BD : S’enfuir – récit d’un otage

Cette BD (bande dessinée) m’a été recommandée par une de mes étudiantes il y a quelques mois, et un soir de cette semaine, j’avais envie de lire, mais je ne voulais pas me plonger dans un des livres sérieux que je suis en train de lire car j’étais trop fatiguée et j’avais peur de ne pas réussir à me concentrer. Je me suis donc dit qu’une BD serait une lecture idéale.

Je l’ai téléchargée et environ une heure et un peu plus de 400 pages plus tard, je l’avais terminée. En fait, je ne suis pas sure de combien de temps il m’a fallu pour terminer la lecture. Il y avait des pages avec très peu de bulles et je n’ai pas regardé l’heure à laquelle j’ai commencé. Il était trop tard et il était toujours trop tard quand j’ai terminé.

L’auteur québécois Guy Delisle a dessiné et raconté l’histoire de Christophe André, employé d’une ONG dans le Caucase dans les années 1990 et kidnappé par des hommes qui l’ont détenu pendant plusieurs mois, menotté à un radiateur.

Il ne se passe pas grand-chose dans cette histoire, mais je ne pouvais pas m’arrêter de tourner les pages. On peut lire les pensées de l’otage, on ressent son angoisse, ses doutes, sa peur, et je pense qu’on s’identifie forcément. Je n’arrêtais pas de me demander si je réagirais pareil ou autrement dans une telle situation. Si les femmes otages sont traitées de la même façon. Et je n’arrêtais pas de penser à quel point ces jours, ces semaines, ces mois étaient d’un ennui mortel. Comment n’est-il pas devenu fou ? J’ai l’impression qu’à sa place, je serais devenue folle.

Je ne connaissais pas cet auteur mais il a aussi écrit des BD autobiographiques qui ont reçu des critiques très favorables , dont Chroniques de Jérusalem et Chroniques birmanes, ou encore Pyongyang. S’enfuir m’a donné envie de découvrir plus de ses œuvres.

Au revoir là-haut

C’est le titre d’un roman de Pierre Lemaitre, auteur dont j’avais déjà parlé car j’avais lu Robe de Marié de lui l’an dernier, que j’avais beaucoup aimé.

Tandis que Robe de Marié était un roman à suspense que j’avais lu en deux jours, Au revoir là-haut m’a pris un peu plus de temps. Déjà, j’ai choisi la version livre audio car il était lu par l’auteur, et s’il m’est plus facile d’écouter que de lire pendant que je m’affaire dans la cuisine ou que je me rends au supermarché, j’ai aussi parfois du mal à rester concentrée, selon les jours. Et comme la lecture par l’auteur durait presque 17 heures, j’ai dû mettre 3 ou 4 semaines pour le terminer, car je lis plusieurs livres en même temps, et je passe de l’un à l’autre selon mes humeurs.

Je ne savais pas qu’il avait obtenu le prix Goncourt en 2013 et je ne savais pas non plus de quoi il parlait avant de l’acheter. Je savais qu’il avait été adapté au cinéma, je savais qu’à priori l’auteur me plaisait et un copain m’avait dit qu’il l’avait trouvé super.

Quand j’ai compris que l’histoire prenait place à la fin de la Première Guerre mondiale, j’ai un peu fait la grimace, car je ne suis pas friande d’histoires de guerre. J’ai plutôt tendance à les éviter. J’ai quand même décidé de continuer, et bien que cela m’ait pris un peu de temps, j’ai fini par rentrer dans l’histoire et à prendre plaisir à l’écouter.

C’est l’histoire de deux jeunes hommes qui ont survécu à la guerre mais pas sans séquelles. L’un, Albert, a tout perdu (son emploi, sa fiancée…) et l’autre, Édouard, se retrouve défiguré, après avoir reçu un obus en sauvant le premier. La guerre se termine et on les suit de retour à Paris, où ils mènent une vie d’exclus mais finissent par imaginer une vie meilleure en mettant en place une escroquerie à grande échelle.

Plusieurs autres personnages jouent un rôle important dans l’histoire, dont un lieutenant devenu capitaine, absolument odieux. L’atmosphère est assez lourde. En écoutant l’histoire, je m’imaginais Paris après la guerre, assez glauque, et les images étaient en sépia dans ma tête. J’avais du mal à voir Édouard car il est décrit comme n’ayant plus de visage. Albert me faisait de la peine. Mais bizarrement, l’histoire m’a beaucoup plu. Elle est pleine de rebondissements et plus je m’approchais de la fin, plus j’avais hâte de savoir comment toute cette histoire allait se terminer.

Ce n’est pas un livre qu’on lit pour se sentir bien, mais l’histoire est captivante, le style est agréable, les personnages ne laissent pas indifférent, alors si vous avez du temps, c’est un peu moins de 17 heures en version audio ou 624 pages en version livre de poche.

ISBN-10: 2253194611
ISBN-13: 978-2253194613

Oscar et la Dame rose

J’ai lu ce livre pour la première fois il y a très longtemps. J’étais en vacances en France chez une amie et elle me l’avait recommandé. C’est un tout petit livre et je l’avais lu sur son canapé très rapidement. Et j’avais pleuré toutes les larmes de mon corps. Je n’en ai pas voulu à mon amie, elle m’avait prévenue.

Je viens de le relire et j’ai encore pleuré comme une madeleine. Mais j’ai aussi beaucoup souri.

C’est l’histoire d’un petit garçon de 10 ans, malade d’un cancer, en phase terminale. Il est à l’hôpital, où il a des copains, atteints de maladies diverses. Il se lie d’amitié avec une vieille dame qu’il appelle Mamie-Rose, qui lui raconte qu’elle était catcheuse professionnelle et lui conseille d’écrire à Dieu pour se soulager et se sentir moins seul. Il ne croit pas en Dieu, mais il se laisse convaincre et le livre est une succession de lettres d’Oscar à Dieu. Elles sont drôles et émouvantes à la fois.

Si le thème ne vous effraie pas, je vous recommande vivement de lire ce livre. Préparez des mouchoirs quand même, au cas où. Il se lit d’une traite, même à travers les larmes. En plus, il est plein de vocabulaire intéressant. Voici le début :

Connaissez-vous le plus grand des voleurs…

… qui est aussi un gentleman cambrioleur ?

Je veux parler d’Arsène Lupin. Je pensais qu’il existait vraiment quand j’étais petite. Je le voyais à la télé et j’espérais que toutes ces histoires étaient vraies, tellement je trouvais ce personnage fascinant.

Mais c’était seulement un personnage sorti de l’imagination de Maurice Leblanc au début du 20ème siècle.

Il était charmant, charmeur, beau parleur et terriblement intelligent. Il se déguisait et changeait d’identité pour arnaquer les gens qui n’y voyaient que du feu.

Si ça vous dit de lire ses aventures, elles sont disponibles en ligne et les chapitres sont courts. Très bon pour pratiquer la lecture active. Ne vous arrêtez pas trop sur le passé simple et l’imparfait du subjonctif. L’essentiel est de les comprendre, et c’est bien si vous savez les identifier, mais vous n’avez pas vraiment besoin de savoir les utiliser (sauf si vous avez un projet spécifique qui implique une connaissance parfaite du français, jusqu’à l’imparfait du subjonctif !)

https://bibliothequenumerique.tv5monde.com/livre/88/Arsene-Lupin-gentleman-cambrioleur

Et voici une chanson sur ce cher Arsène :

Le misanthrope

On dit de l’anglais que c’est la langue de Shakespeare. En tout cas, c’est ce qu’on dit en France. Je suis en train de me demander si les anglophones le disent aussi, en fait ! De même, on appelle le français la langue de Molière. Connaissez-vous Molière ? 

J’ai essayé de lire Shakespeare en version originale et disons que j’ai vite abandonné ! J’aime beaucoup les pièces que j’ai lues de lui pourtant. J’ai lu Macbeth quand j’avais 12 ans (traduit en français évidemment) et si je ne me souviens pas de tout en détail, je me souviens très bien de la noirceur de l’histoire et de ma fascination. J’avais l’impression d’avoir lu un livre interdit. Plus tard, j’ai lu Shakespeare en anglais, mais en anglais moderne et j’ai aimé tout ce que j’ai lu et vu au théâtre. Et même au cinéma en fait. 

Molière, c’est un autre genre, il écrivait surtout des comédies, mais c’est presque aussi vieux que Shakespeare. Il est né 6 ans après la mort de Shakespeare. Son oeuvre date donc du 17ème siècle. J’ai étudié plusieurs de ces pièces au collège et j’ai eu une période un peu obsessive pendant laquelle j’adorais regarder des vidéos de pièces de théâtre (en VHS, Youtube n’existait pas encore). La première pièce que j’avais étudiée, c’était Le Malade Imaginaire. Je trouvais l’histoire vraiment drôle et le ridicule des personnages me fascinait : un hypocondriaque chronique, une femme qui attend sa mort pour hériter, des médecins profiteurs… La servante était mon personnage préféré car elle voyait les gens pour ce qu’ils étaient vraiment. Après cette pièce, j’ai adoré lire et voir L’avare, Les Précieuses Ridicules, Les Femmes Savantes, Le Tartuffe, Le Misanthrope, et bien d’autres. 

Je ne dirais pas que les pièces de Molière sont très faciles à lire pour un étudiant de français langue étrangère. Il y a beaucoup de structures de phrases et de vocabulaire qui ne sont plus en usage aujourd’hui. D’ailleurs, après avoir lu certains commentaires de collégiens et/ou lycéens français en ligne, sur les sites parlant des pièces, je pense pouvoir affirmer que beaucoup de jeunes Français ont du mal à comprendre ce qu’ils lisent. Toutefois, je ne pense pas que ce soit si difficile que ça. Les pièces ne sont pas très longues et on n’a pas besoin de comprendre tous les mots pour parvenir à comprendre l’histoire. On peut pratiquer la lecture active de temps à autre et relever de nouveaux mots, mais l’intérêt de Molière est aussi culturel. Ces pièces nous donnent un aperçu des mentalités françaises et des mœurs du XVIIe siècle et nous permet de réfléchir à l’évolution des sociétés. Et du langage.

Un de mes personnages favoris de Molière est Alceste, le misanthrope, qui aime à dénoncer l’hypocrisie des gens qui l’entourent. Cette pièce est écrite en vers. Vous pouvez télécharger le livre ici, légalement et gratuitement. En voici un extrait :

Extrait Acte I, scène I

Beaucoup de pièces de Molière sont disponibles sur YouTube aussi, en entier. J’ai jeté un œil aux vidéos du Misanthrope, mais bof, je ne suis pas convaincue par les interprétations. Je me suis fait une idée d’Alceste dans ma tête et aucun des acteurs ne me plaît. Dans cette pièce filmée en noir et blanc, j’aime assez le jeu de l’acteur, mais pour moi, il n’a pas le physique d’Alceste ! 

L’analphabète

C’est un récit autobiographique d’Agota Kristof, une Hongroise contrainte de quitter son pays en guerre en 1956, occupé par l’armée soviétique. Après être passée par l’Autriche, elle se retrouve en Suisse avec son mari et son enfant, tout d’abord dans des centres de réfugiés, avant d’être envoyée en Suisse francophone. Elle ne parle pas un mot de français quand elle commence cette nouvelle vie mais elle écrira la plus grande partie de son oeuvre en français.

Ce livre est très court (58 pages) et se lit très facilement. Il est très émouvant et je le recommande vivement à tous ceux qui souhaitent lire en français et qui s’intéressent aux questions du langage et de l’identité.