Assis ou accroupi ?

Difficile de trouver des articles sans aucun rapport avec le virus dernièrement et depuis que j’ai décidé de réduire le temps que je passe sur Internet, je n’ai pas vraiment lu d’articles en fait. Je lis plutôt des livres ces temps-ci. Deux ou trois en même temps de préférence. Et ça me fait beaucoup de bien.

Les médias sont trop anxiogènes. Même les émissions humoristiques me stressent. Alors je vis sans savoir combien de cas de virus ont été détectés dans le monde et combien de morts ont été recensées. Et je ne m’en porte que mieux.

Cependant, je me suis dit que ce serait bien de faire une petite analyse cette semaine alors je suis allée faire un tour sur le site de Sciences et Vie, et j’ai trouvé ce court article, qui prouve que l’on peut travailler sa lecture active à partir de deux paragraphes seulement, quand on ne dispose pas d’énormément de temps.

  • mieux vaut = c’est préférable de – on retrouve cette formule dans plusieurs expressions, telles que “mieux vaut tard que jamais”, ou encore “mieux vaut prévenir que guérir”. En connaissez-vous d’autres ?
  • accroupi : comment expliquer accroupi sans passer par la traduction ? C’est une position du corps que les enfants prennent très naturellement quand ils se baissent, mais que beaucoup d’adultes (surtout en occident) ont du mal à garder sans lever les talons. On a les jambes pliées et on se tient assis sur ses talons (ou avec les talons levés). C’est la position que l’on doit tenir si l’on utilise des toilettes à la turque.
  • n’est pas le propre de : ce n’est pas seulement l’homme moderne occidental qui est inactif
  • en suivant : gérondif utilisé pour exprimer la manière
  • vivant : participe présent, qui pourrait être remplacé par une relative : “qui vivent”
  • ceux-ci : pronom reprenant “chasseurs-cueilleurs”
  • soit : connecteur, synonyme de “c’est-à-dire”
  • adoptent : fonctionne avec “positions” – adopter une position : collocation fréquente
  • diffèrent : observez l’accent grave qui indique que nous n’avons pas affaire à l’adjectif “différent” mais au verbe “différer” à la troisième personne du pluriel. Êtes-vous capable d’expliquer pourquoi l’accent aigu de l’infinitif est devenu un accent grave ? Sinon, il est temps de revoir la règle ! (Mon post Instagram d’hier en parle)
  • agenouillés : position à genoux, les jambes totalement repliées sous soi
  • or : connecteur, synonyme de “cependant”, “toutefois”
  • mobilisée : observez l’utilisation du participe passé (beaucoup d’étudiants auraient tendance à écrire “qui est mobilisée”, ce qui alourdit un peu le style)
  • ce n’est pas tant : observez l’utilisation de cette structure
  • délétère : dangereux, nocif, toxique

Une semaine dans ma bulle

Cette semaine, je n’ai pas travaillé. Je n’ai ouvert aucun livre de français, ni fait quoi que ce soit qui avait à voir avec le travail.

J’étais supposée prendre l’avion pour Taïwan dans la nuit du 3 au 4 avril. Puis me rendre au Japon le 8 avril. Où je devais rester jusqu’au 3 mai.

J’ai passé tellement d’heures à préparer ce voyage, à choisir méticuleusement mes hôtels pour pouvoir travailler confortablement, tout en essayant de visiter de nouveaux endroits du pays, que quand il est devenu évident qu’il allait falloir y renoncer, je ne l’ai pas très bien pris. J’étais vraiment déçue, c’est le moins qu’on puisse dire.

Puis je me suis rendu compte que mon cas était loin d’être le pire et qu’en comparaison avec la plupart des gens touchés par ce virus d’une façon ou d’une autre, j’avais en fait beaucoup de chance. Je crois qu’à part les gens très riches qui ont une grande maison et un jardin, il n’y a personne que j’envie en ce moment. Et encore, avoir une grande maison et un jardin, ça veut dire qu’il faut les entretenir et c’est du travail que je suis contente de ne pas avoir à effectuer !

J’avais prévu de ne pas travailler cette semaine et j’avais véritablement besoin d’une pause, alors j’ai dû concocter un plan. On a le droit de sortir de chez nous à Bangkok, mais je préfère éviter. Je déteste porter un masque et si je sors sans, on risque de me jeter des regards noirs que je n’ai pas envie d’affronter.

Qu’allais-je donc bien pouvoir faire pour me changer les idées et me ressourcer ?

Déjà, j’ai décidé d’éteindre mon téléphone, cet appareil diabolique qui passe son temps à m’interrompre et à me bombarder d’informations toutes plus déprimantes les unes que les autres. Il est toujours en mode silencieux et je pourrais donc l’ignorer, mais hé, je ne suis qu’une faible personne qui se laisse facilement tenter en pensant, allez, je lis juste 5 minutes. Qu’est-ce que 5 minutes ? C’est rien ! Mais à la fin de la journée, qui sait combien de temps j’ai passé sur cette fichue machine… Et depuis le début de la pandémie, il n’est plus question que de ça, tous les articles sont terriblement anxiogènes et j’en ai consommé jusqu’à l’overdose.

Cela a été vraiment reposant de ne pas lire les informations pendant toute la semaine, de ne pas faire défiler Instagram à n’en plus finir, et de ne pas recevoir de messages et donc de ne pas avoir à y répondre. J’ai passé la semaine toute seule et j’ai fait des choses rien que pour moi.

Je ne me suis pas séparée de mon mari, mais pour le bien de notre couple, nous avons décidé de vivre séparément quelque temps car à deux dans notre petit appartement 24 heures sur 24, cela aurait pu très mal finir. Il doit travailler en ligne, comme beaucoup de monde à l’heure actuelle, et il doit aussi parler plusieurs heures par jour à travers Skype ou Zoom. On a fait l’expérience pendant deux semaines fin février, début mars, et c’était intenable. J’avais l’impression que mon territoire était envahi, il était là, tout le temps, il faisait du bruit, il vivait au milieu du salon, quand il se faisait à manger, il faisait encore plus de bruit et moi, je pétais les plombs. On a la chance de vivre dans une ville où les loyers ne sont pas rédhibitoires et d’avoir les moyens de payer deux loyers temporairement (voire plus longtemps, mais c’est un autre sujet 🙂 )

J’étais donc seule cette semaine et j’avais demandé auparavant à ma prof de japonais si l’on pourrait faire un cours chaque jour, ce qu’elle avait accepté, et comme je ne pouvais pas être au Japon, j’ai décidé de me créer une petite bulle intérieure japonaise. J’ai étudié tous les matins avec mes flashcards, et j’ai révisé un paquet de points de grammaire en reprenant mes cours depuis le début. Cela a été incroyablement efficace pour consolider beaucoup de concepts. J’ai rarement le temps d’en faire autant, alors que si je l’avais, mon niveau de japonais ne serait probablement pas aussi ridicule au bout de 3 ans. Je me suis rendu compte que j’avais oublié beaucoup de choses, mais aussi que tout avait beaucoup plus de sens à présent. J’ai retrouvé ma prof tous les jours à la même heure et j’ai regardé des séries japonaises tous les soirs.

Mais je n’ai pas fait que du japonais !

J’avais aussi décidé de jeûner cette semaine. Je n’ai pas mangé pendant toute une journée. Quand on ne fait que lire sur le canapé, on n’a pas vraiment besoin d’énergie en fait ! Je pensais continuer plusieurs jours, mais le lendemain, après une quarantaine d’heures sans rien avaler d’autre que de l’eau, je voulais faire un peu de musculation, mais je me suis sentie un peu faible et aussi, j’avais cet horrible gout dans la bouche qui m’a poussée à changer de plan et à faire un petit repas. Et j’ai tenu ce rythme toute la semaine. Je ne peux plus courir car la salle de sport est fermée, alors je ne me dépense pas énormément. Je n’ai donc pas besoin d’ingérer beaucoup de calories. Cependant, je me suis constitué une petite salle de sport dans mon salon, avec des poids, un step qui me sert aussi de banc de musculation, et je fais donc des exercices de musculation. Alors, je mange un petit repas par jour. J’ingère moins que je ne dépense et ça me fait beaucoup de bien. J’en avais marre de trop manger tout le temps. Et c’est fou le temps que l’on gagne quand on ne cuisine pas et ne mange pas !

J’ai aussi lu sept livres cette semaine et j’en ai entamé deux autres. En français et en anglais. Je partagerai bientôt mes lectures en français sur ce blog. Les livres étaient tous assez courts et faciles à lire. Le plus long était The Testaments de Margaret Atwood, que j’ai écouté en livre audio en deux sessions car, une fois que j’ai repris, je ne pouvais plus m’arrêter. C’est en anglais, mais je le recommande vivement quand même ! (je suis sure qu’il a été traduit en français, mais je préfère toujours lire en langue originale si possible) J’avais adoré The Handmaid’s Tale il y a quelques années et j’ai adoré retrouver cette atmosphère dystopique totalement flippante. Mon mari l’écoute en ce moment et en discutant avec lui, j’ai compris que j’étais passé à côté de quelques références religieuses, car je ne connais pas la Bible, mais cela n’a pas entravé mon plaisir et ma fascination.

Cela a été une semaine très agréable. Je me suis reposée, je n’ai fait que des choses qui me faisaient plaisir, et j’ai vraiment apprécié d’avoir ce temps pour moi et de prendre le temps de faire les choses, sans me presser, sans stresser. Et j’ai décidé qu’à partir de maintenant, j’allais avoir une relation moins fusionnelle avec mon téléphone et que j’allais accorder plus d’importance à mon temps et à ce qui compte vraiment pour moi. Je ne vais plus lire les actualités comme si ma vie en dépendait. Mon téléphone restera éteint pendant la journée et je lirai mes messages une fois le matin et une fois le soir, et j’y répondrai en bloc à une heure consacrée à cette activité, et si je n’ai pas le temps de terminer, et bien, ça attendra. Je vais prendre mieux soin de moi, consacrer du temps chaque jour à des activités qui me procurent du plaisir, comme l’étude du japonais, le sport et la lecture, je vais également m’autoriser des moments pour ne rien faire de productif. Je vais prendre du temps pour appeler mes amis de temps en temps et je vais arrêter d’être disponible pour tout le monde tout le temps ! Je sais que personne ne me l’a demandé, mais c’est moi qui me mets la pression toute seule d’être toujours disponible et d’aider les autres (mari, amis, élèves…) quand ils me le demandent et en fait, ça me pèse. Et je me demande comment font les femmes qui ont des enfants (en particulier celles qui ont aussi un emploi hors de la maison) pour ne pas devenir folles. Quand trouvent-elles le temps de faire des choses pour elles-mêmes sans être constamment interrompues ?

Je sais que certaines personnes sont adeptes du multitâche et je l’ai longtemps été moi-même, mais je ne supporte plus ça ! J’ai l’impression que dès que je dois partager mon attention, je fais n’importe quoi. Alors que quand je peux me concentrer sur une tâche à la fois, je suis plus efficace et beaucoup plus satisfaite du résultat.

Cette semaine m’a donné envie de ralentir et je compte bien m’écouter cette fois !

Série : Mytho

Netflix m’a suggéré de regarder cette série récemment. Il a mis du temps, mais je crois qu’il a enfin compris que j’avais tendance à regarder tout ce qui sortait de France ou de la francophonie.

J’ai donc commencé à regarder cette série un vendredi soir et elle m’a plu dès le premier épisode. Mais contrairement à d’autres séries, je n’ai pas pu la regarder d’une traite, bien qu’elle ne contienne que 6 épisodes. C’était trop intense pour moi. J’ai dû étaler le visionnage sur plusieurs jours.

On voit cette femme, mère de 3 enfants, qui exerce un travail ennuyeux à mourir, avec un patron horrible, et qui vit la vie de beaucoup de femmes quand elle rentre chez elle, où elle commence son deuxième travail non rémunéré, pour lequel elle n’est évidemment pas appréciée : cuisine, rangement, ménage, etc. Elle est épuisée et au bord du burnout. Pour couronner le tout, le père de ses enfants la trompe et elle s’en doute. Et un jour, elle décide de lui dire qu’elle est malade. Un petit mensonge qu’elle n’avait ni prévu ni l’intention de faire durer. Mais à partir de là, tout change et son mensonge va lui échapper.

J’ai trouvé les acteurs plutôt très bons et crédibles. Et bien que je n’approuve pas son mensonge, je comprends tellement comment elle a pu en arriver là et perdre le contrôle. J’avais de la peine pour elle et vu comment le dernier épisode s’est terminé, j’imagine qu’il y aura une deuxième saison.

6 épisodes d’environ 45 minutes pour pratiquer votre compréhension orale.

L’avortement au Salvador

On s’est souvent étonné que je ne veuille pas d’enfant. Les mentalités évoluent doucement, et il est de plus en plus acceptable aux yeux de la société d’être femme et de ne pas vouloir être mère, mais ce n’est pas la réalité pour toutes les femmes de ce monde. J’ai 10000 raisons de ne pas vouloir d’enfant, la première étant que je n’en veux pas. Et quand je lis des articles comme celui que je partage aujourd’hui, je me demande même comment on peut vouloir mettre au monde un enfant dans un monde pareil. La société évolue, trop lentement, beaucoup trop lentement selon moi, et si votre enfant est une fille, la vie ne sera pas aussi douce avec elle que si c’était un garçon. Et ce, à peu près partout dans le monde. Si en plus d’être fille, elle est noire/asiatique/arabe, etc., et/ou handicapée et/ou autiste et/ou lesbienne, et/ou pauvre, quelles sont les chances que sa vie soit un long fleuve tranquille ? Ceci étant dit, une partie de moi peut comprendre que l’on veuille des enfants, mais ce n’est pas pour moi.

Je n’ai jamais été enceinte et je n’ai jamais l’intention de l’être, et si cela m’arrivait, ce serait un malheureux accident et je n’aurais aucune hésitation à aller me faire avorter. Et je suis si furieuse quand j’entends / je lis des histoires comme celles de ces femmes salvadoriennes. Je bous de colère. J’ai envie d’hurler. Quand ce monde cessera-t-il d’être si injuste et quand cessera-t-on d’opprimer les femmes ainsi ? Comment peut-il encore exister des gens au 21ème siècle, avec tout le progrès des dernières décennies, qui pensent que les hommes peuvent prendre des décisions pour les femmes ? Comment peut-il exister des gens qui pensent que les femmes sont des êtres inférieurs ? Cela me met tellement en rage que j’ai l’impression qu’aucun mot n’est assez fort pour décrire ce que je ressens. Souvent, j’en pleure, tellement je me sens impuissante, mais ce n’est pas ça qui va faire changer les choses. Alors je m’instruis. Je lis des livres qui racontent l’histoire du monde, l’histoire des femmes et des hommes. Cela m’aide à mieux comprendre, mais certainement pas à accepter, ni à me calmer. Et ça m’énerve que tout le monde n’essaie pas de s’instruire.

L’article d’aujourd’hui est assez long et j’ai choisi de le partager en entier. Pour l’analyse, je me suis limitée aux verbes (en rose), aux connecteurs (en bleu) et au vocabulaire (souligné). J’essaie toujours de faire ces analyses en me mettant dans la peau d’une étudiante avancée qui comprendrait quasiment tout, mais qui aurait tendance à toujours utiliser le même vocabulaire car elle aurait peur de sortir de sa zone de confort. Le temps dont je dispose et mon état d’esprit varient selon les semaines, ce qui fait que les analyses ne suivent pas toujours le même schéma. J’ai tendance à penser que c’est pour tout le monde pareil. Certains jours, vous avez plus de temps et vous allez rechercher les mots et les expressions mal connus dans le dictionnaire, rechercher des exemples, faire vos propres phrases, etc. D’autres jours, vous aurez plutôt recours à la traduction, car ça va plus vite. Ou vous allez mélanger plusieurs méthodes selon ce qui vous vient à l’esprit le plus vite. Il n’y a pas de méthode parfaite. Ce qui compte, c’est de faire ce travail régulièrement, de travailler la langue activement et régulièrement !

On remarquera le vocabulaire de la justice. Et des injustices…

  • toute forme de : any type of
  • y compris : including
  • s’inscrire dans : remarquez la préposition. On s’inscrit à un examen, à un cours, mais quand on dit que qqch s’inscrit dans qqch, on veut dire que ça fait partie de qqch, que c’est en accord avec qqch. Il y a beaucoup de noms qui peuvent être combinés avec s’inscrire dans : la continuité, la durée, le temps, le cadre, un courant de pensée, etc. Le sens du verbe variera un peu selon le nom qui suit.
  • imprégnant : du verbe imprégner = ici, influencer profondément
  • un bébé mort-né : stillborn baby
  • encourait : du verbe encourir = risquer de recevoir. Tous les criminels encourent une peine, risquent de recevoir une sanction
  • lors de : synonyme de pendant
  • homicide aggravé par négligence : type de crime – on entend souvent parler d’homicide volontaire ou d’homicide involontaire. Il peut être aggravé par négligence, maladresse, imprudence, etc.
  • après avoir passé : remarquez la structure : après + infinitif passé – très souvent, les étudiants avancés continuent de faire des erreurs avec cette structure. Est-ce votre cas ? Diriez-vous *après passer ?
  • derrière les barreaux : autre façon de dire en prison
  • clamé son innocence : clamer, c’est manifester ses sentiments, ses convictions, en termes violents, par des cris. Des noms souvent associés à clamer : son innocence, son indignation, son mécontentement, etc.
  • acquittée : déclarée innocente
  • aussitôt : immédiatement
  • acclamé : salué par des cris, approuvé, applaudi
  • ont-elles scandé : remarquez l’inversion, pas inhabituelle à l’écrit. On la trouve souvent après une citation. Scander, c’est dire qqch de façon rythmée, haut et fort. Les manifestants scandent souvent des slogans durant les manifestations.
  • la bataille : un combat, une lutte. Nom qui revient dans beaucoup d’expressions.
  • pourtant : remarquez sa place. Les étudiants ont tendance à le placer presque exclusivement en début de phrase. Vous avez deux exemples dans ce texte où il est placé après le verbe.
  • l’une des législations anti-IVG les plus strictes au monde : plusieurs choses à observer ici : le superlatif (l’une des NOM les plus ADJ), l’accord de l’adjectif, au monde (préposition à), IVG = intervention volontaire de grossesse.
  • stipule : du verbe stipuler – synonyme de dire
  • dans les faits : synonyme de en fait
  • passible de : on peut encourir une peine de prison ou être passible d’une peine de prison, c’est la même chose (voir plus haut)
  • de réclusion : de prison
  • même lorsque : même quand
  • juste après : right after
  • une fausse couche : a miscarriage
  • préférera : remarquez l’utilisation du futur + l’accent aigu sur le deuxième e. Avec les rectifications de l’orthographe, on écrira plutôt : préfèrera, car on prononce /pʁefɛrʁa/. Je parlerai de cette règle dans un post à venir.
  • accusé de complicité : si vous aidez un criminel, vous pouvez être accusé de complicité
  • en mars dernier : le diriez-vous ainsi ? avec la bonne préposition ?
  • à la suite de : + NOM – following
  • la plupart : remarquez que le nom “femmes” a été omis. Il est sous-entendu et c’est pour cela que le verbes qui suit est au pluriel. Voir ce post si vous avez besoin d’un rappel.
  • issues de : venant de
  • preuves ténues : des preuves très minces, fragiles, à peine recevables. Pouvez-vous penser à d’autres adjectifs qui fonctionneraient bien avec le nom “preuve” ?
  • voire : adverbe rarement utilisé par les étudiants. On l’utilise pour renforcer une idée, la pousser un peu plus loin. Par exemple : il me faudra 10 ans pour vraiment comprendre le japonais, voire 20. Tu peux me prêter un livre pour les vacances, voire deux ou trois ?
  • quelles que soient : déclinaison féminin pluriel de “quel que soit” : whatever may be… “quelles” s’accordent avec “preuves“.
  • se dessine : apparait
  • constitue : du verbe constituer – synonyme de créer
  • une double peine : double penalty
  • car : remarquez sa place en début de phrase (2 fois dans le texte) – Les livres de grammaire disent qu’on ne doit pas mettre cette conjonction en début de phrase. Je le dis aussi à mes étudiant·e·s. Mais je le fais moi-même de temps à autre. Comme les anglophones qui apprennent qu’on ne doit pas commencer une phrase avec “and”. Mais qui le font quand même. Je suis pour qu’on prenne des libertés avec la langue et ses règles, une fois qu’on la maitrise à un très haut niveau. Avant ça, je recommande la prudence.
  • les plus aisées : sous-entendu “les femmes les plus aisées
  • se rendre : synonyme de aller
  • celles sans ressources : les femmes sans ressources – utilisez-vous naturellement celle, celui, ceux ?
  • le système D : familier = le système débrouille : resourcefulness, ingenuity
  • quitte à : même si ça veut dire que, au risque de
  • ingèrent : du verbe ingérer = avaler
  • la mort-aux-rats : poison destiné à tuer les rats
  • s’introduisent : du verbe s’introduire – vous pouvez voir ici l’ambigüité du verbe (s’)introduire, avec lequel je recommande à mes étudiant·e·s d’être prudent·e·s
  • des aiguilles à tricoter : knitting needles
  • en parallèle : en même temps
  • à des fins abortives : dans le but d’avorter
  • sous le manteau : en contrebande, au marché noir, illégalement
  • précise : synonyme de dire
  • ont cherché à : du verbe chercher à = essayer de
  • les avortements clandestins : illegal abortions – à quels autres adjectifs pouvez-vous penser avec le nom “avortement” ?
  • se sont multipliés : du verbe se multiplier
  • ont été pratiqués : forme passive
  • en deçà de : en dessous de
  • souligne : synonyme de dire
  • malgré : remarquez la structure malgré + nom
  • fortement ancré : avec des racines très solides, enraciné
  • un clivage entre… et… : une forte différence de pensée
  • sans… mais aussi sans … : observez la structure – demandez-vous si vous l’utiliseriez de vous-même.

Être puni pour travailler trop, c’est possible en France

Il y a très longtemps, quand je vivais encore en France, je travaillais en intérim et j’avais travaillé quelques semaines au centre des impôts de la ville où je vivais. On était pré-Internet et j’avais été embauchée pour faire la saisie des déclarations de revenus, c’est-à-dire que je devais entrer dans le système informatique ce que les gens avaient déclaré sur papier. Contrairement à mes collègues qui se connaissaient toutes et passaient des heures à se raconter leurs vies, je passais tout mon temps à saisir. Et un jour, l’une d’entre elles m’a fait une réflexion voulant clairement dire que je travaillais trop et que ça la dérangeait. J’ai observé des comportements lors de mon court passage dans ces services qui m’ont fait comprendre pourquoi les fonctionnaires étaient tant critiqués en France. Bien sûr, il y en avait qui étaient très professionnels, mais une très grande partie passait beaucoup de temps à se tourner les pouces. J’étais très jeune et j’ai été vraiment choquée.

Et cette semaine, j’ai lu une histoire qui m’a fait écarquiller les yeux. L’ État français a refusé d’accorder la nationalité française à une infirmière étrangère sous prétexte qu’elle travaille trop. Dans le pays où la semaine de travail est de 35 heures, il est vraiment très mal vu de travailler plus de 50 heures. C’est même contre la loi apparemment. Incroyable !

Si le personnel soignant était mieux considéré et donc mieux payé, peut-être n’aurait-il pas besoin de travailler autant, non ? Il pourrait ainsi se conformer à la loi.

J’ai donc décidé de faire l’analyse d’un article relatant cette histoire. J’ai pris celui du Figaro, dans lequel j’ai corrigé les coquilles. En rose, des formes verbales, en bleu, des connecteurs, en vert, des prépositions, en jaune, des participes passés, soulignés, du vocabulaire à observer. Et en rouge, une erreur de la journaliste que je n’ai pas corrigée, mais que je vais expliquer, car c’est un point de grammaire qui pose souvent problème. Mes commentaires se trouvent à la suite du texte.

  • se voit refuser : structure passive. Si vous vous voyez refuser quelque chose, cela veut dire que vous avez demandé qqch et que qqn vous l’a refusé. Vous n’avez pas vraiment eu votre mot à dire, et c’est pour cela que l’on étudie cette structure quand on étudie le passif.
  • s’est vue refuser : où est l’erreur ? On a un verbe à l’infinitif qui suit un autre verbe, pronominal celui-ci. On a un sujet au féminin, une infirmière. On pourrait penser que logiquement, le participe passé de voir devrait être au féminin, puisqu’on a l’auxiliaire être. Mais non. Si l’action de l’infinitif “refuser” était effectuée par le sujet “infirmière”, alors oui, on accorderait. Mais ce n’est pas l’infirmière qui a refusé. C’est qqn d’autre. Par conséquent, on n’accorde pas le participe passé. (j’écrirai un poste de grammaire à ce sujet bientôt)
  • a suscité : verbe qui exprime la conséquence, construction directe. Qqch suscite qqch.
  • une vague d’indignation : vague a ici le sens de mouvement et peut être associé a beaucoup de noms. Un vague de colère, une vague de tendresse, une vague d’enthousiasme, une vague d’incompréhension (dans le texte également), etc. Pouvez-vous penser à d’autres ?
  • dépasser le temps de travail légal : auriez-vous penser à ce verbe ? Que peut-on dépasser d’autre ? Qu’est-ce qui peut dépasser ?
  • un motif solide : deux mots qui vont bien ensemble. Un motif, c’est une raison. Il peut aussi être officiel, valable, légitime, inavouable, etc. Quoi d’autre ?
  • préjudiciable : auriez-vous penser à cet adjectif ?
  • une demande de naturalisation : vocabulaire de l’immigration – quand on veut obtenir la nationalité d’un pays, on fait une demande de naturalisation
  • au motif de : à cause de
  • la lettre de refus : il existe aussi des lettres de motivation, de candidature, de démission, de remerciements, de recommandation, etc. Quoi d’autre ?
  • a provoqué : verbe qui exprime la conséquence
  • confrères : synonyme de collègues, très utilisé par les journalistes. Les docteurs et les avocats aussi.
  • a bien confirmé : qu’est ce petit “bien” ici ? Il est utilisé pour accentuer le fait que la préfecture a confirmé, il n’y a plus de doute possible. Si je dis que j’ai bien profité de mes vacances, je veux dire que j’ai vraiment profité de mes vacances. “bien” peut indiquer une certaine intensité.
  • cumuler : un bon synonyme d’avoir, plus précis, qui veut dire “avoir simultanément”.
  • effectue : un bon synonyme de faire
  • soit : c’est-à-dire
  • en infraction : être en infraction, c’est ne pas respecter la loi
  • au regard de : pour, selon
  • limitant à : observez le participe présent (= qui limite) et la construction verbale : limiter à qqch
  • la demandeuse déboutée : la demandeuse fait référence à l’infirmière qui a demandé qqch, déboutée signifie que sa demande a été rejetée
  • ne compte pas : ne prévoit pas – je compte faire qqch = j’ai l’intention de faire qqch
  • en rester là : s’arrêter
  • faire appel de la décision : vocabulaire de la justice – faire appel d’une décision = contester une décision
  • de nombreux : synonyme de beaucoup de
  • n’ont pas manqué de : ne pas négliger de, ne pas oublier de
  • le dépassement du temps de travail : après le verbe plus haut, nous avons maintenant le nom
  • une pratique courante : mots souvent associés. Des synonymes seraient : une pratique habituelle, répandue, usuelle, généralisée, en vigueur, etc. Une pratique peut aussi être ancestrale, peu orthodoxe, discutable, scandaleuse, déviante, etc. Pouvez-vous penser à d’autres adjectifs ?
  • le milieu hospitalier : quels autres milieux connaissez-vous ?

Je n’ai pas commenté la plupart des connecteurs, ni les prépositions. Mais il est toujours bon de les observer et de vous demander si pour vous, le sens et l’utilisation sont évidents.

Grève des urgences – analyse d’un article

Avez-vous déjà eu besoin d’aller aux urgences ? Les services d’urgences sont-ils efficaces dans votre pays ?

Apparemment, en France, les urgences se sont dégradées. J’ai été surprise de lire qu’un tiers des Français était déjà allé aux urgences alors qu’il n’y avait pas d’urgence et qu’ils en étaient conscients. En fait, je suis sidérée. Je savais que c’était comme ça dans d’autres pays, supposés être moins efficaces que la France. Par exemple, je me souviens d’avoir passé un weekend au lit quand je vivais à Madrid, avec une fièvre carabinée et des douleurs à la gorge et aux oreilles. Je ne savais pas vers qui me tourner. Je ne savais pas qu’il y avait un service de garde le weekend et que l’information était affichée sur la porte de mon médecin habituel. Je l’ai appris le lundi matin quand j’ai pu voir ma docteure. Mais pendant que j’agonisais au fond de mon lit, j’ai envoyé des textos à des Espagnols que je connaissais pour savoir s’il y avait des médecins qui travaillaient le weekend. Personne ne savait rien et tous m’ont recommandé d’aller aux urgences. J’étais vraiment mal, mais je savais que mon cas n’était pas urgent. Je savais que je n’étais pas mourante et que j’avais seulement une otite. Je souffrais, mais le lundi matin, on m’a prescrit des antibiotiques et j’allais mieux dès le mardi. Je crois que j’aurais trop honte d’aller aux urgences en sachant que mon cas n’est pas une urgence.

L’abus des services n’est pas le seul problème, mais c’en est un important à mon avis. L’article mentionne d’autres problèmes.

Aujourd’hui, j’ai choisi de me concentrer sur ces quelques points : en rose, des verbes utiles, en jaune, des participes passés sans auxiliaires, en bleu, des connecteurs logiques, en rouge, de la grammaire à observer, et j’ai souligné du vocabulaire – soit des mots individuels, soit des groupes de mots.

  • les services d’urgences : on dit “aller aux urgences”, mais quand on parle de tous les services qu’on y trouve, on parle des services d’urgences.
  • massivement soutenue : penseriez-vous à dire ceci ? Je sais que beaucoup de mes étudiant·es seraient tenté·es de dire beaucoup/très supportée. Ce qui serait incorrect (to support = soutenir)
  • révéler : un synonyme de dire, avec une petite nuance. Révéler, c’est dire qqch qui n’était pas su avant (une information, un secret…)
  • un baromètre : au sens propre, c’est un appareil qui mesure la pression atmosphérique. Au sens figuré, c’est un indicateur d’une multitude de choses. Comme en anglais il me semble.
  • réalisé : synonyme de faire. Se réfère au baromètre. Je n’avais jamais fait attention qu’on pouvait réaliser un baromètre. Dans ce contexte, j’entends plus souvent que l’on peut réaliser une enquête, un sondage.
  • dévoiler : synonyme de révéler
  • en effet : connecteur qui permet de justifier ce qui vient d’être écrit.
  • les professionnels de santé : l’ensemble des personnes qui travaillent avec des patients
  • soutenir : on peut soutenir un mouvement, une cause
  • démarré = commencé
  • mi-mars : savez-vous que l’on dit ainsi ? (et non pas *la moitié de mars)
  • pour lequel : préposition + pronom relatif composé – comprenez-vous cette structure qui pose souvent problème aux étudiants ? Une nouvelle action est prévue pour ce mouvement = ce mouvement pour lequel une nouvelle action est prévue
  • est prévue : du verbe prévoir = to plan
  • les acteurs de la santé : toutes les personnes qui jouent un rôle dans le monde médical
  • interrogés : se réfère aux acteurs de la santé
  • d’accord sur : on est d’accord (avec qqn) sur qqch
  • le constat effectué : quand on fait un constat, c’est plus soutenu de dire qu’on l’effectue
  • un/une gréviste : une personne qui fait la grève
  • se détériorer : aller de plus en plus mal. Empirer est un autre synonyme.
  • n’hésitent pas à : remarquez la construction verbale. On hésite à faire qqch.
  • de leur faute : par extension, de ma faute, de ta faute, de sa faute, etc.
  • c’était plus facile que de trouver : auriez-vous mis le “de” ?
  • avancer les frais médicaux : les frais, c’est ce que l’on doit payer (fees), et avancer, cela veut dire qu’on doit payer. Avancer de l’argent, c’est prêter de l’argent et c’est aussi payer en avance. Ce qui sous-entend que si l’on va aux urgences, on ne paye pas.
  • à cause de : connecteur logique de cause
  • au sein des urgences : à l’intérieur des urgences
  • chez les soignants : les soignants sont les personnes qui soignent, qui prennent soin des patients, et chez les soignants ne veut pas dire chez eux, dans leur maison, mais parmi eux. L’auriez-vous dit ainsi ?
  • ainsi : connecteur logique de conséquence
  • le milieu hospitalier : la sphère des personnels de l’hôpital
  • soit : c’est-à-dire
  • chez l’ensemble des Français : comme pour chez les soignants, on ne parle pas des maisons des Français. Auriez-vous penser à l’expression l’ensemble des Français ? C’est plus soutenu que chez tous les Français.
  • des troubles : synonyme de problèmes, très utilisé dans le domaine de la santé
  • des maux de tête : pluriel d’un mal de tête
  • la santé morale : on a aussi la santé physique, la santé mentale, etc.
  • est touchée : se réfère à la santé morale. Elle est touchée, c’est-à-dire qu’elle est affectée
  • effectuer : synonyme de faire – effectuer un travail : plus soutenu
  • hausse constante : deux mots qui vont bien ensemble
  • a réagi : synonyme de dire.
  • infirmière aux urgences de l’hôpital… : auriez-vous utilisé les bonnes prépositions ?
  • membre du collectif : membre du groupe
  • dans les services : remarquez la préposition utilisée
  • le temps d’attente : le temps qu’il faut attendre
  • à ce que : on ne peut jamais JAMAIS dire *à que – pensez au pronom neutre CE
  • vers ce que : de même, *vers que est impossible. On a besoin du petit CE. Hmm, peut-être peut-on se demander si que peut suivre une préposition ou s’il faut toujours insérer CE.. Je vous laisse méditer là-dessus.
  • que l’on : version plus soutenue de qu’on – utilisez-la à l’écrit !
  • puisque : connecteur logique de cause

Choses à savoir avant de s’installer en France

Étant française, je n’ai jamais eu à me poser certaines questions par rapport à la vie en France. Je sais plus ou moins comment les choses fonctionnent, ou tout du moins, je le savais quand j’y vivais. Même si l’administration m’a toujours donné des boutons et que je l’évitais autant que possible.

Quand je vivais en Espagne, j’étais tombée sur les vidéos d’une Américaine vraiment adorable, du nom de Patricia et vivant en France. Elle fait des vidéos beauté qui ne m’intéressent pas du tout, mais elle fait aussi beaucoup de vidéos pour parler de la France et de ses expériences et observations. J’aime aussi l’écouter parler car elle parle très bien, malgré quelques petites fautes par-ci par-là. Elle est très fluide et très naturelle en tout cas. Et comme je ne l’avais pas regardée depuis longtemps, je trouve qu’elle a progressé depuis la dernière fois que j’avais regardé une de ses vidéos.

Récemment, YouTube m’a suggéré une de ses vidéos intitulée : 10 choses que j’aurais aimé savoir avant de venir en France. Elle y parle d’administration française, c’est son premier point, et si vous vivez ou souhaitez vivre en France, écoutez bien ce qu’elle dit car c’est très vrai ! Elle parle aussi de prononciation, de vocabulaire, de cartons de lait, de politesse, de bise, de santé, de chocolat, de guacamole et de harcèlement sexuel.

Système de santé français : analyse d’un article

Cette semaine, j’ai sélectionné un court article de France Info parlant de santé et comparant le système français au système américain – sans aller en profondeur du tout, mais ce n’est pas grave, car il nous intéresse linguistiquement avant tout.

Dans cet article, j’ai choisi de relever en jaune le vocabulaire de la santé, en vert, certains verbes, en bleu, des participes passés sans auxiliaire, et j’ai souligné des mots, expressions et tournures de phrases intéressantes à observer. Je vous laisse le soin de faire une analyse de tous ces éléments, car je ferai seulement quelques commentaires en dessous du texte.

  • Si vous ne vivez pas en France, vous ne savez peut-être pas ce qu’est une carte Vitale. C’est une carte d’assurance maladie du même format qu’une carte bleue (= carte de crédit) mais elle est verte et contient des informations relatives à la santé. La plupart des Français en ont une et je pense que les personnes résidant en France y ont également droit.
  • Savez-vous que l’Hexagone désigne la France ? Si vous observez la forme du pays sur une carte, vous pouvez distinguer six côtés.
  • Observez que l’on peut dire qu’un congrès s’est tenu quelque part, ce qui signifie qu’il a eu lieu quelque part.
  • Leary salue le système français. Cela veut-il dire qu’elle lui dit bonjour ?
  • Les cancérologues ont lancé une alerte : vous comprenez certainement cette expression, mais auriez-vous pensé à l’utilisé de vous-même ?
  • exercer : au lieu de dire qu’un docteur travaille à l’hôpital, vous pouvez dire qu’un docteur exerce à l’hôpital, car on peut “exercer la médecine”, et plus généralement “exercer un métier”.
  • plus… plus… et moins… : observez bien cette structure – plus + S + V, plus + S + V et moins + S + V – dans cet ordre !