Série : Dérapages

J’ai regardé cette série sur Netflix récemment, d’une seule traite car je voulais vraiment savoir ce qui allait se passer après chaque épisode.

C’est une série adaptée d’un livre de Pierre Lemaitre, auteur dont j’ai lu deux livres qui m’avaient beaucoup plu et que j’avais eu du mal à poser. Il sait tenir ses lecteurs en haleine !

Le scénario peut paraitre un peu tiré par les cheveux, mais les thèmes évoqués restent bien ancrés dans la réalité. On a Alain, cinquantenaire qui a perdu son emploi de directeur des ressources humaines quelques années auparavant à cause de son âge, et qui s’est retrouvé obligé d’exercer des petits boulots dans lesquels il est parfois humilié par ses supérieurs. Il a sombré dans la déprime, il s’inquiète constamment de savoir s’il va pouvoir payer ses factures et garder son appartement. Jusqu’au jour où une opportunité de travail se présente. Ce qu’il doit faire pour obtenir ce travail est un peu hors normes. Il doit participer à une simulation de prise d’otages, dans laquelle les otages ne sont pas conscients qu’il s’agit d’une mise en scène. Alain a tellement envie de croire à cette chance qu’il prend des décisions irrationnelles pour se préparer à cet entretien et tout finit par déraper.

Dans le rôle principal, on retrouve Eric Cantona, ancien footballeur devenu acteur. Meilleur acteur que beaucoup d’acteurs en fait !

J’ai été agréablement surprise par le jeu des acteurs dans l’ensemble. Suzanne Clément, qui joue sa femme, est très bonne aussi.

Je l’ai regardé avec les sous-titres français et ils correspondent à ce qui est dit par les personnages.

Un bonne série pour pratiquer votre français !

Mots inventés

Pour celles et ceux qui aiment les nouveaux mots, qu’ils soient ou non reconnus par l’Académie française, présents ou non dans les dictionnaires, ce compte Instagram pourrait vous plaire : https://www.instagram.com/lesneonogismes/?hl=fr

Je suis tombée dessus par hasard et je le trouve génial !

Vous y trouverez des expressions telles que “un froid de connard”, “être coroné”, “huile était une fois”, et des mots tels que “comédire”, “imajouinatif”, “frigolade” ou encore mémémoire”. Vous pouvez faire des suppositions sur les définitions et aller vérifier. Certains mots et expressions requièrent une connaissance solide de la langue et de la culture françaises.

Série : Into the night

Le titre est en anglais, mais c’est une série belge et francophone qui est sortie sur Netflix récemment.

Je l’ai regardée et j’ai trouvé qu’elle se regardait facilement.

Gardez en tête que je suis bon public et que je n’ai pas besoin que la science soit croyable pour être divertie par une série de science-fiction. Par contre, j’aime que les acteurs soient aussi naturels que possible, et c’est souvent mon problème avec les séries francophones. J’ai souvent du mal à croire à ce que me proposent les acteurs. Je me demande si c’est dû à la langue française ou aux acteurs. Quand ils parlent en articulant beaucoup trop ou avec du vocabulaire qui ne me parait pas tout à fait naturel dans une situation donnée, ça me dérange. Je ressens rarement la même chose avec les séries américaines et anglaises, et même les séries espagnoles ou hispanophones (autres que les telenovelas) me paraissent mieux jouées, plus naturelles.

J’ai fait la grimace plusieurs fois à cause du jeu des acteurs et actrices, mais j’ai quand même regardé les six épisodes et j’ai fini par m’habituer.

Le scénario n’est pas plausible pour une minute, mais j’adore les séries Marvel, alors je ne vais pas m’arrêter de regarder des séries sous prétexte qu’on ne peut pas croire au scénario. Si je peux croire que Daredevil existe et gagne toutes les bagarres dans lesquelles il s’engage, je peux croire que le soleil est devenu toxique et va tuer la planète entière.

Parce que c’est ça l’histoire. L’humanité entière est menacée d’extinction à cause du soleil qui tue tout le monde. Un Italien pas très sympa arrive en courant dans un avion à destination de Moscou et force le capitaine à voler vers l’ouest, après lui avoir tiré une balle dans la main. Il y a seulement quelques personnes à bord de l’avion car l’embarquement venait à peine de commencer. Elles passent beaucoup de temps à ne pas être d’accord et à se disputer. La langue principale est le français, mais on entend aussi de l’italien, du néerlandais, du russe, de l’arabe, du turc, de l’anglais, du polonais, etc.

Je ne dirais pas que c’est une série extraordinaire, mais elle se laisse regarder, elle nous tient en haleine, et pour pratiquer la compréhension orale, elle est très bien. Presque tout le monde parle français avec un accent différent.

Si vous êtes un peu angoissé·e à cause de la situation actuelle, vous pouvez peut-être attendre avant de la visionner.

Spectacle : Franglais

J’en avais déjà parlé l’an dernier, puis son spectacle complet avait été retiré de YouTube, pour des raisons que je n’avais pas tout à fait comprises, mais Paul Taylor l’a remis en ligne récemment, et vous pouvez donc vous divertir en le regardant et l’écoutant parler de la France et des Français.

Il parle un peu fort, il dit beaucoup de gros mots, mais il dit aussi beaucoup de vérités hilarantes. En anglais et en français.

Bon visionnage !

Livre : Nord perdu

Extrait :

Certains monolingues croient ingénument que, pour passer d’une langue à l’autre, il suffit de disposer d’excellents manuels et dictionnaires. Que nenni ! Ces outils sont même à peu près inutiles pour la communication courante. La prochaine fois que vous prenez les transports en commun, imaginez qu’un étranger se trouve à vos côtés et qu’il vous incombe de lui traduire, mot à mot, tout ce que vous entendrez au cours du trajet. C’est une tâche pour ainsi dire impossible. Ecoutez bien les gens. Que marmonnent-ils dans leur barbe ? “Putain il fait beau !”, “Eh ben dis donc !”, “M’en fous”, “Pis quoi encore ?”, “Ras-le-bol à la fin”, “Bon ça y est, je me casse”, “N’importe quoi !”… C’est lorsque ces mille syntagmes opaques deviennent enfin transparents que l’on commence à connaître réellement une langue.

Et encore : on ne la connaîtra jamais comme les natifs la connaissent. Il m’arrive encore, non pas chaque jour mais plus souvent que je n’aime à me l’admettre, de tomber sur un mot en français que je jurerais n’avoir jamais vu… alors que mes enfants, eux, le connaissent parfaitement. Comment cela est-il possible ? La mémoire des enfants est une éponge (le savoir y pénètre et s’y accumule), celle des adultes, une passoire (le savoir la traverse) !

D’autre part, ce n’est pas parce qu’on a appris un mot qu’on est capable de s’en servir…

Dîner avec des amis monolingues l’autre soir, A. et S. : très étonnés de m’entendre dire qu’il existe dans la langue française des mots, des façons de parler dont je suis, moi étrangère, incapable de me servir dans une conversation. “Quoi par exemple ?

– Eh bien… le passé simple.

Oh, ça ne compte pas, il n’y a que les académiciens qui se servent du passé simple en parlant ! C’est grotesque. Quoi d’autre ?

– Eh bien…, par exemple… : Ça me gonfle. Ça je ne peux pas le dire. Ou certains termes d’argot : des anglicismes comme news, challenge, look ; des abréviations comme perso.

– Oh ça ne compte pas, ce n’est pas une question de langue mais de génération, de milieu…

– Alors le cas échéant, surtout avec la liaison : lecazéchéant. Ça, je ne peux pas le dire.

– Oh, ça ne compte pas, c’est une question de niveau de langue, c’est une expression légaliste…”

Et ainsi de suite. Ils ne me croyaient pas ! Il ne comprenaient pas !… Alors que, bien sûr, eux aussi. Et vous aussi. Tous, nous incluons certains mots et tournures dans notre vocabulaire actif et en excluons d’autres. Seulement, l’exilé linguistique le fait après mûre, ardue, obsessionnelle pour ne pas dire paranoïaque réflexion.

Nord Perdu, Nancy Huston, 1999

Nancy Huston est canadienne anglophone. Elle écrit en français et en anglais et traduit ses propres livres. Cela faisait une éternité que je voulais lire ce petit livre qu’est Nord perdu et j’ai enfin pris le temps de le faire un soir cette semaine. Il ne contient qu’une centaine de pages, je l’ai donc lu d’une traite, tout en prenant quelques notes. L’autrice y parle de son expérience d’exilée, de son expérience de bilingue, de sa quête d’identité, 25 ans après s’être installée en France, et tellement de ses réflexions ont résonné en moi.

Ce livre devrait parler à toute personne ayant appris une autre langue que sa langue maternelle et/ou s’étant exilée dans un pays où elle doit vivre dans une autre langue que la sienne.

Podcast : parler comme jamais

Certain·e·s de mes étudiant·e·s ont déjà découvert ce nouveau podcast, et je me suis réjouis quand je l’ai appris ! Le premier épisode avait été diffusé sur Programme B que j’écoute régulièrement et qui est un podcast intéressant qui traitent de différent sujets à chaque épisode. Je ne savais pas alors que Parler comme jamais deviendrait un podcast régulier.

C’est un très bon podcast qui déconstruit les clichés autour de la langue française. Je me disais hier en écoutant le dernier épisode que si ces discours avaient existé quand j’étais à l’école, je pense que les choses auraient été bien différentes pour bien des enfants. Le dernier épisode parle des fautes de français et de comment elles sont traitées en France et l’une des invitées est une institutrice vraiment bienveillante qui devrait être, à mon avis, un modèle pour les jeunes instits qui débutent. J’aime me dire qu’il y a beaucoup d’instits comme elle maintenant, mais je suis quand même un peu sceptique… S’il y a tant de programmes qui parlent de la langue française et des fautes de langage, c’est bien que l’on a affaire à un véritable sujet de société. Ce qui me plait énormément, c’est que le discours change et que l’on appelle de plus en plus à s’éloigner de la stigmatisation !

Peut-on imaginer une France où les enfants ne seraient pas traités comme des bons à rien s’ils ont du mal en orthographe et les adultes pas constamment stigmatisés parce qu’ils ne maitrisent pas très bien la grammaire ? Et une école où l’on prendrait en compte que tout le monde n’apprend pas de la même façon et où on ne laisserait personne derrière ? J’en rêve !

L’enseignement du français à l’étranger

J’ai lu cet article car le sujet m’intéressait et j’ai choisi de le partager car il contient, entre autres, des temps du passé, point grammatical à travailler et retravailler régulièrement pour les étudiant·e·s avancé·e·s.

Prenez le temps d’observer les verbes surlignés en rose. Je ne vais pas les détailler mais vous pourrez remarquer des verbes déclaratifs variés (annoncer, déclarer, confirmer, promettre, estimer, développer), deux participes présents (évaluant, enseignant) et plusieurs verbes au plus-que-parfait (le passé dans le passé) à la voix active et à la voix passive. Observez attentivement l’alternance des temps et demandez-vous pourquoi on a le plus-que-parfait et pas un autre temps du passé. Observez les autres formes verbales et voyez si elles correspondent bien aux règles de la concordance des temps que vous connaissez. Si ce n’est pas le cas, revoyez ces règles !

Je ne vais pas non plus détailler les petits mots et structures surlignés en bleu. Vous les comprenez sans aucun doute. Demandez-vous si de vous-même, vous penseriez à écrire “parallèlement” (si non, que diriez-vous ?), “lors de” (même question), etc. Observez l’usage de “bien” dans “…bien plus…” et “…sont bien les nouveaux…”

Je vais commenter les mots soulignés et “ce qui” à la suite du texte.

  • débloquer : préfixe dé- que l’on retrouve dans de nombreux verbes (dérouter, déranger, déboucher, défaire, dénouer, etc.) qui a le sens de cessation, privation, négation, contraire…
  • les frais de scolarité : si vous payez pour l’école de vos enfants, la somme que vous payez s’appelle les frais de scolarité
  • rabaissés : encore un verbe avec un préfixe, ici “r”. On peut abaisser et on peut rabaisser. Le préfixe r- (ou re- ou ré-…) a le sens de de nouveau ou complètement
  • ce jeudi : remarquez le démonstratif. Notez aussi que selon le temps du verbe, on peut parler de jeudi dernier ou de jeudi prochain. Ici, on est au passé, mais si je dis que ce lundi, j’ai rendez-vous chez le coiffeur, je veux parler de lundi prochain.
  • le ministre des Affaires étrangères : c’est le titre du ministre qui s’occupe de la politique extérieure de la France
  • colonne vertébrale : au sens propre, c’est l’os central du dos ; au sens figuré, comme dans le texte, c’est l’élément essentiel de qqch
  • accroitre : croitre = grandir ; accroitre = rendre plus grand. Le préfixe a- n’est pas privatif ici. Connaissez-vous des mots de la même famille ? Un nom ? Un adjectif ? Remarquez aussi que l’auteur·e de l’article utilise encore l’accent circonflexe sur le i, alors qu’il n’est plus nécessaire.
  • un enseignant titulaire : c’est un enseignant qui a suivi le parcours d’études requis pour travailler dans l’éducation nationale. Il a obtenu son titre, il est fonctionnaire. Il existe aussi des enseignants vacataires, qui eux, ont un statut plus précaire.
  • détaché à l’étranger : envoyé pour travailler à l’étranger (généralement pour une période limitée)
  • des mesures d’austérité : ça ressemble assez à l’anglais pour être facilement compris si vous êtes anglophone, mais saviez-vous le dire ainsi ?
  • ce qui : le pronom neutre CE reprend toute l’idée contenue dans la proposition précédente, qui devient donc en quelque sorte le sujet du verbe suivant, d’où le pronom relatif QUI, qui reprend toute cette idée également. Pensez à ce qui comme à (la) chose qui.
  • un mouvement de grève : si vous vous intéressez à la France, vous savez ce qu’est la grève. On parle souvent de mouvements de grève
  • d’avant les coupes : les coupes ? quelles coupes ? de champagne ? de cheveux ? Evidemment, on parle de coupes budgétaires. son budget d’avant les coupes, c’est le budget dont elle disposait avant les coupes budgétaires, dues aux mesures d’austérité.
  • les quelque 500 lycées : vous n’avez probablement pas l’habitude de voir “quelque” devant un nombre. Ce mot a en fait une variété d’utilisations. Dans ce cas, il marque l’approximation. Il signifie qu’il y a à peu près 500 lycées.
  • communément : je ne me souviens pas d’avoir entendu une seule de mes étudiantes utiliser cet adverbe. L’utilisez-vous ?
  • les quelque deux millions d’expatriés : Un deuxième exemple de “quelque” qui a une valeur d’approximation.
  • le rayonnement culturel : le rayonnement, c’est le prestige, l’influence. On voit ici qu’il peut être culturel, linguistique, diplomatique. Et quoi d’autre ?
  • faire valoir : ici, défendre, justifier
  • les attributs : les symboles