Y a pas que le français dans la vie, y a aussi la Zumba

Un post un peu différent aujourd’hui.

Le monde entier est plus ou moins confiné. Tout le monde a dû annuler ses vacances, ses projets, ses activités et je sais que pour moi, le plus dur a été quand les salles de sport ont fermé. J’ai un surplus d’énergie et de rage que j’ai besoin d’extérioriser et comme je suis plutôt pacifiste, je le fais en faisant du sport. CrossFit, course sur le tapis de course, Zumba, tout ce qui peut me faire me dépenser en transpirant beaucoup en fait.

Quand ma salle de sport a fermé, comme beaucoup, j’ai immédiatement commandé de l’équipement sportif, car j’ai la chance d’en avoir les moyens et d’avoir pu bouger mes meubles pour me constituer un petit espace sportif dans mon salon. Je fais de la muscu et grâce à YouTube et tous les super instructeurs et instructrices qui proposent des vidéos gratuites et variées, mes séances de sport ne sont jamais répétitives et c’est ce qui marche pour moi.

Par contre, j’aime aussi danser mais je ne suis pas très douée. J’adore la Zumba et avant cette crise, j’allais aux cours de mon amie Bea, qui vient du Guatemala et qui est prof de Zumba depuis de nombreuses années, pour adultes et pour enfants. Elle est aussi formatrice de profs. Elle a dû arrêter de donner des cours dans les salles de sport où elle travaille d’habitude et elle s’est organisée pour donner des cours en ligne. Après quelques petits couacs au début, elle maitrise maintenant très bien les outils qu’elle utilise et j’adore prendre part à ses cours.

Il paraitrait que les salles de sport vont rouvrir mi-juin, mais bien sûr, les choses peuvent encore changer, et en attendant, je vais continuer à retrouver Bea et les autres sur Zoom deux fois par semaine. Elle propose 5 cours collectifs chaque semaine et des cours pour les enfants.

Si vous aimez danser, essayez les cours de Bea ! Vous pouvez réserver ici. 5 dollars pour une heure, ce serait dommage de s’en priver ! Et si vous n’avez jamais fait de Zumba auparavant, ce n’est pas grave, on s’améliore avec la pratique ! Un peu comme le français ! Si on est comme moi et que l’on a du mal à coordonner ses bras et ses jambes, ça prend plus longtemps, mais ça reste très divertissant et très libérateur. Je me sens toujours vraiment positive après les cours.

Peut-être que l’on se croisera chez Bea 😉

Son Instagram : zjbeatriz

Une semaine dans ma bulle

Cette semaine, je n’ai pas travaillé. Je n’ai ouvert aucun livre de français, ni fait quoi que ce soit qui avait à voir avec le travail.

J’étais supposée prendre l’avion pour Taïwan dans la nuit du 3 au 4 avril. Puis me rendre au Japon le 8 avril. Où je devais rester jusqu’au 3 mai.

J’ai passé tellement d’heures à préparer ce voyage, à choisir méticuleusement mes hôtels pour pouvoir travailler confortablement, tout en essayant de visiter de nouveaux endroits du pays, que quand il est devenu évident qu’il allait falloir y renoncer, je ne l’ai pas très bien pris. J’étais vraiment déçue, c’est le moins qu’on puisse dire.

Puis je me suis rendu compte que mon cas était loin d’être le pire et qu’en comparaison avec la plupart des gens touchés par ce virus d’une façon ou d’une autre, j’avais en fait beaucoup de chance. Je crois qu’à part les gens très riches qui ont une grande maison et un jardin, il n’y a personne que j’envie en ce moment. Et encore, avoir une grande maison et un jardin, ça veut dire qu’il faut les entretenir et c’est du travail que je suis contente de ne pas avoir à effectuer !

J’avais prévu de ne pas travailler cette semaine et j’avais véritablement besoin d’une pause, alors j’ai dû concocter un plan. On a le droit de sortir de chez nous à Bangkok, mais je préfère éviter. Je déteste porter un masque et si je sors sans, on risque de me jeter des regards noirs que je n’ai pas envie d’affronter.

Qu’allais-je donc bien pouvoir faire pour me changer les idées et me ressourcer ?

Déjà, j’ai décidé d’éteindre mon téléphone, cet appareil diabolique qui passe son temps à m’interrompre et à me bombarder d’informations toutes plus déprimantes les unes que les autres. Il est toujours en mode silencieux et je pourrais donc l’ignorer, mais hé, je ne suis qu’une faible personne qui se laisse facilement tenter en pensant, allez, je lis juste 5 minutes. Qu’est-ce que 5 minutes ? C’est rien ! Mais à la fin de la journée, qui sait combien de temps j’ai passé sur cette fichue machine… Et depuis le début de la pandémie, il n’est plus question que de ça, tous les articles sont terriblement anxiogènes et j’en ai consommé jusqu’à l’overdose.

Cela a été vraiment reposant de ne pas lire les informations pendant toute la semaine, de ne pas faire défiler Instagram à n’en plus finir, et de ne pas recevoir de messages et donc de ne pas avoir à y répondre. J’ai passé la semaine toute seule et j’ai fait des choses rien que pour moi.

Je ne me suis pas séparée de mon mari, mais pour le bien de notre couple, nous avons décidé de vivre séparément quelque temps car à deux dans notre petit appartement 24 heures sur 24, cela aurait pu très mal finir. Il doit travailler en ligne, comme beaucoup de monde à l’heure actuelle, et il doit aussi parler plusieurs heures par jour à travers Skype ou Zoom. On a fait l’expérience pendant deux semaines fin février, début mars, et c’était intenable. J’avais l’impression que mon territoire était envahi, il était là, tout le temps, il faisait du bruit, il vivait au milieu du salon, quand il se faisait à manger, il faisait encore plus de bruit et moi, je pétais les plombs. On a la chance de vivre dans une ville où les loyers ne sont pas rédhibitoires et d’avoir les moyens de payer deux loyers temporairement (voire plus longtemps, mais c’est un autre sujet 🙂 )

J’étais donc seule cette semaine et j’avais demandé auparavant à ma prof de japonais si l’on pourrait faire un cours chaque jour, ce qu’elle avait accepté, et comme je ne pouvais pas être au Japon, j’ai décidé de me créer une petite bulle intérieure japonaise. J’ai étudié tous les matins avec mes flashcards, et j’ai révisé un paquet de points de grammaire en reprenant mes cours depuis le début. Cela a été incroyablement efficace pour consolider beaucoup de concepts. J’ai rarement le temps d’en faire autant, alors que si je l’avais, mon niveau de japonais ne serait probablement pas aussi ridicule au bout de 3 ans. Je me suis rendu compte que j’avais oublié beaucoup de choses, mais aussi que tout avait beaucoup plus de sens à présent. J’ai retrouvé ma prof tous les jours à la même heure et j’ai regardé des séries japonaises tous les soirs.

Mais je n’ai pas fait que du japonais !

J’avais aussi décidé de jeûner cette semaine. Je n’ai pas mangé pendant toute une journée. Quand on ne fait que lire sur le canapé, on n’a pas vraiment besoin d’énergie en fait ! Je pensais continuer plusieurs jours, mais le lendemain, après une quarantaine d’heures sans rien avaler d’autre que de l’eau, je voulais faire un peu de musculation, mais je me suis sentie un peu faible et aussi, j’avais cet horrible gout dans la bouche qui m’a poussée à changer de plan et à faire un petit repas. Et j’ai tenu ce rythme toute la semaine. Je ne peux plus courir car la salle de sport est fermée, alors je ne me dépense pas énormément. Je n’ai donc pas besoin d’ingérer beaucoup de calories. Cependant, je me suis constitué une petite salle de sport dans mon salon, avec des poids, un step qui me sert aussi de banc de musculation, et je fais donc des exercices de musculation. Alors, je mange un petit repas par jour. J’ingère moins que je ne dépense et ça me fait beaucoup de bien. J’en avais marre de trop manger tout le temps. Et c’est fou le temps que l’on gagne quand on ne cuisine pas et ne mange pas !

J’ai aussi lu sept livres cette semaine et j’en ai entamé deux autres. En français et en anglais. Je partagerai bientôt mes lectures en français sur ce blog. Les livres étaient tous assez courts et faciles à lire. Le plus long était The Testaments de Margaret Atwood, que j’ai écouté en livre audio en deux sessions car, une fois que j’ai repris, je ne pouvais plus m’arrêter. C’est en anglais, mais je le recommande vivement quand même ! (je suis sure qu’il a été traduit en français, mais je préfère toujours lire en langue originale si possible) J’avais adoré The Handmaid’s Tale il y a quelques années et j’ai adoré retrouver cette atmosphère dystopique totalement flippante. Mon mari l’écoute en ce moment et en discutant avec lui, j’ai compris que j’étais passé à côté de quelques références religieuses, car je ne connais pas la Bible, mais cela n’a pas entravé mon plaisir et ma fascination.

Cela a été une semaine très agréable. Je me suis reposée, je n’ai fait que des choses qui me faisaient plaisir, et j’ai vraiment apprécié d’avoir ce temps pour moi et de prendre le temps de faire les choses, sans me presser, sans stresser. Et j’ai décidé qu’à partir de maintenant, j’allais avoir une relation moins fusionnelle avec mon téléphone et que j’allais accorder plus d’importance à mon temps et à ce qui compte vraiment pour moi. Je ne vais plus lire les actualités comme si ma vie en dépendait. Mon téléphone restera éteint pendant la journée et je lirai mes messages une fois le matin et une fois le soir, et j’y répondrai en bloc à une heure consacrée à cette activité, et si je n’ai pas le temps de terminer, et bien, ça attendra. Je vais prendre mieux soin de moi, consacrer du temps chaque jour à des activités qui me procurent du plaisir, comme l’étude du japonais, le sport et la lecture, je vais également m’autoriser des moments pour ne rien faire de productif. Je vais prendre du temps pour appeler mes amis de temps en temps et je vais arrêter d’être disponible pour tout le monde tout le temps ! Je sais que personne ne me l’a demandé, mais c’est moi qui me mets la pression toute seule d’être toujours disponible et d’aider les autres (mari, amis, élèves…) quand ils me le demandent et en fait, ça me pèse. Et je me demande comment font les femmes qui ont des enfants (en particulier celles qui ont aussi un emploi hors de la maison) pour ne pas devenir folles. Quand trouvent-elles le temps de faire des choses pour elles-mêmes sans être constamment interrompues ?

Je sais que certaines personnes sont adeptes du multitâche et je l’ai longtemps été moi-même, mais je ne supporte plus ça ! J’ai l’impression que dès que je dois partager mon attention, je fais n’importe quoi. Alors que quand je peux me concentrer sur une tâche à la fois, je suis plus efficace et beaucoup plus satisfaite du résultat.

Cette semaine m’a donné envie de ralentir et je compte bien m’écouter cette fois !

Une petite victoire

Le mois dernier, je mentionnais dans un post quelque chose qui s’était passé avec un des entraineurs de ma salle de sport. Il avait tenu un discours tellement aberrant pour moi que j’en avais perdu le sommeil. Il n’y avait pas eu que cet incident, mais il y avait largement contribué car je devais, entre autres, me poser la question de savoir si j’allais continuer à aller à la gym ou non.

Je ne suis jamais retournée au cours de CrossFit quand c’était lui qui faisait cours. Et malheureusement pour moi, il fait cours les jours qui me conviendraient le mieux. Alors, comme l’abonnement à cette salle de sport est super cher et que j’ai décidé que je ne pouvais pas faire abstraction de cet incident et ne souhaitais en aucun cas me retrouver en présence de cet homme, j’ai pris la décision de le résilier.

J’ai rempli le formulaire en ligne pour donner mon préavis de 30 jours, et je me suis dit que j’irais aux cours du coach que j’aime bien pour ce dernier mois, même si ce n’est pas très pratique et que je ne peux pas y aller très souvent. Le formulaire demandait d’évaluer la gym et de laisser un commentaire. J’ai écrit simplement que je n’étais plus à l’aise avec tous les entraineurs et que comme je ne pouvais plus venir autant que je le souhaiterais, cela n’avait pas de sens que je continue à payer pour cet abonnement. J’ai aussi suggéré que, considérant qu’ils travaillaient avec toutes sortes de personnes, de cultures variées et chacune avec sa propre histoire, les entraineurs pourraient suivre une formation qui les sensibiliseraient à certains sujets.

J’ai reçu une réponse du propriétaire de la gym s’excusant de la situation. Il pensait que c’était lui qui m’avait poussée à prendre cette décision, et comme j’avais assisté à un de ses cours pour la première fois quelques jours auparavant, je peux voir comment il a fait ce rapprochement, bien qu’il n’ait absolument rien dit ou fait qui aurait pu m’offenser. Il a même résilié mon abonnement sur-le-champ, pensant que c’était ce que je voulais.

Je lui ai donc répondu que cela n’avait rien à voir avec lui mais qu’il y avait certains sujets sur lesquels je n’avais aucune envie de faire des compromis et qu’il y avait des gens que je refusais de fréquenter une fois que je connaissais leur vision du monde.

Il a décidé de poursuivre la conversation et m’a affirmé qu’il comprenait et respectait ma décision, mais qu’il se demandait toutefois si cela pouvait être un malentendu qui pouvait être résolu. Il a ajouté qu’il était persuadé que le coach serait ouvert d’esprit et prêt à entendre mon point de vue.

Ce à quoi j’ai répondu par un long email dans lequel j’ai expliqué que pour moi, il n’y avait aucun malentendu et que non, cela ne pourrait pas se régler comme ça. J’ai entendu ce que j’ai entendu et je ne peux pas le “désentendre” (je ne crois pas que ce soit un mot, mais si le français avait la flexibilité de l’anglais, c’en serait un). Je lui ai expliqué que je refusais de m’imposer d’être en présence de qui que ce soit qui perpétuait la culture du viol, en l’occurrence en défendant un violeur avéré en disant qu’il n’était pas le genre d’homme à faire ça. Que d’être riche et célèbre ne voulait pas dire qu’on était un homme bien. Que n’importe quel criminel était un mec super aux yeux de certains. Et que quand je disais à mon coach que j’avais un problème avec le fait qu’on fasse d’un violeur un héros et que ce coach me répondait que les femmes accusent les hommes célèbres de viols pour l’argent et que le violeur qui a reconnu les faits n’était pas le genre d’homme à faire ça, cela me causait un vrai problème. Je lui ai dit que c’était débile, dangereux, et que ça me dégoutait. Et que pour moi, il n’y avait pas de marche arrière possible.

Puis j’ai continué mon email en lui disant qu’en tant que coach, ce mec devrait faire attention aux idées qu’il défend. J’ai ajouté plusieurs autres points et j’ai même partagé un article de Roxane Gay sur ce sujet que j’ai lu et relu et qui m’a fait un bien fou. (J’adore Roxane Gay)

Puis je lui ai dit que maintenant, il savait exactement pourquoi je ne voulais plus venir à la gym et qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de cette information.

Il m’a remerciée d’avoir partagé cette histoire et mon point de vue avec lui et m’a dit qu’il allait prendre un peu de temps pour digérer toutes ces informations, qu’il allait enquêter de son côté et revenir vers moi.

Le soir, mon dernier cours de français ne finissait pas trop tard alors je suis allée au CrossFit car c’était mon coach préféré qui faisait cours.

Le patron de la salle de sport m’attendait à la fin du cours et m’a demandé s’il pouvait marcher un peu avec moi. J’ai accepté et il m’a dit qu’il avait parlé avec le coach, qu’il le connaissait depuis un moment et qu’il ne pensait vraiment pas qu’il soit sexiste. Je lui ai dit que je me contrefichait de son opinion et que sa parole d’homme n’avait aucune valeur à mes yeux si c’était pour contredire la mienne à ce sujet. J’ai fait le parallèle avec le racisme pour qu’il comprenne mieux, en lui disant que s’il me disait qu’un type blanc était un gros raciste et que je lui disais “non, tu dis n’importe quoi, je le connais bien, il est pas raciste du tout”, ma parole et mon opinion à ce sujet n’auraient, pour les mêmes raisons évidentes, aucune valeur. On a continué à discuter et comme on était presque chez moi, je lui ai proposé de venir boire un coup. On s’est arrêtés au magasin du coin de la rue, on a acheté de quoi boire un coup et on est allés chez moi. Mon mari, qui est à la fois non blanc et féministe, était là et nous avons discuté tous les trois pendant trois heures. Ce fut une discussion très intéressante et très sympa.

Le lendemain, j’ai reçu un texto de ma copine du CrossFit, qui était là le jour où le coach a fait ce commentaire dégueulasse, me disant que les entraineurs avaient demandé à lui parler après le cours pour lui demander son ressenti par rapport à tout ça. Elle m’a soutenue à 100%, parce qu’elle est complètement d’accord avec moi, même si elle a fait le choix de continuer d’aller à ses cours, et leur a dit que ce qu’il avait dit était complètement idiot et irrespectueux des femmes et que les accusations des femmes étaient trop souvent ignorées et rejetées sous prétexte que le mec était riche et/ou célèbre. Apparemment, l’entraineur en aurait parlé avec sa compagne qui lui aurait dit que c’était un sujet très sensible. Ma copine m’a raconté qu’il s’était excusé, mais son impression à elle, c’est qu’il ne se rend pas vraiment compte de la gravité de ce qu’il a dit. Mais au moins, maintenant, il sait !

Alors je lui ai dit, super, on change le monde un homme à la fois… À ce rythme là, la planète a le temps d’exploser avant qu’on ne voie quelque changement que ce soit !

Mais cette semaine, j’ai reçu un email du propriétaire de la salle de sport me disant qu’il avait apprécié notre discussion et que je pouvais continuer à aller en cours pour le dernier mois, gratuitement. Puis il m’a assuré qu’il prendrait des mesures pour que son personnel soit mieux formé pour mieux servir les clients. Et il a conclu en disant qu’il espérait qu’avec le temps, je laisserais une chance à cet homme de s’excuser en personne et que s’il savait alors ce qu’il sait maintenant, il n’aurait pas tenu le même discours et qu’il souhaiterait me parler autour d’un café.

Je ne vois pas ma victoire dans le fait que je peux aller pratiquer le CrossFit gratuitement ce mois-ci si ça me chante, mais dans le fait que peut-être, un homme qui tenait ce genre de propos abjects encore récemment, va réfléchir à son comportement, à ses paroles, et prendre conscience de la réalité dans laquelle vivent les femmes. Peut-être qu’il va être plus attentif et plus sensible à notre cause. Peut-être qu’il va décider de s’instruire sur le sujet et qui sait, faire passer le mot parmi ses potes sexistes. Mais il est aussi possible qu’il ne change pas et qu’il fasse semblant d’être désolé parce que cela s’est passé sur son lieu de travail et que son patron s’en est mêlé.

Je n’ai aucune envie d’aller boire un café avec lui. Déjà parce que je ne bois pas de café, et ensuite parce que c’est trop frais et que je ne pense pas qu’il ait eu le temps de réfléchir à tout ceci en profondeur. Je ne dis pas jamais, mais pas pour l’instant. Si je le recroise dans un autre contexte à l’avenir et qu’il choisit de venir me parler et que je le sens sincère et plus informé sur le sujet, alors pourquoi pas. Mais pas maintenant.

Quant à aller en cours ce mois-ci, je ne sais pas. J’adore le CrossFit, mais j’avais l’intention de payer pour le dernier mois, et accepter d’y aller gratuitement me donnerait un peu l’impression qu’on achète mon silence, en quelque sorte. Qu’on me fait un cadeau pour que je passe l’éponge sur cet incident, pour que je l’oublie. Mais je ne veux pas l’oublier et je ne vais pas l’oublier. Ce n’est pas un problème personnel, même s’il m’affecte personnellement. C’est le problème de toutes les femmes qui ont été abusées, de toutes les femmes qui ont raconté leur histoire et qui n’ont pas été crues, de toutes les femmes qui doivent se plier au système patriarcal et s’écraser constamment parce que la société exige qu’elles restent à “leur” place, de toutes les femmes qui se retrouvent sans voix quand quelqu’un leur dit que c’est la faute des filles/femmes si elles se font violer, etc. Si je retournais au CrossFit maintenant, juste parce que je n’ai pas besoin de payer, j’aurais l’impression de trahir ce en quoi je crois.

Du coup, j’ai repris la Zumba.

Quand tout le monde perd la mémoire en même temps

Hier, au réveil, j’ai allumé mon téléphone et posté sur Instagram comme je le fais tous les matins au réveil et j’ai regardé vite fait s’il y avait des choses intéressantes à lire. Et la grande nouvelle du jour, c’était la mort du basketteur Kobe Bryant dans un accident d’hélicoptère, avec sa fille et sept autres personnes.

J’aimais beaucoup le basket plus jeune. Je regardais la NBA à la télé, je connaissais tous les grands joueurs, je jouais au basket sur ma console de jeux, et j’ai même vu Michael Jordan jouer en vrai à Washington DC en 2003.

Je vivais donc aux Etats-Unis en 2003. Et je me souviens très bien de la première fois que j’ai entendu le nom de Kobe Bryant. C’était cette année-là et il était accusé de viol par une jeune femme qui travaillait dans un hôtel où il avait passé la nuit.

Je me souviens qu’il y avait peu de doute possible sur ce qui s’était passé. Personne n’était là pour vérifier, évidemment, mais la victime avait porté plainte, l’ADN de Bryant avait été retrouvé sur elle (son sperme aussi je crois), et il ne pouvait pas nier qu’il y ait eu une relation.

Je me souviens d’avoir vu le type pleurer à la télé en demandant pardon. Je crois qu’il demandait pardon à sa femme plutôt qu’à la victime, et il lui avait acheté une bague qui coutait une fortune pour se faire pardonner. C’était une affaire énorme et c’est pour ça que je m’en souviens. Je pensais que sa carrière était finie, mais comme on le sait, il a continué à jouer au basket et a être encensé par les médias. J’ai été très surprise de découvrir des années plus tard, alors que je ne vivais plus aux US, qu’il était devenu une énorme star.

La jeune victime, de son côté, a été détruite par les médias. J’étais jeune et n’avais pas de grande conscience politique à l’époque, mais je me souviens d’avoir été assez choquée par le traitement réservé à cette jeune femme. Ma mémoire me joue peut-être des tours, mais Internet est une chose merveilleuse dans certains cas, et il est facile de retrouver les excuses que Bryant avait faites à sa victime, admettant qu’il l’avait violée, sans vraiment le dire comme ça. Il avait reconnu qu’elle n’avait peut-être pas vécu l’expérience de la même façon que lui…

Avec tout l’argent dont il disposait, il n’est pas difficile de croire que son équipe d’avocats ait intimidé la victime et l’ait menacée jusqu’à ce qu’elle accepte de ne pas aller devant un juge.

Alors très bien, il était fort pour jeter un ballon dans un panier, mais est-ce qu’il mérite les hommages qui lui sont rendus ? Est-ce qu’il mérite d’être qualifié de “loving husband” par la presse américaine, alors qu’il était tristement célèbre pour tromper sa femme ? Comment tant de monde a pu oublier ce qu’il avait fait ?

Quel message cela transmet-il à la société ? Violez, mais soyez bons en sport et on vous pardonnera ? On ira même salir l’image de vos victimes si vous êtes très très fort ! La culture du viol a de beaux jours devant elle, semblerait-il…

Ce matin, j’ai lu qu’une journaliste du Washington Post avait été renvoyée (ou suspendue temporairement, je ne suis pas certaine) parce qu’elle avait tweeté pour rappeler cette affaire de viol. J’ai aussi vu que l’actrice Evan Rachel Wood avait rappelé ce fait et que les réactions avaient été violentes. Cette femme a elle-même été victime de viol.

Si vous voulez en savoir plus, il y a un paquet d’infos disponibles en ligne.

Je ne comprendrai jamais pourquoi on fait tout un cinéma quand des personnes célèbres meurent, et je ne supporterai jamais qu’on encense un violeur. Aucune raison n’est valable. Je m’en fous qu’il ait été un bon père et un bon basketteur. Des milliers de gens, enfants inclus, meurent chaque jour dans des conditions atroces, après avoir vécu des vies difficiles. On en parle quand de ces gens ? On s’apitoie quand sur leur sort ?

Voici un petit article du Nouvel Obs. En vert, du vocabulaire légal. En rouge, des expressions utiles. Pour subir une arthroscopie, ce qu’il faut retenir, c’est que l’on dit subir une opération !

Pour perdre du poids, le sport n’est pas la meilleure solution

Rien de bien transcendant dans cet article pour ce qui est du fond. Je pense qu’on a tous entendu dire que si l’on voulait perdre du poids, l’alimentation était plus importante que le sport, même si avoir une activité physique avait son importance aussi.

Mais, à la lecture de l’article, quelque chose me paraissait étrange. Je trouvais le style un peu trop scolaire, manquant un peu de naturel. Je me disais que cela aurait pu être écrit par un·e de mes élèves de niveau avancé. Et arrivée au bout, j’ai compris pourquoi : c’est une traduction ! L’article original a été écrit en espagnol. Si la suite vous intéresse, elle est ici.

Ce n’est pas un texte très compliqué, mais il y a quelques éléments intéressants. J’ai surligné en bleu les connecteurs logiques, en vert les prépositions, en jaune les pronoms compléments et j’ai mis en gras et en bleu le vocabulaire des régimes et souligné du vocabulaire à observer. Je ne vais pas tout détailler, mais je vais faire une petite analyse à la suite du texte.

Vocabulaire des régimes : en français, on perd ou on gagne du poids. Le même vocabulaire que si l’on jouait. L’ironie cependant, c’est que c’est en général mal vu de gagner dans ce contexte. Il y a une nette tendance à la grossophobie en France. Elle existe partout, il me semble, mais me parait bien plus forte en France que dans d’autres pays où j’ai vécu. Il en résulte que l’on parle énormément de poids et de régime. Par conséquent, connaitre le vocabulaire autour de ce thème peut être intéressant, si ce n’est que pour pouvoir débattre avec des Français et leur expliquer que leur point de vue est dépassé et que gagner du poids ne fait pas d’une personne une mauvaise personne ou perdre du poids une personne avec plus de valeur.

  • faire de l’exercice : une autre façon de dire faire du sport
  • j’ai une tendance au surpoids : observez la structure avoir tendance à + NOM
  • depuis : quelque chose me chiffonne dans cette phrase. On a depuis + passé composé. Après avoir lu l’article original (desde hace unos años, mis cifras de glucosa en sangre me colocan al borde de la diabetes), je me dis que je cela aurait pu être mieux traduit. Je ne suis pas experte en traduction, mais je dirais plutôt : depuis quelques années, mon taux de glucose dans le sang me place aux portes/à la limite du diabète. Avec un présent, pas un passé composé qui sonne faux.
  • m’ont emmené : observez le pronom et l’accord du participe passé – on sait que c’est un homme qui écrit. Si c’était une femme, on aurait m’ont emmenée.
  • m’y poussent : me poussent à manger – pousser qqn à faire qqch
  • rien de très méchant : on pourrait aussi dire rien de bien méchant, rien d’exceptionnel
  • m’obliger à : obliger qqn à faire qqch
  • le vélo stationnaire : aussi appelé vélo d’appartement
  • je me suis alors mis à : j’ai alors commencé à – se mettre à faire qqch
  • le pédalage : mots de la même famille : une pédale, pédaler, un pédalier.
  • peu importent : remarquez l’accord. Si je vous dis que l’on aurait pu aussi l’écrire peu importe, ça vous parle ?
  • durant : synonyme de pendant
  • enfourcher un vélo : on peut aussi enfourcher une moto, ou un balai si l’on est une sorcière 😉
  • comme un malheureux : il sous-entend qu’il pédale à fond, que ses efforts sont considérables
  • tout ce que : remarquez le pronom neutre ce entre tout et que – les apprenant·e·s l’oublient très souvent !
  • j’ai tendance à avoir froid : avoir tendance à + INFINITIF
  • les matins lorsque j’ai pratiqué : j’ai un petit problème avec cette structure ! Je dirais plutôt : les matins où j’ai pratiqué
  • ce que / le : ils désignent la même chose – quoi donc ?
  • il me fait avoir froid : observez la structure faire avoir froid à qqn et réfléchissez un peu plus à faire + infinitif

Commentateurs sportifs français

Je ne m’intéresse pas au foot. Je ne m’intéresse pas au sport à la télé en général à quelques exceptions près. Je ne suis donc pas vraiment au courant de ce qui se passe dans le milieu sportif. Mais en ce moment se déroule la coupe du monde féminine de football et aïe aïe aïe mes oreilles quand j’écoute des programmes français. Les commentaires sexistes sont récurrents, même de la part de journalistes et animateurs que je trouvais plutôt sympas avant cette semaine. J’en crois à peine mes oreilles et je me dis que ce genre de réflexions ne passeraient pas du tout en Angleterre. Parce que les Anglais sont conscients, en général, que ce genre de discours est inacceptable et nocif à la société.

Mais ce n’est pas exactement de la coupe du monde que je veux parler. Je veux parler d’une histoire qui a eu lieu la semaine dernière. Je ne sais pas si les médias en ont parlé en dehors de la France. Vous avez peut-être entendu parler de “l’affaire Neymar”, ce joueur de foot brésilien qui joue pour Paris, qui est payé des millions pour taper dans un ballon (et qui apparemment est toujours blessé donc joue très peu, mais encaisse quand même les millions). Ce jeune homme aurait rencontré sur les réseaux sociaux une jeune femme brésilienne, vivant au Brésil, et l’aurait invitée à venir le rejoindre à Paris pour quelques jours. Cette jeune femme l’aurait ensuite accusé de viol. Je ne vais pas parler en détail des commentaires que j’ai entendus à la radio française, d’hommes et de femmes, mais encore une fois, j’ai eu mal aux oreilles. En gros, personne n’y croit, car Neymar n’aurait jamais pu faire ça (parce qu’évidemment les violeurs ont le mot violeur écrit sur leur front, c’est plus facile pour les reconnaitre), les millionnaires ne violent pas, et si elle a fait tout ce trajet, tous frais payés, elle était obligée de coucher avec lui, donc c’est impossible qu’il y ait eu viol. Belle mentalité, cette mentalité française, non ? Je ne sais pas ce qui s’est passé, et peut-être qu’il y a eu viol, peut-être que cette femme est une grosse menteuse, mais je ne comprends pas comment on peut s’improviser juge et déclarer qu’il n’y a pas eu viol, sans preuves, sans rien savoir, juste parce que c’est un mec célèbre. C’est rageant !

Mais quelque chose de plus spécifique qui m’a vraiment dégoûtée, ce sont les commentaires dégueulasses de deux commentateurs sportifs. Les médias français en ont parlé et la ministre de l’égalité s’est assurée que cela ne passerait pas inaperçu et ne resterait pas impuni. Dans cette vidéo, vous pouvez voir ces deux porcs discuter du fait qu’ils trouvent la fille moche. Le physique de Neymar n’est jamais évoqué, évidemment, et pourtant, je suis sure que je ne suis pas la seule à le trouver vraiment très bof. Mais il est riche, peu importe qu’il ne soit pas top model, son argent suffit pour qu’on estime qu’il mérite (oui oui, mérite) de coucher avec des filles de type mannequin. Dans la vidéo, on voit un des types demander à l’autre s’il a vu “la nana” avec une expression qui en dit long sur ce qu’il pense d’elle. Il continue en disant que “si tu fais venir une nana du Brésil, je m’attendais à ce que ce soit un avion de chasse intersidéral, t’es vachement déçu”. Pourquoi ?? En quoi la vie sexuelle de Neymar le concerne et devrait le rendre fier ou peut le décevoir ? L’autre dit que c’est de la deuxième division, que Neymar peut avoir tout ce qu’il veut mais qu’il a pris une ligue 2, que quand tu t’appelles Neymar, t’as un minimum de qualités (qu’est-ce que ça veut dire ?????) puis il continue avec des comparaisons de mauvais goût entre les femmes et le football. L’autre reprend en disant “tu vois ça débarquer et à l’arrivée tu te retrouves dans la merde…” Déjà, il parle d’une femme en disant “ça”, et donc, si elle avait été à leur goût, ça vaudrait la peine de se retrouver accusé de viol parce qu’au moins il se serait tapé une femme acceptable ???? Une femme “moche” ne peut pas être violée ? Si un homme couche avec elle, c’est un service qu’il lui rend et elle devrait dire merci ? C’est à vomir !

Ces hommes se trouvent malins, drôles, mais ce sont des porcs comme il en existe beaucoup et quand on voit les commentaires en ligne de tout le monde qui soutient Neymar et insulte cette jeune femme, c’est terrifiant. Peut-être a-t-elle menti et aucun des scénarios possibles ne me surprendraient. Comme le dit une de mes étudiantes brésiliennes, Neymar est un jeune idiot qui devrait apprendre à mieux protéger sa vie privée et s’il est innocent, que ça lui serve de leçon. Mais le traitement médiatique de cette histoire par les médias français est insupportable à mes yeux. Et à mes oreilles. Quand on voit ça, on se dit que le sexisme a encore de beaux jours devant lui en France, et heureusement que Marlène Schiappa veille au grain, malgré tout ce qu’elle se prend constamment dans la tête par… les médias, encore une fois. C’est la secrétaire d’état chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. Elle ne laisse rien passer et elle est énormément critiquée, mais moi, elle me plait et j’espère qu’elle restera longtemps à ce poste et qu’elle continuera à se battre pour les droits des femmes et des minorités !

Courir 7 marathons en 1 semaine – Le feriez-vous ?

Moi non, c’est pour sûr. Déjà un, ça me fatigue, rien que d’y penser. Alors sept, non merci. Je peux regarder 7 épisodes d’une série en une journée par contre. Est-ce que ça compte comme un exploit aussi ?

Je parcourais les journaux en ligne et je suis tombée sur cet article parlant de coureurs extrêmes. Une cinquantaine d’entre eux ont décidé de courir 7 marathons, un sur chaque continent. Cela me paraît tellement insensé que j’ai du mal à être admirative. Je ne suis pas scientifique et je ne comprends pas tout à fait l’impact qu’un tel rythme peut avoir sur le corps humain, mais j’ai du mal à imaginer que ce soit très bon. Non seulement vont-ils courir 42 km par jour mais en plus ils vont devoir gérer le décalage horaire et courir dans des conditions météorologiques extrêmes. Froid extrême en Antarctique et grosse chaleur en Afrique du Sud, par exemple.

Parmi les participants, on trouve une Française de 36 ans. Je pense que je vais essayer de suivre un peu pour voir s’ils relèvent tous le défi jusqu’au bout et s’en sortent indemnes.

Vocabulaire tiré de l’article :

  • corser = compliquer
  • mordus = (familier) passionnés
  • inédit = nouveau
  • supporter = tolérer
  • en un rien de temps = très rapidement
  • forcément = obligatoirement
  • ingérer = avaler
  • récolter = rassembler
  • encaisser = (familier) supporter, tolérer