L’accent québécois

Il y a quelques semaines, j’avais partagé deux vidéos qui parlaient de l’accent québécois. J’avais expliqué que les Français avaient parfois du mal à comprendre les Québécois. Ce que je n’avais pas vraiment mentionné, c’est que parfois, les Français n’aiment vraiment pas cet accent et s’en moquent ouvertement.

Cette vidéo touche le sujet en surface. Je ne connais pas ce YouTubeur, mais au vu du nombre d’abonnés qu’il a, il doit être un peu connu dans le monde étrange des YouTubeurs, en tout cas au Québec. Je ne sais pas s’il fait des vidéos plus profondes que celles-ci, mais je voulais la partager car il mentionne le fait que certains commentaires de Français critiquent son accent, avec des commentaires parfois assez insultants de mon point de vue.

Petit test pour vous. Arrivez-vous à comprendre ce qu’il dit ? Je mets la transcription sous la vidéo, de la 19ème à la 40ème seconde, en enlevant des mots. Saurez-vous compléter ce petit extrait ? Je n’approuve pas tout à fait la grammaire, mais je ne suis pas très au courant du fonctionnement du québécois et je ne sais pas ce qui correspond à de la bonne grammaire là-bas. Au niveau académique, c’est comme en France, mais à l’oral, je ne sais pas. Le français parlé est beaucoup moins formel que le français écrit en France, et une de mes étudiantes m’a dit que c’était exactement la même chose à Montréal, avec des codes différents toutefois.

Bref, donc oui, c’est _____ un secret pour personne, j’habite à Montréal au Québec. Puis, _____________ même vous _____ prouver. __________ moi toute cette neige ! Juste au Québec, __________ autant _____ neige que… ça. Donc, __________, on peut voir mon _________, __________ juste là-bas. C’est là où ____________ chaque _______ en fait. Mais _____ comme j’ai __________, je _______________________ l’orignal, et puis __________________ juste après.

Il peut manquer plus d’un mot. Solutions ici.

La glottophobie en France

Il y a quelques mois, je découvrais ce terme : glottophobie. Il avait fait l’actualité en France, lors d’un incident dont je parle brièvement dans ce post.

J’ai un peu changé d’opinion depuis. Comme sur beaucoup de choses en fait. Mon déménagement, ma nouvelle vie et le bazar que ça a été depuis le début, m’ont fait beaucoup réfléchir. Le fait que j’ai une vie sociale quasi inexistante m’a permis d’écouter beaucoup de podcasts et de lire beaucoup d’articles sur des sujets qui ont commencé à m’intéresser de plus en plus. J’ai toujours été sensible à la discrimination contre les femmes, à la façon dont on traite les handicapés, au racisme et à l’homophobie, mais je n’avais jamais vraiment pensé à toutes les autres sortes de discriminations qui existent. Étant une femme blanche et hétéro, née en occident, sans handicap visible, avec un corps qui correspond à la norme de ce qui est acceptable par la société patriarcale dans laquelle nous vivons, sans grave problème de santé mentale ou physique à part mes allergies alimentaires, sans accent régional ou autre signe particulier, les seules discriminations que j’ai subies et que je subis encore régulièrement sont dues au fait que je suis une femme (je laisse de côté le racisme dont je fais occasionnellement l’objet ici, parce que j’ai encore du mal à l’analyser). Et cela me met dans une colère folle à chaque fois. Alors je suis de plus en plus consciente que si en plus d’être femme, on est noire et/ou homosexuelle, et/ou grosse, et/ou handicapée, etc, la vie doit être vraiment super frustrante et je pense que je ne peux même pas comprendre entièrement ce que vivent et ressentent ces femmes.

Alors maintenant, quand j’entends parler de discrimination, quelle qu’elle soit, je ne veux plus penser qu’on fait une montagne de tout pour pas grand-chose. Parce que même si la glottophobie concerne un nombre réduit de personnes, elle en concerne assez pour qu’on en parle. Et d’ailleurs, même si cela ne concernait qu’une personne, il faudrait quand même en parler ! C’est une véritable discrimination qui a longtemps été socialement acceptable. Jusqu’à récemment, c’était acceptable de refuser d’offrir un emploi à quelqu’un à cause de son accent. C’était socialement acceptable de se moquer de quelqu’un à cause de son accent ou de lui faire des commentaires désobligeants.

J’ai écouté un podcast super intéressant cette semaine sur ce thème, que je vous recommande vivement d’écouter : Programme B épisode 89, Glottophobie, façons de parler.

Les Français et le québécois

Une de mes étudiantes a partagé cette vidéo avec moi cette semaine en me disant que c’était très drôle. Je suis d’accord ! Les Québécois parlent français et sont même souvent plus protecteurs de la langue française que les Français eux-mêmes, et pourtant, il n’est pas rare qu’ils aient du mal à se faire comprendre par les Français.

Et vous, vous comprenez l’accent québécois facilement ?

Cette vidéo est intéressante en complément, pour celles et ceux qui s’intéressent à tout ce qui touche à la langue française :

La raclette

Cette semaine, mon mari est rentré du travail avec une surprise pour moi. Un marché de petits producteurs s’était tenu à son travail et il y avait un marchand suisse qui vendait de la raclette. Quand j’ai vu le récipient rempli de pommes de terre, raclette, et salade, j’étais comme une enfant à Disneyland. J’ai tout mangé en deux temps trois mouvements. Et je lui ai fait les yeux doux pour qu’il aille m’en chercher une autre. Tant pis pour le régime !

La raclette est originaire de Suisse, mais c’est aussi un plat régional en France. Quand je vivais dans les Alpes, tous mes amis avaient un appareil à raclette. Et beaucoup de Français vivant dans d’autres régions en ont un aussi. J’ai même vécu dans une maison à Londres où il y en avait un. 

Pour ceux qui ne savent pas ce qu’est la raclette, vous vous demandez peut-être de quoi je peux bien parler quand je parle d’un appareil à raclette. 

En voici un exemple

Quand on parle de faire une raclette, on a ça en tête. Il y a plusieurs façons d’accompagner la raclette. Moi, je l’ai toujours connue avec des pommes de terre, de la charcuterie, des cornichons et de la salade. Il faut brancher l’appareil et chaque personne dispose d’un poêlon individuel dans lequel on  place le fromage, qui fond sous le gril. Une fois qu’il est fondu comme on l’aime, on le verse dans notre assiette, sur les pommes de terre ou ailleurs, selon nos goûts.

Comme ça

Evidemment, ce n’est pas un plat de régime. C’est très lourd. Et si vous prévoyez une raclette chez vous, soyez conscient que cela risque de parfumer votre maison d’une odeur très forte de fromage et que c’est mieux de garder les portes fermées. Ou de l’organiser chez des copains 🙂

Accents régionaux et stigmatisation

J’ai appris un nouveau mot cette semaine : la glottophobie. En fait, il n’est même pas dans mon dictionnaire. Je n’ai pas fait de recherche poussée, mais il aurait été créé en 2008 par un sociolinguiste pour décrire la discrimination linguistique. 

Ce mot est apparu dans l’actualité de la semaine dernière après qu’un politicien s’est moqué d’une journaliste parlant avec l’accent du sud-ouest. Comme on vit dans un monde complètement dingue, une députée aurait alors proposé une loi contre la glottophobie, qu’elle aurait ensuite dit être une blague. Je n’ai pas lu les articles en détail car honnêtement, ils me fatiguent avec leur propension à faire un fromage de tout (= grossir démesurément l’importance d’un fait) mais si ça vous intéresse, en voici un

Mais il est vrai qu’il y a une certaine discrimination en France envers certains accents régionaux, très certainement comme dans la plupart des pays, et que l’accent de la capitale est celui reconnu comme le “bon” accent, l’accent “sérieux”, l’accent à rechercher, celui qu’on doit imiter. 

L’accent du Nord est souvent moqué, celui du Sud souvent aimé. L’accent belge, l’accent suisse et l’accent québécois sont souvent l’objet de blagues et de moqueries. 

Quelqu’un me demandait récemment si j’étais capable de reconnaître d’où était un Français juste en l’écoutant. Je reconnais quelques accents, mais je ne reconnais pas la plupart je pense. Il y en a vraiment beaucoup ! Voyez si vous, de langue maternelle autre que le français, êtes capable de déceler les accents en écoutant ceci. Entendez-vous des différences ou est-ce que tout se ressemble pour vous ? Je sais que j’ai souvent du mal à différencier les accents des autres langues. En anglais, je vais en général reconnaître l’accent d’un pays, mais je ne sais pas vraiment différencier les accents selon les états aux US, et je peux à peu près reconnaître qu’une personne à un accent du Nord de l’Angleterre, mais je ne saurai pas dire de quelle ville exactement. 

Voici une petite vidéo diffusée sur France 24 la semaine dernière, dans laquelle on entend quelques accents aussi : 

Le mois d’août

On m’a récemment demandé comment prononcer ce mot : août. Personnellement, je le prononce /ut/. Mais je l’ai entendu prononcé /u/, /au/ ou encore /aut/. Cela me paraissait étrange quand j’étais petite car ma propre grand-mère ne le prononçait pas comme moi, mais j’ai fini par m’habituer en supposant que c’était un truc générationnel et/ou régional. Je suis tombée sur un article intéressant à ce sujet qui confirme que c’est à la fois générationnel et régional !

Par contre, les gens qui prennent leurs vacances en août sont appelés des aoûtiens (prononcez /ausjɛ̃/, /ausjɛn/ au féminin). (Les vacanciers de juillet sont appelés des juillettistes.) 

Et je viens d’apprendre qu’il y avait aussi un verbe dérivé du mot août : (s’)aoûter, qui veut dire mûrir (par la chaleur du mois d’août), comme dans l’été aoûte les fraises / les melons s’aoûtent jusqu’en septembre.

Plus de vocabulaire régional

Je continue donc aujourd’hui avec quelques mots de la Yaute.

Si vous croisez quelqu’un ici, il est possible qu’il vous salue en disant “adieu donc“. Je me souviens d’avoir trouvé cela très très étrange quand j’ai commencé ma vie ici. Pour moi, “adieu”, ça veut dire qu’on ne se reverra jamais. Mais ici, ils le disent comme on dit “bonjour” et aussi pour dire “au revoir”. Pour dire au revoir, ils disent aussi “arvi” ou “arvi pa“.

J’ai appris hier soir que les pommes de terre s’appelaient “tartifles” ici. Si vous connaissez la tartiflette, vous y verrez un lien.

Et j’ai appris aujourd’hui qu’il y avait beaucoup de gnolus sur la route ces jours-ci. Mon amie était allée chercher son fils au ski et m’a annoncé ça en rentrant. Je n’ai évidemment pas compris. Elle m’a expliqué que c’était comme ça qu’ils appelaient les gens qui n’avançaient pas, qui étaient mous. Il n’est évidemment pas nécessaire d’être en voiture pour se faire appeler ainsi, mais si un Savoyard vous qualifie de gnolu, ce n’est pas un compliment !

Les parlers régionaux

Je suis en France aujourd’hui, en Haute-Savoie exactement, dernière région de France où j’ai vécu. Je suis chez des amis qui sont nés ici et j’ai sans cesse envie de corriger leur français !

Quand je suis venue m’installer dans cette région il y a très longtemps, je ne comprenais pas toujours tout. En visite, plus de 15 ans après être partie, il y a encore des moments où je ne suis pas sûre du sens d’un mot, et comme je le disais, je brûle de corriger ce qui sonne comme des fautes de grammaire à mes oreilles, mais qui sont simplement leur façon de parler.

Aujourd’hui, je n’ai pas pu m’empêcher de corriger mon amie quand elle m’expliquait qu’elle faisait du yoga entre midi. J’ai dit entre midi et quoi? Je savais ce qu’elle voulait dire, mais c’était très bizarre pour moi. J’avais envie qu’elle finisse sa phrase !!! Elle voulait parler de l’heure du déjeuner bien sûr, et m’a expliqué qu’ils disaient comme ça ici.

Quand ils parlent de “peuf“, ils parlent de poussière ou de neige poudreuse.

Si l’on vous dit que ça va roiller demain, évitez de sortir, ça veut dire qu’il va pleuvoir très fort.

Si l’on vous demande “ça va ou bien ?“, on veut juste savoir comment vous allez, rien d’autre en particulier !

Et si vous entendez des “y” partout, ce n’est pas un effet de votre imagination, ils mettent vraiment des “y” partout !! Comme par exemple, “j’y sais” au lieu de “je sais”, “j’y fais” au lieu de “je fais”, etc.

Je vais essayer de relever d’autres mots qui sont étranges pour moi demain.