Livre : Beauté fatale

Le mois dernier, j’ai beaucoup lu. Je tiens ma résolution de ne lire que des livres écrits par des femmes. Que j’ai d’ailleurs élargie en décidant de ne regarder que des séries et des films soit réalisés ou produits par des femmes, soit avec au moins une femme comme personnage principal, ou qui traitent de discriminations que subissent d’autres groupes. J’ai adoré Fleabag et Big Little Lies, que je recommande vivement, même si ce n’est pas en français. Et l’on peut trouver des listes en ligne de séries et de films réalisés par des femmes sur Netflix. Je les ai mis dans ma liste.

J’ai adoré tous les livres que j’ai lus en janvier et je ne saurai dire lequel j’ai préféré, car ils m’ont tous apporté quelque chose de différent.

Mais j’ai découvert l’écriture de Mona Chollet, journaliste et essayiste suisse que j’avais déjà écoutée dans un podcast et que j’avais trouvée fascinante. J’ai plusieurs livres d’elle qui m’attendent, mais j’ai commencé pas Beauté fatale, un livre qui parle de l’industrie de la beauté et de ce qu’elle fait aux femmes en particulier et à la société en général. C’est un livre tellement riche en informations et tellement profond et juste dans sa réflexion que je ne sais pas par où commencer pour en parler. Cela fait deux ou trois semaines que je veux écrire un post à ce sujet, mais il y a trop de choses à dire et j’ai été un peu bloquée.

Mona Chollet analyse les diktats de la beauté et démontre comment l’industrie de la beauté s’est infiltrée dans nos vies et participe au sexisme ambiant. Comment nous, les femmes, en sommes arrivées à détester notre corps car il ne correspond pas aux images dont nous sommes matraquées à longueur de temps et dont on nous dit qu’elles sont les seules représentations de la beauté possibles, et que, évidemment, toute femme qui se respecte doit aspirer à être aussi belle que possible. 🤮

A travers sept chapitres, elle analyse les discours publicitaires, les séries télé, la presse féminine, des enquêtes sociologiques, des témoignages de mannequins et autres, et nous explique comment le monde dans lequel nous vivons nous pousse à nous détester, à être mal dans notre peau, à ne voir notre valeur que dans le regard des hommes, et ainsi à être éternellement soumises et subordonnées.

J’aime penser que je suis plutôt intelligente et que j’ai toujours été féministe. Mais si je veux être honnête, j’ai longtemps pensé que ma valeur était dans le regard des hommes. J’ai toujours détesté me faire emmerder dans la rue, mais adolescente, si j’avais peur quand les hommes me faisaient des commentaires sexistes dans la rue, des “compliments” selon eux, j’étais aussi immensément flattée de l’attention, car j’étais persuadée d’être moche comme un pou. Si un homme, aussi moche et dégueulasse soit-il me remarquait, c’est que peut-être je n’étais pas aussi horrible que ça. Complètement tordu, non ? J’ai un peu envie de vomir en y repensant, et je suis ravie d’avoir évolué et d’avoir arrêté de penser de cette manière il y a bien longtemps (et de ne plus avoir peur de dire aux hommes d’aller se faire mettre tout en leur montrant mon majeur) mais j’ai compris maintenant pourquoi je ressentais ce besoin de validation, et pour en avoir discuté avec beaucoup de femmes, je sais que je n’étais pas la seule. Et je sais aussi que même si les choses évoluent et que les nouvelles générations sont plus “woke”, il y a encore trop de femmes qui pensent que leur valeur ne peut être validée que par le regard des hommes, qui se retrouve dans la mode, à la télé, au cinéma, dans la pub, et partout en fait.

Mona Chollet parle plus spécifiquement de la France dans son livre et comme pour beaucoup de mes autrices préférées, son regard critique est en plein dans le mille.

Dans le premier chapitre, elle parle de la série Mad Men. Je ne l’ai pas vue et je la regarderai si je prends ma retraite un jour et que j’ai plus de temps, mais elle m’a été recommandée par plusieurs amis dont j’approuve les gouts en général. Mona Chollet la décrit assez bien pour que l’on puisse comprendre que la série se déroule dans les années 60, à une époque où le sexisme régnait et où j’aurais détesté vivre.

Puis elle écrit : “On reste donc pantois en découvrant, lorsque le phénomène déferle pour de bon sur la France, à l’automne 2010, sur quoi se fonde l’engouement pour Mad Men : sur les jolies robes. Sur le style. Couturiers et magazines de mode se sont emparés de l’univers de la série, à laquelle ils multiplient les hommages. “Quelle jeune femme d’aujourd’hui n’a pas envie d’un brushing impec et de jolis ongles carmin ? C’est l’effet Mad Men ! s’extasie Elle. “Alors que nous vivons aujourd’hui dans un monde où le style casual est devenu la norme, Mad Men ressuscite une période où chaque femme faisait l’effort de s’habiller avec soin pour mettre en valeur sa féminité” écrit L’Express Styles.” (🤢🤢🤢 = moi)

Et voici une petite capture d’écran avec des passages que j’ai surlignés pour moi-même.

Tout ça se trouve dans les premières pages du livre. J’ai été happée immédiatement.

Du début à la fin, c’est un livre fascinant.

La France, tu l'aimes ou tu la fermes

C’est le titre d’un livre écrit par Rokhaya Diallo, journaliste française qui présente également le podcast Kiffe ta race, dont j’avais déjà parlé ici.

Rokhaya Diallo est noire, musulmane et féministe. J’adore l’écouter parler et j’admire la patience dont elle fait preuve quand elle se retrouve face à des idiots qui lui disent qu’ils comprennent ce que c’est d’être traité différemment car ils sont roux ou gaucher, comme si c’était comparable au racisme auquel les Noirs sont confrontés en permanence depuis si longtemps. Je n’exagère pas, j’ai vu une interview d’elle sur YouTube pendant laquelle ses interlocuteurs, blancs évidemment, lui disaient en gros qu’elle exagérait et que tout le monde était victime de discrimination – l’une en donnant ses cheveux roux en exemple, et l’autre le fait d’être gaucher. 😲

Elle parle de sujets très tabous en France, qui dérangent beaucoup : le racisme systémique et la fragilité blanche, l’identité française, l’obsession avec l’islam et l’islamophobie flagrante, la répression de l’Etat, le féminisme, l’appropriation culturelle, le privilège blanc, et elle fait des parallèles avec les Etats-Unis.

Cette année, j’ai écouté tous les épisodes de Kiffe ta race, j’ai lu le livre de Trevor Noah, Born a Crime, celui de Reni Eddo-Lodge, Why I’m no longer talking to white people about race, et je viens de terminer celui de Rokhaya Diallo. Et je trouve incroyable qu’il n’y ait pas plus de gens qui réagissent et toujours autant de gens dans le déni.

Que ce soit en Afrique du Sud, en Angleterre, aux Etats-Unis ou en France, le racisme est partout, il est systémique, institutionnalisé, et c’est tellement évident. Et si aux Etats-Unis le racisme anti-Noirs est de plus en plus difficile à nier et que le concept de privilège blanc apparait de plus en plus dans les débats publics, en France, on n’en est pas encore là. En France, le mot race a été éliminé de la constitution, donc il ne peut pas y avoir de racisme. Voilà le raisonnement. 😱

Et c’est pour ça que je pense que le travail de Rokhaya Diallo est très important et même indispensable. Elle tient un discours très clair et très cohérent. Très pédagogique aussi. Si mieux comprendre la France vous intéresse, je vous recommande vivement de lire son livre. Je l’ai découverte cette année alors qu’elle milite depuis des années, et j’ai bien l’intention de découvrir ses autres écrits et le reste de son travail.

Elle appartient à ces personnes qui me font réfléchir et me poser des questions que je ne m’étais jamais vraiment posées jusqu’à récemment.

Elle est française et elle est noire. Sa nationalité est sans cesse remise en question et elle doit sans cesse se justifier d’aimer la France quand elle la critique. Je suis française et je suis blanche. Je critique la France depuis toujours. D’ailleurs, je l’ai quittée pour ne jamais y retourner. Personne n’a jamais remis ma nationalité en question. Pourtant, je suis certaine qu’elle aime la France plus que moi et que c’est pour ça qu’elle se bat autant pour la rendre meilleure.

Fred Vargas

Connaissez-vous ce nom ?

Plusieurs de mes étudiantes ont mentionné avoir lu un ou plusieurs livres de cette auteure. Je n’en avais jamais lu jusqu’à récemment mais comme c’est une auteure très connue, traduite à l’international et qui a été récompensée par plusieurs prix, je me suis dit que ce serait bien de la découvrir.

J’ai lu beaucoup de livres policiers dans ma jeunesse, et même si j’en lis beaucoup moins maintenant, je prends toujours plaisir à lire un bon livre policier. Je savais que Vargas écrivait des livres mettant en scène des personnages récurrents, et je me suis dit que j’allais commencer par le premier avec le commissaire Adamsberg : L’homme aux cercles bleus, écrit en 1991.

Je l’ai en fait acheté sur Audible car je me suis dit que ce serait facile à écouter pendant que j’accomplirais des tâches ménagères, dans la rue, dans les transports, ou même en faisant du sport.

J’ai tout d’abord pensé que le lecteur était mauvais car je me suis ennuyée à mourir dès le début. Je n’ai pas vraiment accroché avec sa voix, son débit, son style de lecture. Je n’osais pas penser qu’une écrivaine si populaire puisse m’ennuyer autant. Et pourtant, plus l’histoire avançait et plus j’hésitais à continuer. L’histoire n’avait ni queue ni tête, je trouvais les personnages terriblement rasoir, les dialogues improbables, le style assommant… Bref, je ne suis pas fan.

J’ai ensuite pensé que c’était peut-être à cause du fait que ce livre datait. Il parle d’un monde avant Internet, avant les téléphones portables, en France (toujours 10 ans en retard sur les Etats-Unis, donc on a facilement l’impression que c’est encore plus vieux que ça ne l’est vraiment), et je me suis dit que j’essaierai de lire un autre livre d’elle, plus récent. Ce que j’ai confié à une de mes étudiantes qui a lu plusieurs livres de cette auteure. Elle m’a répondu que ce n’était pas la peine car son style n’avait pas changé avec les années !

Alors j’attendrai d’être à la retraite et d’avoir lu tous les livres que je veux vraiment lire avant de me lancer dans un deuxième Vargas. Autant dire qu’il est peu probable que je le fasse.

Je sais qu’il en faut pour tous les goûts et qu’il y a surement des auteurs que j’adore qui déplaisent à d’autres, mais il y a tellement d’excellents écrivains de livres policiers qui peuvent vous tenir en haleine du début à la fin que j’ai vraiment du mal à comprendre son succès.

Oscar et la Dame rose

J’ai lu ce livre pour la première fois il y a très longtemps. J’étais en vacances en France chez une amie et elle me l’avait recommandé. C’est un tout petit livre et je l’avais lu sur son canapé très rapidement. Et j’avais pleuré toutes les larmes de mon corps. Je n’en ai pas voulu à mon amie, elle m’avait prévenue.

Je viens de le relire et j’ai encore pleuré comme une madeleine. Mais j’ai aussi beaucoup souri.

C’est l’histoire d’un petit garçon de 10 ans, malade d’un cancer, en phase terminale. Il est à l’hôpital, où il a des copains, atteints de maladies diverses. Il se lie d’amitié avec une vieille dame qu’il appelle Mamie-Rose, qui lui raconte qu’elle était catcheuse professionnelle et lui conseille d’écrire à Dieu pour se soulager et se sentir moins seul. Il ne croit pas en Dieu, mais il se laisse convaincre et le livre est une succession de lettres d’Oscar à Dieu. Elles sont drôles et émouvantes à la fois.

Si le thème ne vous effraie pas, je vous recommande vivement de lire ce livre. Préparez des mouchoirs quand même, au cas où. Il se lit d’une traite, même à travers les larmes. En plus, il est plein de vocabulaire intéressant. Voici le début :

La librairie des femmes

Mes étudiants le savent tous et si vous lisez ce blog régulièrement, vous le savez aussi : pour moi, la cause des femmes veut dire beaucoup. C’est aujourd’hui le 8 mars et je veux parler de femmes en ce jour symbolique.

J’ai toujours été dérangée par le traitement réservé aux femmes partout dans le monde, et depuis qu’enfin on en parle vraiment grâce au mouvement #metoo, et que je n’ai plus l’impression qu’on se moque complètement de nous, j’ai envie d’en savoir plus, et j’ai passé beaucoup de temps à me renseigner et à analyser ma propre attitude.

J’écoute des podcasts féministes (un podcast à soi, les couilles sur la table, quoi de meuf, etc. en français, et d’autres en anglais), je lis des livres féministes, j’écoute les différents discours tenus par les personnes publiques du monde entier et je fais attention à ce que disent les gens lambda autour de moi. Cette semaine, j’ai écouté pas mal d’interviews de Jameela Jamil et commencé à la suivre sur Instagram. Je la connaissais depuis la série The Good Place, mais je ne savais pas que c’était une activiste féministe. J’adore l’écouter parler car elle est pleine de sens commun et je crois vraiment qu’elle détient un certain pouvoir pour aider à faire évoluer les mentalités.

Quand je pense à ma propre attitude, au nombre de fois où j’ai pleuré devant mon miroir parce que je me trouvais trop grosse (alors qu’en fait, je n’ai jamais vraiment été grosse), au langage que j’ai pu utiliser avec les enfants avec lesquels j’ai travaillé pendant des années (“arrête de pleurer, on dirait une fille” (oui, j’ai honte), les adjectifs différents utilisés pour les petites filles et les petits garçons (fort / belle, etc)), je me dis que la société patriarcale avait bien réussi, malgré mon caractère fort et rebelle, à me faire penser d’une certaine manière, sans vraiment réfléchir. Et je me dis que si moi, rebelle et en colère contre le système depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’ai pu me laisser influencer ainsi, ce n’est pas surprenant que beaucoup de femmes soient aussi peu féministes et entretiennent la société patriarcale telle qu’elle est, en tenant des propos et en ayant des comportements qui vont contre leurs intérêts.

Je pense vraiment que nous sommes dans une période de changement. Je suis persuadée que les nouvelles générations (de filles et de garçons) sont de plus en plus féministes, prennent de plus en plus conscience des inégalités entre les hommes et les femmes et vont de moins en moins accepter que les femmes soient traitées comme des humains de seconde catégorie. Il y a encore beaucoup à faire, mais grâce aux personnes publiques qui s’expriment fortement sur le sujet, à mon avis, on va pouvoir commencer à passer à la vitesse supérieure et arrêter de penser que parce que l’on a obtenu le droit de vote en 1944 (en France) et le droit à l’avortement en 1975 (toujours en France), on a atteint l’égalité.

En repensant à ma vie, à mon éducation, aux discours qui ont été tenus autour de moi durant ma jeunesse, et à comment j’avais évolué, j’ai pris conscience d’énormément de choses. Mon obsession avec la minceur et mon regard sur les femmes plus grosses, par exemple, j’ai seulement récemment pris conscience que c’était terriblement anti-féministe. J’ai commencé à vraiment le comprendre en écoutant le troisième épisode d’un podcast à soi, et je suis toujours en train d’essayer de gérer cette nouvelle prise de conscience. Ce n’est pas évident, mais je sens que c’est libérateur.

Je lis de plus en plus de livres écrits par des femmes. Et je me suis rendu compte qu’à l’école, on nous faisait étudier quasiment exclusivement des livres écrits par des hommes. Je n’y avais jamais pensé avant ! J’étais en section littéraire au lycée, donc dans la filière où on lisait le plus et étudiait le plus d’auteurs. Et à part La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette, je n’arrive pas à me souvenir d’un seul autre livre écrit par une femme qui était au programme. Je me souviens de Molière, Racine, Corneille, Flaubert, Zola, Balzac, Stendhal, Maupassant, Voltaire, Diderot, Camus, Proust, Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Gide, Chateaubriand, Rabelais, Rousseau, et plein d’autres en fait. Mais à part Madame de la Fayette, pas une auteure dans la liste. J’avais lu George Sand (pseudonyme masculin d’une romancière du 19ème siècle) et adoré La Petite Fadette vers l’âge de 12 ans, mais ce n’était pas au programme du cours de français.

N’y avait-il aucune femme digne d’être étudiée en cours de français et de littérature ? Qui choisit les livres à présenter aux élèves ? Quel message cela fait-il passer aux jeunes gens qui étudient ces œuvres ? Que les femmes n’écrivent pas ? Que ce que les femmes écrivent n’est pas assez important et intéressant pour qu’on l’étudie ?

Après une recherche rapide sur Internet, j’ai l’impression que les choses n’ont pas vraiment changé depuis que j’étais à l’école (j’ai eu mon bac il y a plus de 20 ans quand même !) J’ai trouvé une liste de livres conseillés pour l’été par un certain lycée parisien très réputé, datant de l’été dernier. 5 auteures pour 55 auteurs…

J’ai lu pas mal d’auteures : Margaret Atwood et Lionel Shriver sont deux de mes préférées. J’ai passé mon enfance à lire et relire les livres de la Comtesse de Ségur, les aventures d’Alice détective de Caroline Quine et le Club des cinq d’Enid Blyton. Et bien sûr, la liste de livres écrits par des femmes que j’ai lus est bien trop longue pour que je la partage ici, mais je me rends compte malgré tout que je suis très peu consciente des auteures qui ont existé à travers les siècles (ce que j’essaie de corriger) et je sais très bien que les personnes qui refusent de voir un problème avec la société patriarcale seraient capables de dire que les femmes n’écrivaient pas parce qu’elles avaient d’autres choses à faire et que celles qui écrivaient n’étaient pas intéressantes. Ou quelque chose allant dans ce sens. Mais si c’était le cas, que les femmes n’écrivaient pas autant que les hommes, on pourrait peut-être se demander pourquoi, non ? Et si l’on jugeait inintéressant ce qu’elles écrivaient, on pourrait aussi se demander pourquoi. Qui décidait et décide encore aujourd’hui de ce qui est intéressant ? De ce qui a une valeur littéraire ? Moi personnellement, j’ai toujours détesté Baudelaire et je n’ai jamais compris pourquoi on en faisait tout un flan de ses Fleurs du Mal. Je n’ai jamais aimé ou été touchée par Verlaine ou Rimbaud. Qui a déclaré que c’était des génies ? J’ai adoré lire Stendhal et Flaubert, mais à part Thérèse Raquin, je n’aime pas l’oeuvre de Zola que je trouve ennuyeuse à mourir. J’adore Vian, Prévost et Molière, mais je n’ai jamais réussi à lire plus de quelques pages de Proust sans m’endormir. Tout ça est tellement subjectif, mais les intellectuels français (je suis moins au courant de ce qui se passe ailleurs dans ce domaine) me paraissent tellement prétentieux dans leur façon d’aborder la littérature et d’affirmer qui est bon écrivain et qui est mauvais, qui a du génie et qui n’en a pas. Et la société française me paraît aussi terriblement machiste, dans l’absolu et en comparaison aux autres pays dits développés. Et j’ai le sentiment que ces deux choses se sont pas complètement sans rapport, même si j’ai encore besoin de réfléchir, de lire et d’analyser. Mais je pense que tout est connecté et que ce sujet est très très complexe. Mais il faut en parler pour éveiller les consciences et pouvoir espérer un changement.

Et maintenant, à travers les podcasts que j’écoute, les articles et les livres que je lis, je découvre de plus en plus d’auteures et j’ai même découvert qu’il existait une librairie des femmes depuis 1974 à Paris. Dans cette librairie, on trouve principalement des livres écrits par des femmes. Vous pouvez lire son histoire ici et découvrir des livres et des auteures dont vous n’avez probablement jamais entendu parler. Et vous pouvez lire l’histoire d’Antoinette Fouque, femme extraordinaire dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à récemment. C’est elle qui a ouvert les librairies des femmes à Paris, Lyon et Marseille. Elle était une figure emblématique du MLF (Mouvement de Libération des Femmes), très engagée pour faire changer la société et lutter contre la misogynie. Elle a contribué à une certaine évolution de la société, mais d’après moi, pas autant qu’elle l’aurait pu car elle n’avait pas assez de gens qui étaient prêts à se mouiller et prendre son parti. Elle était activiste avant l’ère #metoo…

Mais aujourd’hui, si toutes les femmes privilégiées, celles que l’on écoute, celles qui ne risquent pas leur vie, s’unissaient pour dénoncer les injustices faites aux femmes et si les hommes féministes faisaient entendre leur voix un peu plus fort, on pourrait voir un vrai changement avant trop longtemps, à mon avis.

Bonne journée du 8 mars !

Connaissez-vous le plus grand des voleurs…

… qui est aussi un gentleman cambrioleur ?

Je veux parler d’Arsène Lupin. Je pensais qu’il existait vraiment quand j’étais petite. Je le voyais à la télé et j’espérais que toutes ces histoires étaient vraies, tellement je trouvais ce personnage fascinant.

Mais c’était seulement un personnage sorti de l’imagination de Maurice Leblanc au début du 20ème siècle.

Il était charmant, charmeur, beau parleur et terriblement intelligent. Il se déguisait et changeait d’identité pour arnaquer les gens qui n’y voyaient que du feu.

Si ça vous dit de lire ses aventures, elles sont disponibles en ligne et les chapitres sont courts. Très bon pour pratiquer la lecture active. Ne vous arrêtez pas trop sur le passé simple et l’imparfait du subjonctif. L’essentiel est de les comprendre, et c’est bien si vous savez les identifier, mais vous n’avez pas vraiment besoin de savoir les utiliser (sauf si vous avez un projet spécifique qui implique une connaissance parfaite du français, jusqu’à l’imparfait du subjonctif !)

https://bibliothequenumerique.tv5monde.com/livre/88/Arsene-Lupin-gentleman-cambrioleur

Et voici une chanson sur ce cher Arsène :

300 millions de locuteurs francophones

Cette semaine a eu lieu le Sommet de la Francophonie, en Arménie. Dans cette courte vidéo, vous trouverez des données et des statistiques sur la langue française, et découvrirez entres autres qu’elle a progressé de 10% en 4 ans et qu’elle est la cinquième langue la plus parlée  et la deuxième langue étrangère la plus apprise au monde. C’est aussi la quatrième langue sur Internet.

Vous trouverez ici une carte de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) autour du monde. Je serais prête à parier que beaucoup d’entre vous ignoraient qu’autant de pays étaient membres ou observateurs de cette institution. 

Pour mieux comprendre ce qu’est la Francophonie, quels sont ses buts et ses missions, vous pouvez vous rendre ici

Je suis tombée sur cette vidéo de France 24 que j’ai trouvée plutôt intéressante. La journaliste interviewe Stephen Clarke, écrivain anglais qui a écrit des livres hilarants sur la France que je recommande vivement. A lire en anglais, car c’est à mon avis toujours plus intéressant de livre un livre en version originale si l’on peut. J’ai lu ses livres A year in the merde et Merde Actually il y a quelques années déjà et je ne me souviens pas de tout, mais je me souviens d’avoir énormément ri. Le narrateur est le même dans les deux livres (et je crois qu’il y en a deux autres où on le retrouve) et dans le premier livre, il est assez jeune (moins de 30 ans), débarque à Paris et commence à observer toutes les différences culturelles entre la France et l’Angleterre, les Français et les Anglais. J’avais à peu près l’âge du narrateur quand je l’ai lu et je vivais à Londres, où j’observais les différences culturelles de l’autre côté de la Manche. Il les prenait avec beaucoup plus d’humour que moi à l’époque !

Dans la vidéo, j’aime le passage où il parle du peu de chance que le français devienne un jour la langue la plus parlée au monde et les raisons qu’il évoque. Je suis assez d’accord avec lui. Et autant j’adore la langue française, autant je trouve tellement plus simple de m’exprimer en anglais parfois ! Quand j’enseigne, je fais le maximum pour parler exclusivement en français, mais en dehors du travail, je parle un mélange des deux langues. Souvent, quand le français exige une proposition relative pour exprimer un concept, l’anglais n’exige qu’un mot. L’anglais est tellement plus flexible et malléable. Et en même temps, j’adore la complexité et la richesse de la langue française. Je suis heureuse qu’elle progresse dans le monde et qu’il y ait de plus en plus d’apprenants de français, mais comme Clarke, je doute qu’elle devienne la première langue au monde. Pas dans un futur proche en tout cas. 

Avant de poster, j’aimerais mentionner un autre auteur, américain cette fois, que je trouve hilarant et qui a également écrit sur la France : David Sedaris. Dans la deuxième moitié de son livre Me Talk Pretty One Day, on trouve une série d’essais sur sa vie en France, délicieusement amusants. Il parle de la France dans d’autres livres aussi, mais j’ai oublié lesquels. J’ai dû lire six de ses livres et qu’il parle de la France ou des US, cela vaut vraiment le coup de le lire. 

La Dame aux Camélias

http://bibliothequenumerique.tv5monde.com/livre/279/La-Dame-aux-camelias

C’est ainsi que commence le roman d’Alexandre Dumas fils. Il fait partie du domaine public et se trouve facilement en ligne. Il n’est pas très épais et l’histoire n’est pas compliquée à comprendre. Je l’aime beaucoup. Elle m’a fait pleurer et quand je suis allée voir la Traviata à l’opéra, j’ai pleuré à nouveau ! Je ne savais pas à l’époque que c’était la même histoire !

Pas que j’envie la vie de Marguerite, ni que j’aurais aimé vivre à cette époque, mais c’est une histoire touchante. D’autant plus qu’apparemment, elle a été inspirée par la propre histoire d’amour de Dumas fils. 

Si vous aimez l’ambiance parisienne du 19e siècle et les histoires d’amour tragiques, La Dame aux Camélias est pour vous ! Vous pourrez ainsi réviser votre passé simple et enrichir votre vocabulaire tout en voyageant dans le temps. 

 

La rentrée littéraire

Vous connaissez la rentrée des classes, qui a lieu début septembre en France. C’est le moment où les élèves retournent à l’école (ou y vont pour la première fois). 

Personnellement, j’ai toujours adoré cette période de l’année. Le temps passé dans les papeteries,  les nouvelles fournitures scolaires, les nouveaux cahiers, les nouveaux stylos, l’agenda … Et la curiosité de découvrir les nouveaux profs, les bonnes surprises quand on en avait des sympas, les déceptions quand on en avait des grognons. Après 2 mois de vacances, j’étais toujours très enthousiaste de retourner à l’école, de retrouver une routine, de retrouver mes copines, d’apprendre de nouvelles choses. 

A la même période de l’année, il y a également la rentrée littéraire en France. Cette année, elle a commencé le 16 août et se terminera le 31 octobre. Pendant cette période, 567 romans seront publiés, dont 381 romans français. 94 sont des premiers romans. 

Pour ceux qui sont toujours à la recherche de nouvelles lectures en français, ça peut valoir le coup de s’y intéresser. 

Ici, un article avec une liste de 37 livres choisis par Babelio, et , une autre, plus courte, de livres choisis par Télérama. 

L’analphabète

C’est un récit autobiographique d’Agota Kristof, une Hongroise contrainte de quitter son pays en guerre en 1956, occupé par l’armée soviétique. Après être passée par l’Autriche, elle se retrouve en Suisse avec son mari et son enfant, tout d’abord dans des centres de réfugiés, avant d’être envoyée en Suisse francophone. Elle ne parle pas un mot de français quand elle commence cette nouvelle vie mais elle écrira la plus grande partie de son oeuvre en français.

Ce livre est très court (58 pages) et se lit très facilement. Il est très émouvant et je le recommande vivement à tous ceux qui souhaitent lire en français et qui s’intéressent aux questions du langage et de l’identité.