Quelques podcasts écoutés ce mois-ci

Beaucoup de travail, pas beaucoup de temps pour écrire ici, mais j’ai eu le temps de lire six livres en janvier (dont un en français dont je parlerai bientôt) et d’écouter quelques podcasts en cuisinant ou en me baladant dans les rues.

Episode 59 – L’art peut-il être raciste. Invitée pour en parler : Mame-Fatou Niang, enseignante chercheuse aux Etats-Unis. Conversation super intéressante. J’ai aussi regardé le documentaire Mariannes Noires réalisé par l’invitée, dans lequel elle donne la parole à sept femmes noires françaises, qui parlent de leur expérience de vie en France. (Le lien ne sera probablement plus valide après le 1er février)

Episode 60 – Sous-traitance, maltraitance à l’Ibis Batignolles – Invitée pour en parler : Rachel Keke, gouvernante et porte-parole des grévistes de l’Ibis Batignolles. Je savais vaguement que des femmes de chambre faisaient la grève depuis de nombreux mois quelque part en France. J’ai enfin compris pourquoi grâce à cette discussion. Ce que vivent ces femmes au quotidien est inadmissible. Leurs conditions de travail ne sont pas dignes de celles d’un pays riche. La France aime tellement donner des leçons aux autres pays, mais elle devrait avoir honte de laisser ce genre d’abus avoir lieu. L’hypocrisie de ce pays m’a toujours révoltée. Et plus j’en apprends, plus je suis en colère.

J’ai découvert ce podcast récemment. Comme Kiffe ta Race, il est présenté par deux femmes racisées. Elles abordent le thème du racisme systémique, en discutant particulièrement du racisme à l’école. J’ai beaucoup aimé les deux épisodes que j’ai écoutés et je compte écouter les autres.

Episode 2 – Les effets néfastes des micro-agressions racistes sur le développement des enfants racisés

Episode 4 – L’école et les enjeux de la transmission linguistique aux enfants racisés

Episode 70 – La politique, d’homme à homme – Invitée pour en parler : Marie-Cécile Naves, docteur en sciences politiques et autrice de l’essai La Démocratie féministe. Réinventer le pouvoir. Je sais pas vous, mais moi, j’en peux plus de ce monde dirigé par des hommes.

2020, année lesbienne ? – Invitée : Lauriane Nicol qui tient le compte Instagram Lesbien raisonnable. J’ai trouvé la conversation intéressante. Pour moi, 2020 a été sans aucun doute l’année où j’ai pris conscience du rôle que les lesbiennes jouaient depuis toujours pour défendre les plus faibles, les exclus de la société, etc. Elles sont toujours prêtes à se battre pour la justice. Ce sont les féministes ultimes et en tant que groupe social, elles ont toute mon admiration.

Episode 17 – Le grand méchant queer – Invitée : Aline Mayard, journaliste spécialiste des représentations LGBTQ+ dans les séries et dans les films. J’ai trouvé cette conversation super intéressante car je n’avais jamais vraiment réfléchi à ce sujet.

Episode 117 – Québec, terre promise ? Clémentine Gallot et Emeline Amétis parlent féminisme au Québec. J’étais curieuse de voir ce qu’elles allaient en dire. Ne connaissant pas personnellement le Québec, je l’ai longtemps idéalisé. J’ai toujours eu l’impression que les gens y étaient plus ouverts, plus sympas. Tous les Canadien.ne.s rencontré.e.s lors de voyages ont été des gens plutôt chouettes. Puis, j’ai eu une étudiante qui venait de s’installer au Québec quand on a commencé à travailler ensemble. Une étudiante venant d’Amérique latine. Dont j’ai vu le moral fluctuer énormément lors de ses premiers mois là-bas. J’ai compris à travers ses récits qu’il y avait aussi beaucoup de problèmes au Québec. Des problèmes de racisme entre autres. Les présentatrices du podcast ont confirmé tout ce que cette étudiante m’avait dit. Le Québec, c’est bien mieux que la France en termes de féminisme et d’avancées sociales, mais il y a encore énormément de boulot et ils ont leur lot d’inégalités là-bas aussi. Beaucoup de références dans cet épisode !

Syndrome d’imposture : les ravages de l’excès de confiance masculin – Format plus court, je crois que c’est le seul podcast français présenté par un homme que j’écoute régulièrement. Il mentionne une citation vers la fin de l’épisode, à qui il ne sait plus l’attribuer. C’est une traduction d’une autrice Canadienne du nom de Sara Hagi : Carry yourself with the confidence of a mediocre white man. Une citation que j’adore.

Episode 84 – La cancel culture avec ContraPoints et Loretta Ross – J’ai écouté l’épisode en anglais, mais il a été traduit en français si vous voulez. Ce n’est pas un doublage mais un compte-rendu de ce qui a été dit. Utile si vous préparez le C2. Une conversation très intelligente.

Interview : Histoire de la violence

Je regarde pas mal de vidéos sur YouTube, principalement des extraits du Daily Show with Trevor Noah et d’autres émissions américaines du même genre, mais je regarde aussi parfois des vidéos en français, et YouTube me recommande des vidéos dans les deux langues. Aujourd’hui, il m’a recommandé une interview d’Edouard Louis, écrivain que je n’ai jamais lu mais dont je connais le nom. Et que cette interview m’a donné très envie de lire.

YouTube me connait bien car j’ai trouvé cette interview formidable et le discours de cet homme très poignant. Elle dure 25 minutes et sachez qu’il y est question de violences sexuelles, mais pas que. Il évoque d’autres types de violences également. Si entendre parler de viol est difficile pour vous, n’écoutez pas les 3 premières minutes.

L’avortement au Salvador

On s’est souvent étonné que je ne veuille pas d’enfant. Les mentalités évoluent doucement, et il est de plus en plus acceptable aux yeux de la société d’être femme et de ne pas vouloir être mère, mais ce n’est pas la réalité pour toutes les femmes de ce monde. J’ai 10000 raisons de ne pas vouloir d’enfant, la première étant que je n’en veux pas. Et quand je lis des articles comme celui que je partage aujourd’hui, je me demande même comment on peut vouloir mettre au monde un enfant dans un monde pareil. La société évolue, trop lentement, beaucoup trop lentement selon moi, et si votre enfant est une fille, la vie ne sera pas aussi douce avec elle que si c’était un garçon. Et ce, à peu près partout dans le monde. Si en plus d’être fille, elle est noire/asiatique/arabe, etc., et/ou handicapée et/ou autiste et/ou lesbienne, et/ou pauvre, quelles sont les chances que sa vie soit un long fleuve tranquille ? Ceci étant dit, une partie de moi peut comprendre que l’on veuille des enfants, mais ce n’est pas pour moi.

Je n’ai jamais été enceinte et je n’ai jamais l’intention de l’être, et si cela m’arrivait, ce serait un malheureux accident et je n’aurais aucune hésitation à aller me faire avorter. Et je suis si furieuse quand j’entends / je lis des histoires comme celles de ces femmes salvadoriennes. Je bous de colère. J’ai envie d’hurler. Quand ce monde cessera-t-il d’être si injuste et quand cessera-t-on d’opprimer les femmes ainsi ? Comment peut-il encore exister des gens au 21ème siècle, avec tout le progrès des dernières décennies, qui pensent que les hommes peuvent prendre des décisions pour les femmes ? Comment peut-il exister des gens qui pensent que les femmes sont des êtres inférieurs ? Cela me met tellement en rage que j’ai l’impression qu’aucun mot n’est assez fort pour décrire ce que je ressens. Souvent, j’en pleure, tellement je me sens impuissante, mais ce n’est pas ça qui va faire changer les choses. Alors je m’instruis. Je lis des livres qui racontent l’histoire du monde, l’histoire des femmes et des hommes. Cela m’aide à mieux comprendre, mais certainement pas à accepter, ni à me calmer. Et ça m’énerve que tout le monde n’essaie pas de s’instruire.

L’article d’aujourd’hui est assez long et j’ai choisi de le partager en entier. Pour l’analyse, je me suis limitée aux verbes (en rose), aux connecteurs (en bleu) et au vocabulaire (souligné). J’essaie toujours de faire ces analyses en me mettant dans la peau d’une étudiante avancée qui comprendrait quasiment tout, mais qui aurait tendance à toujours utiliser le même vocabulaire car elle aurait peur de sortir de sa zone de confort. Le temps dont je dispose et mon état d’esprit varient selon les semaines, ce qui fait que les analyses ne suivent pas toujours le même schéma. J’ai tendance à penser que c’est pour tout le monde pareil. Certains jours, vous avez plus de temps et vous allez rechercher les mots et les expressions mal connus dans le dictionnaire, rechercher des exemples, faire vos propres phrases, etc. D’autres jours, vous aurez plutôt recours à la traduction, car ça va plus vite. Ou vous allez mélanger plusieurs méthodes selon ce qui vous vient à l’esprit le plus vite. Il n’y a pas de méthode parfaite. Ce qui compte, c’est de faire ce travail régulièrement, de travailler la langue activement et régulièrement !

On remarquera le vocabulaire de la justice. Et des injustices…

  • toute forme de : any type of
  • y compris : including
  • s’inscrire dans : remarquez la préposition. On s’inscrit à un examen, à un cours, mais quand on dit que qqch s’inscrit dans qqch, on veut dire que ça fait partie de qqch, que c’est en accord avec qqch. Il y a beaucoup de noms qui peuvent être combinés avec s’inscrire dans : la continuité, la durée, le temps, le cadre, un courant de pensée, etc. Le sens du verbe variera un peu selon le nom qui suit.
  • imprégnant : du verbe imprégner = ici, influencer profondément
  • un bébé mort-né : stillborn baby
  • encourait : du verbe encourir = risquer de recevoir. Tous les criminels encourent une peine, risquent de recevoir une sanction
  • lors de : synonyme de pendant
  • homicide aggravé par négligence : type de crime – on entend souvent parler d’homicide volontaire ou d’homicide involontaire. Il peut être aggravé par négligence, maladresse, imprudence, etc.
  • après avoir passé : remarquez la structure : après + infinitif passé – très souvent, les étudiants avancés continuent de faire des erreurs avec cette structure. Est-ce votre cas ? Diriez-vous *après passer ?
  • derrière les barreaux : autre façon de dire en prison
  • clamé son innocence : clamer, c’est manifester ses sentiments, ses convictions, en termes violents, par des cris. Des noms souvent associés à clamer : son innocence, son indignation, son mécontentement, etc.
  • acquittée : déclarée innocente
  • aussitôt : immédiatement
  • acclamé : salué par des cris, approuvé, applaudi
  • ont-elles scandé : remarquez l’inversion, pas inhabituelle à l’écrit. On la trouve souvent après une citation. Scander, c’est dire qqch de façon rythmée, haut et fort. Les manifestants scandent souvent des slogans durant les manifestations.
  • la bataille : un combat, une lutte. Nom qui revient dans beaucoup d’expressions.
  • pourtant : remarquez sa place. Les étudiants ont tendance à le placer presque exclusivement en début de phrase. Vous avez deux exemples dans ce texte où il est placé après le verbe.
  • l’une des législations anti-IVG les plus strictes au monde : plusieurs choses à observer ici : le superlatif (l’une des NOM les plus ADJ), l’accord de l’adjectif, au monde (préposition à), IVG = intervention volontaire de grossesse.
  • stipule : du verbe stipuler – synonyme de dire
  • dans les faits : synonyme de en fait
  • passible de : on peut encourir une peine de prison ou être passible d’une peine de prison, c’est la même chose (voir plus haut)
  • de réclusion : de prison
  • même lorsque : même quand
  • juste après : right after
  • une fausse couche : a miscarriage
  • préférera : remarquez l’utilisation du futur + l’accent aigu sur le deuxième e. Avec les rectifications de l’orthographe, on écrira plutôt : préfèrera, car on prononce /pʁefɛrʁa/. Je parlerai de cette règle dans un post à venir.
  • accusé de complicité : si vous aidez un criminel, vous pouvez être accusé de complicité
  • en mars dernier : le diriez-vous ainsi ? avec la bonne préposition ?
  • à la suite de : + NOM – following
  • la plupart : remarquez que le nom “femmes” a été omis. Il est sous-entendu et c’est pour cela que le verbes qui suit est au pluriel. Voir ce post si vous avez besoin d’un rappel.
  • issues de : venant de
  • preuves ténues : des preuves très minces, fragiles, à peine recevables. Pouvez-vous penser à d’autres adjectifs qui fonctionneraient bien avec le nom “preuve” ?
  • voire : adverbe rarement utilisé par les étudiants. On l’utilise pour renforcer une idée, la pousser un peu plus loin. Par exemple : il me faudra 10 ans pour vraiment comprendre le japonais, voire 20. Tu peux me prêter un livre pour les vacances, voire deux ou trois ?
  • quelles que soient : déclinaison féminin pluriel de “quel que soit” : whatever may be… “quelles” s’accordent avec “preuves“.
  • se dessine : apparait
  • constitue : du verbe constituer – synonyme de créer
  • une double peine : double penalty
  • car : remarquez sa place en début de phrase (2 fois dans le texte) – Les livres de grammaire disent qu’on ne doit pas mettre cette conjonction en début de phrase. Je le dis aussi à mes étudiant·e·s. Mais je le fais moi-même de temps à autre. Comme les anglophones qui apprennent qu’on ne doit pas commencer une phrase avec “and”. Mais qui le font quand même. Je suis pour qu’on prenne des libertés avec la langue et ses règles, une fois qu’on la maitrise à un très haut niveau. Avant ça, je recommande la prudence.
  • les plus aisées : sous-entendu “les femmes les plus aisées
  • se rendre : synonyme de aller
  • celles sans ressources : les femmes sans ressources – utilisez-vous naturellement celle, celui, ceux ?
  • le système D : familier = le système débrouille : resourcefulness, ingenuity
  • quitte à : même si ça veut dire que, au risque de
  • ingèrent : du verbe ingérer = avaler
  • la mort-aux-rats : poison destiné à tuer les rats
  • s’introduisent : du verbe s’introduire – vous pouvez voir ici l’ambigüité du verbe (s’)introduire, avec lequel je recommande à mes étudiant·e·s d’être prudent·e·s
  • des aiguilles à tricoter : knitting needles
  • en parallèle : en même temps
  • à des fins abortives : dans le but d’avorter
  • sous le manteau : en contrebande, au marché noir, illégalement
  • précise : synonyme de dire
  • ont cherché à : du verbe chercher à = essayer de
  • les avortements clandestins : illegal abortions – à quels autres adjectifs pouvez-vous penser avec le nom “avortement” ?
  • se sont multipliés : du verbe se multiplier
  • ont été pratiqués : forme passive
  • en deçà de : en dessous de
  • souligne : synonyme de dire
  • malgré : remarquez la structure malgré + nom
  • fortement ancré : avec des racines très solides, enraciné
  • un clivage entre… et… : une forte différence de pensée
  • sans… mais aussi sans … : observez la structure – demandez-vous si vous l’utiliseriez de vous-même.