S’installer à Paris : récit et conseils d’une étudiante

En arrivant à Paris en 2018, je ne m’attendais pas à être toujours ici un an plus tard. J’avais prévu de rester dans cette très jolie ville pendant 3 mois pour apprendre le français. Mais après une semaine j’en suis tombée amoureuse et j’ai décidé de rester un peu plus longtemps. Paris, c’est une ville qui offre l’opportunité de faire d’innombrables activités. Vous pouvez visiter des musées, voir des expositions, vous balader dans de nombreux parcs, faire du shopping selon ce que vous permet votre portefeuille, etc. En outre, la nourriture et le vin sont extrêmement délicieux. C’est un vrai rêve pour les touristes ! Cependant, si vous voulez vous installer en France, c’est important de savoir certaines choses avant votre installation.

D’après mon expérience, les démarches administratives constituent les plus grands obstacles lorsque l’on décide de rester à Paris. Premièrement, il faut ouvrir un compte en banque pour vivre en France surtout lorsque vous travaillez ici. Quand j’habitais à Londres, il était possible d’ouvrir un compte en ligne sans aller à la banque – c’était toujours un processus simple qui prenait quelques jours tout au plus. Mais en France, j’ai eu l’impression d’être dans les années 80. J’ai dû organiser un rendez-vous avec un conseiller pour remplir le formulaire avec lui et fournir des pièces d’identité. Malheureusement, lors de l’ouverture du compte, j’ai eu quelques problèmes et j’ai été obligée d’aller à la banque pour voir mon conseiller à chaque fois (au total 4 fois en 4 semaines !) pour les résoudre. Finalement j’ai réussi à ouvrir un compte mais si j’ai des problèmes, je dois consulter mon conseiller, c’est-à-dire qu’il faut aller à la banque à chaque fois. La technologie semble inutile dans le secteur bancaire ou peut-être est-ce seulement la banque avec laquelle j’ai choisi de créer une relation.

Deuxièmement, comme je travaille à Paris, je dois avoir un numéro de sécurité sociale. Cependant, j’ai une situation unique, ce qui signifie que je n’ai pas d’acte de naissance. Je suis née au Laos et quand j’avais sept mois, mes parents ont dû quitter le pays à cause de la situation politique, sans papiers. J’ai grandi en Australie et j’ai habité à Londres pendant 16 ans. Cela ne m’a jamais posé de problème de toute ma vie mais en France il faut avoir un acte de naissance pour tout faire. Donc quand j’ai demandé un numéro de sécurité sociale, c’était compliqué. J’ai eu plusieurs discussions avec des employés de la Sécurité Sociale et tout le monde m’a dit que je n’obtiendrais pas de numéro sans acte de naissance. Il me semblait être entrée dans un cauchemar administratif sans aucune directive sur la façon de m’en sortir. J’avais peur d’aller dans leurs bureaux parce que j’avais entendu dire que c’était le pire. Vous pouvez le vérifier à travers les commentaires sur Google ! Finalement après de nombreuses conversations avec des amis au cours desquelles ils m’ont conseillé de leur envoyer une lettre avec toutes les pièces d’identité et une explication de ma situation, j’ai réussi à avoir une conversation avec un membre du personnel. Au début, elle a hésité à me donner le numéro et m’a dit qu’elle voulait avoir plus d’informations. Mais ce même jour elle m’avait laissé un message vocal dans lequel elle me disait qu’elle avait décidé de me permettre d’avoir un numéro – enfin ! Par contre, j’attends toujours un formulaire pour demander ma carte vitale depuis 2 mois…

De plus, je vous recommanderais d’apprendre la langue avant de vous installer en France. Au minimum, soyez capable de dire quelques phrases, de poser des questions et de connaitre les règles de politesse. J’ai visité Paris plusieurs fois avant mon arrivée l’année dernière et j’avais appris qu’il était commun que les gens ne parlent pas l’anglais. Donc si vous voulez effectuer des démarches administratives, il sera très utile d’avoir un bon niveau de français. Je connais des gens qui habitent ici sans vraiment parler la langue (seulement quelques mots) mais je trouve que c’est restrictif et que cela diminue votre indépendance. Si vous voulez vraiment vous intégrer à la société et vous faire des amis français, il sera essentiel de le parler. Néanmoins, la communauté des expatriés est grande et vous pouvez toujours passer un bon moment à rencontrer des gens du monde entier.

Je voudrais vous dire quelques petites choses sur la vie quotidienne. Je ne suis pas sure si cela s’applique partout en France mais cela a été mon expérience à Paris. Tout d’abord, si vous voulez garder vos chaussures propres, faites toujours attention en marchant sur les trottoirs. Les crottes de chiens sont partout ! C’est vraiment dégoutant et cela m’a étonnée quand je suis arrivée ici. La chose suivante, c’est les passages piétons. En Angleterre, dès que vous faites un pas sur le passage piétons, les véhicules s’arrêtent pour vous permettre de traverser. Mais à Paris, ces marques servent plutôt de décorations dans la rue. Ne vous attendez pas à ce qu’un véhicule s’arrête pour vous. Enfin, les Parisiens marchent sur les trottoirs comme s’il n’existait pas d’autres personnes – ça veut dire un peu agressivement surtout quand ils ne sont pas tout seuls. Au début, c’était agaçant parce que je devais constamment m’écarter pour me protéger. Cependant j’ai appris à adopter la même approche qu’eux et j’ai constaté qu’en fait, ils se déplacent à la dernière minute pour éviter une collision.

C’était donc quelques conseils pour quiconque souhaite s’installer en France, basés sur mon expérience. Avant de vous installer ici, préparez-vous psychologiquement aux démarches administratives. Sachez que vous devrez être patient et ferez probablement face à de longues attentes (quelques semaines ou mois). Pour vous aider, créez de bonnes relations avec des Français – cela améliorera votre français en même temps ! Sur ce sujet, comme je l’ai dit plus haut, à mon avis, c’est nécessaire d’apprendre le français pour avoir une vie plus facile ici. Alors prenez ces manuels de français et commencez à apprendre dès que vous le pouvez. Et finalement, quand vous arrivez, faites attention aux trottoirs – des choses dangereuses vous y attendent !

Julie Lee – www.borntobeyou.co.uk

Julie a réussi le DELF B2 l’an dernier et travaille maintenant le français à un niveau avancé. Elle progresse très rapidement car elle est très active dans son apprentissage, recherche la compagnie de Français et de Françaises, fait des échanges linguistiques, est ambassadrice de réunions meetup, et elle fait attention à tous les petits détails de la langue ! Et bien sûr, elle fait toujours ses devoirs et se pose toujours plein de questions pour comprendre le fonctionnement de la langue ! 🙂

« La Servante Écarlate » et les droits des femmes dans le monde

Ce texte a été écrit par une de mes étudiantes qui travaille au niveau C1 mais qui ne souhaite pas passer le DALF. Elle apprend le français pour le plaisir depuis 2015. J’ai corrigé quelques petites erreurs et l’ai aidée à reformuler une ou deux phrases, mais c’est elle qui a fait le plus gros du travail ! On pourrait encore l’améliorer en variant un peu plus les verbes et les structures, et en utilisant des synonymes pour les mots un peu simples, mais je trouve que c’est déjà plutôt très bien comme ça, non ? Êtes-vous capable d’écrire ainsi ?

O nome dela é Jennifer / Eu encontrei ela no Tinder / Mas ela faz umas paradas / Que eu não faço com você

« Son prénom est Jennifer/ Je l’ai trouvée sur Tinder/ Mais elle fait des choses/ Que je ne fais pas avec vous »

Ah, le Carnaval ! Tous les ans c’est la même chose !  Il y a une chanson, une mélodie qui a beaucoup de succès. Cette année, on a ce petit bijou de la musique, « O nome dela é Jennifer ». À travers les paroles, on peut déduire que l’homme a une copine, mais qu’il s’est inscrit sur Tinder parce qu’apparemment sa femme refuse de faire « des choses ». Le compositeur, dans une interview, a raconté que cette idée lui était venue parce qu’un de ses amis était avec une femme grosse et, honteux, a justifié qu’il l’avait trouvée sur Tinder. Et qu’elle n’était pas belle, mais faisait des choses que les autres refusaient de faire. Quelle poésie !

Les musiques du Carnaval sont habituellement sexistes. Les gens disent que ce n’est pas important, qu’elles servent à s’amuser, à divertir. Alors, où est le problème? À mon avis, il y a un véritable problème !

Mais quelle est la relation entre les chansons sexistes et le livre « The Handmaid’s Tale » (« La Servante Écarlate » en français), écrit en 1985 par Margaret Atwood ? Ce livre, une dystopie, décrit une théocratie fondamentaliste chrétienne dans laquelle les femmes ont perdu tous leurs droits et appartiennent aux hommes. Elles ont des rôles spécifiques, ne peuvent pas sortir librement, ne peuvent pas parler aux gens. Elles s’habillent avec des couleurs spécifiques selon leurs fonctions et sont constamment surveillées. Les femmes sont des objets pour les hommes et n’ont pas le droit d’utiliser leurs prénoms. Elles s’appellent OF plus le nom de leurs propriétaires, cela signifiant qu’elles leur appartiennent.

Les droits des femmes sont très récents dans l’histoire de l’humanité. Le droit de vote, par exemple, est une conquête de moins de 100 ans. Ce sont des droits très fragiles. On a tendance à croire que les droits des femmes vont durer pour l’éternité, mais comment peut-on en être persuadé ? On est loin d’une situation d’égalité. Les femmes sont considérées inférieures aux hommes dans beaucoup de situations. Elles gagnent moins d’argent que les hommes. Elles se considèrent coupables quand elles se font violer. Et on parle seulement de notre partie du monde où les femmes ont des droits ou peuvent lutter pour eux. Parce que dans de nombreux pays, les femmes sont des objets et appartiennent aux hommes de leurs vies d’une manière qui n’est pas très différente de la servante écarlate.

Ce sont de petites choses qui peuvent changer tout. Comme dans l’histoire de la servante écarlate, l’acceptation vient petit à petit, les droits sont perdus sans que l’on s’en rende compte. Alors, quand on considère que c’est amusant de danser sur une chanson qui utilise les femmes comme objet de plaisir pour les hommes, on participe à un certain retour en arrière dans ce que l’on a si durement acquis.

Ecrit par Cristiane, étudiante brésilienne