Peu active sur le blog en ce moment, car je travaille sur un nouveau projet pour lequel j’ai besoin de temps et d’énergie pour créer et rechercher. J’espère pouvoir commencer à l’expérimenter d’ici à cet été et continuer à le développer jusqu’à ce qu’il soit ce que je voudrais qu’il soit. C’est un projet pour apprenant.e.s avancé.e.s et j’ai plein d’idées géniales, mais le temps passe très vite et j’ai aussi mes cours à préparer et à donner, et ma vie à vivre aussi.
Comme je n’ai pas de secrétaire et que je fais tout toute seule pour le moment, je ne peux pas être au four et au moulin en même temps et je refuse d’être esclave de mon travail. La vie est bien trop courte pour cela, même quand on aime ce qu’on fait, comme moi.
J’étais en congé la semaine dernière et j’ai lu un livre recommandé par une de mes chères étudiantes. En anglais. Dying To Be Me, écrit par Anita Moorjani. Je l’ai trouvé extrêmement intéressant. Fascinant même. Je l’ai écouté car il était lu par l’autrice. Son histoire est extraordinaire car elle a vécu une expérience de mort imminente, et le récit qu’elle en fait est des plus intéressants. Tout cela m’a bien fait réfléchir et je l’ai recommandé à tout mon entourage. Mon mari est en train de le lire ainsi qu’une de mes amies. Qui elle m’a recommandé une série documentaire sur Netflix sur le même sujet. Dès que j’aurai un moment, je la regarderai !
J’ai aussi écouté pas mal de podcasts, mais je parlerai de ça une prochaine fois !
Voici un article dont le titre m’a immédiatement interpelée. Je me suis demandé si mes étudiant·e·s comprendraient facilement de quoi il s’agissait ou s’ils et elles seraient perplexes.
Si vous connaissez le verbe abattre, uniquement au sens de tuer, il se peut que vous soyez un peu déstabilisé·e (observez le é de la première syllabe, devant deux consonnes 😉 ).
L’article est court et je vais me concentrer sur le vocabulaire qui, à mon avis, pourrait poser problème à mes étudiant·e·s avancé·e·s ou qu’ils et elles n’utiliseraient pas forcément naturellement. Et quelques formes verbales.
un abattement : on parle ici d’une réduction du cout de qqch. On entend souvent parler d’abattement fiscal, qui est une réduction d’impôts.
raboté : raboter qqch, au sens propre, c’est le rendre plat avec un outil qui s’appelle un rabot (rebate plane en anglais). Ici, nous sommes évidemment au sens figuré, et raboté veut dire diminué.
un dispositif d’exonération : des mesures pour dispenser, exempter
cotisation sociales : ce sont les impôts prélevés sur les salaires qui, techniquement, servent à contribuer à la société
être revu à la baisse : revoir qqch à la baisse signifie que l’on avait fait une estimation qu’il va falloir diminuer. On peut l’utiliser dans d’autres contextes qu’en parlant d’argent. On peut revoir ses ambitions à la baisse par exemple. Je voulais obtenir 100% des points à mon examen de japonais, mais je pense que je vais revoir mes ambitions à la baisse et viser les 70%.
se sont élevés contre : ils se sont fait entendre, ils ont fait entendre leurs voix qui allaient à l’encontre de la décision
atteinte au pouvoir d’achat : le pouvoir d’achat, c’est notre capacité pécuniaire à dépenser ; une atteinte, ici, c’est une agression, une attaque, le fait de causer un dommage.
un projet de décret : un décret, c’est un acte réglementaire, officiel, un peu comme une loi
l’alignement : même si c’est un peu comme en anglais, vous auriez pensé à l’utiliser de vous-même ?
a-t-elle justifié : observez la structure
serait maintenue : observez l’utilisation du conditionnel pour exprimer la probabilité
nouvellement : vous le comprenez facilement, mais utilisez-vous cet adverbe ? Je ne crois pas l’avoir entendu chez mes étudiants dernièrement, si jamais…
passerait : encore un conditionnel pour la probabilité
ce projet de refonte : refonte, vient de fondre (to melt). La refonte, c’est l’action de remanier afin d’améliorer (en théorie)
dans un communiqué : expression très courante dans les articles de journaux – un communiqué est une information, un rapport, un renseignement transmis officiellement au public.
Il y a très longtemps, quand je vivais encore en France, je travaillais en intérim et j’avais travaillé quelques semaines au centre des impôts de la ville où je vivais. On était pré-Internet et j’avais été embauchée pour faire la saisie des déclarations de revenus, c’est-à-dire que je devais entrer dans le système informatique ce que les gens avaient déclaré sur papier. Contrairement à mes collègues qui se connaissaient toutes et passaient des heures à se raconter leurs vies, je passais tout mon temps à saisir. Et un jour, l’une d’entre elles m’a fait une réflexion voulant clairement dire que je travaillais trop et que ça la dérangeait. J’ai observé des comportements lors de mon court passage dans ces services qui m’ont fait comprendre pourquoi les fonctionnaires étaient tant critiqués en France. Bien sûr, il y en avait qui étaient très professionnels, mais une très grande partie passait beaucoup de temps à se tourner les pouces. J’étais très jeune et j’ai été vraiment choquée.
Et cette semaine, j’ai lu une histoire qui m’a fait écarquiller les yeux. L’ État français a refusé d’accorder la nationalité française à une infirmière étrangère sous prétexte qu’elle travaille trop. Dans le pays où la semaine de travail est de 35 heures, il est vraiment très mal vu de travailler plus de 50 heures. C’est même contre la loi apparemment. Incroyable !
Si le personnel soignant était mieux considéré et donc mieux payé, peut-être n’aurait-il pas besoin de travailler autant, non ? Il pourrait ainsi se conformer à la loi.
J’ai donc décidé de faire l’analyse d’un article relatant cette histoire. J’ai pris celui du Figaro, dans lequel j’ai corrigé les coquilles. En rose, des formes verbales, en bleu, des connecteurs, en vert, des prépositions, en jaune, des participes passés, soulignés, du vocabulaire à observer. Et en rouge, une erreur de la journaliste que je n’ai pas corrigée, mais que je vais expliquer, car c’est un point de grammaire qui pose souvent problème. Mes commentaires se trouvent à la suite du texte.
se voit refuser : structure passive. Si vous vous voyez refuser quelque chose, cela veut dire que vous avez demandé qqch et que qqn vous l’a refusé. Vous n’avez pas vraiment eu votre mot à dire, et c’est pour cela que l’on étudie cette structure quand on étudie le passif.
s’est vue refuser : où est l’erreur ? On a un verbe à l’infinitif qui suit un autre verbe, pronominal celui-ci. On a un sujet au féminin, une infirmière. On pourrait penser que logiquement, le participe passé de voir devrait être au féminin, puisqu’on a l’auxiliaire être. Mais non. Si l’action de l’infinitif “refuser” était effectuée par le sujet “infirmière”, alors oui, on accorderait. Mais ce n’est pas l’infirmière qui a refusé. C’est qqn d’autre. Par conséquent, on n’accorde pas le participe passé. (j’écrirai un poste de grammaire à ce sujet bientôt)
a suscité : verbe qui exprime la conséquence, construction directe. Qqch suscite qqch.
une vague d’indignation : vague a ici le sens de mouvement et peut être associé a beaucoup de noms. Un vague de colère, une vague de tendresse, une vague d’enthousiasme, une vague d’incompréhension (dans le texte également), etc. Pouvez-vous penser à d’autres ?
dépasser le temps de travail légal : auriez-vous penser à ce verbe ? Que peut-on dépasser d’autre ? Qu’est-ce qui peut dépasser ?
un motif solide : deux mots qui vont bien ensemble. Un motif, c’est une raison. Il peut aussi être officiel, valable, légitime, inavouable, etc. Quoi d’autre ?
préjudiciable : auriez-vous penser à cet adjectif ?
une demande de naturalisation : vocabulaire de l’immigration – quand on veut obtenir la nationalité d’un pays, on fait une demande de naturalisation
au motif de : à cause de
la lettre de refus : il existe aussi des lettres de motivation, de candidature, de démission, de remerciements, de recommandation, etc. Quoi d’autre ?
a provoqué : verbe qui exprime la conséquence
confrères : synonyme de collègues, très utilisé par les journalistes. Les docteurs et les avocats aussi.
a bien confirmé : qu’est ce petit “bien” ici ? Il est utilisé pour accentuer le fait que la préfecture a confirmé, il n’y a plus de doute possible. Si je dis que j’ai bien profité de mes vacances, je veux dire que j’ai vraiment profité de mes vacances. “bien” peut indiquer une certaine intensité.
cumuler : un bon synonyme d’avoir, plus précis, qui veut dire “avoir simultanément”.
effectue : un bon synonyme de faire
soit : c’est-à-dire
en infraction : être en infraction, c’est ne pas respecter la loi
au regard de : pour, selon
limitant à : observez le participe présent (= qui limite) et la construction verbale : limiter à qqch
la demandeuse déboutée : la demandeuse fait référence à l’infirmière qui a demandé qqch, déboutée signifie que sa demande a été rejetée
ne compte pas : ne prévoit pas – je compte faire qqch = j’ai l’intention de faire qqch
en rester là : s’arrêter
faire appel de la décision : vocabulaire de la justice – faire appel d’une décision = contester une décision
de nombreux : synonyme de beaucoup de
n’ont pas manqué de : ne pas négliger de, ne pas oublier de
le dépassement du temps de travail : après le verbe plus haut, nous avons maintenant le nom
une pratique courante : mots souvent associés. Des synonymes seraient : une pratique habituelle, répandue, usuelle, généralisée, en vigueur, etc. Une pratique peut aussi être ancestrale, peu orthodoxe, discutable, scandaleuse, déviante, etc. Pouvez-vous penser à d’autres adjectifs ?
le milieu hospitalier : quels autres milieux connaissez-vous ?
Je n’ai pas commenté la plupart des connecteurs, ni les prépositions. Mais il est toujours bon de les observer et de vous demander si pour vous, le sens et l’utilisation sont évidents.
J’adore mon travail et pour moi, il a énormément de sens. Mais je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde. J’ai des amis qui n’aiment pas leur travail, qui y vont chaque jour à reculons et pour qui c’est une énorme source de stress. Mais ils n’ont pas le choix car le chômage n’est pas une alternative souhaitable, surtout quand on a plusieurs bouches à nourrir.
Moi, je n’ai personne qui dépend de moi et je n’ai pas à m’inquiéter de nourrir qui que ce soit. Mon mari a également un emploi. Nous n’éprouvons pas le besoin de vivre une vie luxueuse et par conséquent, on peut tous les deux exercer un emploi qui nous rend heureux, même si on ne sera jamais millionnaires.
Cette semaine, mon téléphone m’a suggéré de lire un article dans lequel le journaliste expliquait qu’un Français sur cinq ne trouvait aucun sens ni aucune utilité à son travail. J’avais déjà écouté un podcast sur ce sujet en anglais que j’avais trouvé intéressant mais aussi un peu triste et l’article ne m’a pas vraiment appris quoi que ce soit de nouveau, mais je me suis dit que j’allais le partager ici car il y a beaucoup de vocabulaire en relation avec le travail. L’article original, paru dans le Figaro le 29 avril, peut être trouvé ici.
Il est probable que vous comprenez tout. Mais est-ce que vous utiliseriez de vous-même tout ce qui est surligné ? Il y a les mots individuels, mais il y a aussi les mots qui fonctionnent ensemble, tels que “mobilité géographique”, “conditions de travail favorables”, “sécurité de l’emploi”, etc.
Pour développer votre vocabulaire autour du travail, vous pouvez lire plusieurs articles sur ce thème, il y en a plein sur Internet, et vous amusez à repérer le vocabulaire employé par les journalistes. Vous remarquerez peut-être que c’est souvent le même qui revient. Et plus vous vous en imprégnez, plus vous serez susceptible de le réutiliser. Écrivez vous-même, parlez de travail, faites en sorte que ce vocabulaire s’installe dans votre mémoire!
Pour ce qui est de la phrase soulignée dans le texte, elle est grammaticalement incorrecte – l’aviez-vous remarqué ? J’ai aussi corrigé quelques petites coquilles.