a suffi à me séduire, et je me suis précipitée pour l’acheter. Quelle déception de voir qu’il n’était pas disponible en version Kindle ! Il était publié par une toute petite maison d’édition.
Mais grâce à cet imbécile qui a voulu le censurer, le livre s’est vendu comme des petits pains, les stocks ont été rapidement épuisés, et il a été repris par une plus grande maison d’éditions (Seuil). Et j’ai pu l’acheter sur Kindle ! 🙂 Je l’ai lu d’une traite et j’ai adhéré à chaque phrase de l’autrice, Pauline Harmange.
J’ai surligné beaucoup de passages. En voici quelques-uns. Peut-être vous donneront-ils envie de lire ce petit livre très bien écrit :
Par défaut, je les tiens très bas dans mon estime.
Détester les hommes, en tant que groupe social et souvent en tant qu’individus aussi, m’apporte beaucoup de plaisir.
On demande aux hommes d’utiliser leur pouvoir, leurs privilèges, à bon escient : en poliçant les autres membres masculins de leur entourage, par exemple, pas en expliquant aux femmes comment mener leur combat.
féministes “à la française” (c’est-à-dire très partantes pour reconnaitre les problèmes d’égalité femmes-hommes dans les autres pays du monde, mais plutôt enclines à trouver qu’ici en France ça va, on n’a pas trop à se plaindre)
ayant ouvert les yeux sur la profonde médiocrité de la majorité des hommes, il n’y a plus de raison de les apprécier par défaut
je suis certaine que si demain j’étais à nouveau célibataire, il me serait très difficile d’entamer une nouvelle relation avec un homme
ils étaient tellement essentiels au regard que je portais sur ma propre personne
Si je me refuse à lui [son mari] octroyer un droit d’être médiocre parce qu’il est un homme et que les hommes sont comme ça, c’est surtout pour m’octroyer à moi-même autant d’estime que j’en ai pour toutes les autres femmes à qui je souhaite des relations véritablement égalitaires.
On ne peut pas comparer misandrie et misogynie, tout simplement parce que la première n’existe qu’en réaction à la seconde.
Tous les hommes ne sont peut-être pas des violeurs, mais quasiment tous les violeurs sont des hommes – et quasiment toutes les femmes ont subi ou subiront des violences de la part des hommes. Il est là, le problème. Elle est là, l’origine de notre détestation, de notre malaise, de notre méfiance.
Quand nous détestons les hommes, au mieux nous continuons de les tolérer avec froideur, parce qu’ils sont partout et qu’il faut bien faire avec
Il n’y a que les dominants qui peuvent se permettre d’être raisonnables et calmes en toutes circonstances, car ce ne sont pas eux qui souffrent.