Finir l’université à 70 ans

Quand je recherche des articles qui ne parlent pas de virus et de confinement, je tombe parfois sur des histoires assez insolites.

En voici une trouvée dans Courrier International cette semaine. Je suis encore un peu trop débordée pour avoir le temps de faire une analyse plus poussée, mais j’ai mis en évidence plusieurs éléments. Vous pourrez remarquer en jaune les différentes manières employées pour désigner la même personne. En rouge, observez les verbes et expressions verbales et les prépositions qui les accompagnent s’il y en a. Surlignés en bleu, quelques connecteurs. En vert, un peu de vocabulaire à observer. Est-ce du vocabulaire que vous connaissez bien et qui fait partie de votre vocabulaire actif ? En bleu et en gras, quelques prépositions.

J’ai souligné une préposition et un article, car de mon point de vue, ce sont des erreurs. Les articles de Courrier International sont des articles plus ou moins traduits d’articles de journaux étrangers (ici, le journal italien La Repubblica) et j’aurais tendance à penser que la personne qui a traduit l’article est soit de langue maternelle autre que le français (tout en ayant un niveau très avancé), soit de langue maternelle française mais ayant l’habitude de jongler avec plusieurs langues et par conséquent faisant inévitablement de petites erreurs de temps à autre. Plus on parle de langues, plus c’est difficile de ne pas se tromper. Personnellement, j’ai très souvent des doutes ! Beaucoup plus que quand je parlais seulement français…

J’écrirais “dans ses colonnes”, plutôt que “sur ses colonnes”, et je ne mettrais pas d’article devant “chef d’entreprise” : il est devenu chef d’entreprise.

10,000 cours gratuits du Collège de France

Depuis la semaine dernière, je suis un MOOC extrêmement intéressant de l’université de Stanford et je suis ébahie par la qualité du contenu, le CV de l’enseignante et l’organisation du cours. Cela m’oblige aussi à être organisée et disciplinée si je souhaite pouvoir concilier travail, études de japonais, lecture, sport, temps avec mon mari, prendre des nouvelles des amis, et maintenant, ce cours, et je vis la pandémie qui frappe la planète plutôt très bien en ce moment. Pourvu que ça dure !

Pour celles et ceux qui seraient intéressé·e·s par des cours gratuits en français, d’un établissement prestigieux, le Collège de France, réputé pour son enseignement et sa recherche, en propose un nombre incroyable que ce soit en sciences humaines en mathématiques, en histoire, en littérature, ou encore en physique et chimie.

Je n’en ai suivi aucun alors je ne peux pas vraiment commenter, mais j’avais écouté quelques cours en podcast, qui demandaient quand même une certaine concentration.

Après avoir jeté un œil aux enseignants de cet établissement, je déplore le manque de professeures. Elles sont très minoritaires et la majorité des profs se ressemblent beaucoup… J’ai compté vite fait sur leur site et j’ai trouvé 58 enseignants, dont 10 femmes. Ce qui fait 17%. J’en ai peut-être oublié, parce que je n’ai pas cliqué partout, mais je trouve ce fait un peu déprimant.

Ceci étant dit, si vous souhaitez vous cultiver en français sur des sujets divers et complexes, vous pouvez le faire gratuitement avec le Collège de France.

Enseigner le français langue étrangère : le master FLE

Après avoir parlé du MOOC du Cavilam, d’un autre MOOC avec l’université de Liège, du DAEFLE de l’Alliance française, et du DU FLE, je vais aujourd’hui parler du master FLE.

Si vous voulez enseigner le français langue étrangère dans des institutions sérieuses, il est en général exigé. Cela ne veut pas dire que vous serez beaucoup mieux payé·e, mais vous trouverez plus facilement un travail de prof de FLE et les conditions pourront être meilleures que dans beaucoup d’institutions.

Je ne vivais pas en France quand j’ai commencé le master. Je vivais en Espagne où les conditions de travail pour les profs de langues sont abominables (très mal payé, contrats bidons, très peu de ressources disponibles, pas de possibilité de développement professionnel, etc.) J’avais déjà considéré travailler en ligne, mais j’avais quelques réserves. J’avais du temps, et je me suis dit que j’allais regarder quelles étaient les options pour faire un master. J’ai découvert que je pouvais le faire à distance, sans avoir besoin de me déplacer en France, même pas pour les examens. J’avais fait ma licence en Angleterre, je connaissais le prix des études en Angleterre et aux États-Unis, et quand j’ai vu le prix des masters en France, je me suis dit que ce serait bête de ne pas le faire.

Au final, le prix était la seule chose de vraiment intéressante…

J’ai plusieurs amis qui ont fait leur master à distance avec des universités anglaises, j’ai aussi pas mal recherché les possibilités avec les universités anglaises, et disons que c’est très différent. L’organisation est complètement différente. Le prix aussi. Un master en Angleterre, c’est très très cher.

J’ai détesté mon année de master. Je ne regrette pas de l’avoir faite car je me suis fait trois super copines pour la vie. Sans elles, je ne sais pas si j’aurais terminé cette année. On était dans la même galère et on s’est vraiment soutenues. Par rapport à elles, je l’avais facile en fait. Une travaillait 40 heures par semaine comme conseillère d’éducation dans un collège, une autre était institutrice à temps plein avec un trajet d’une heure en voiture pour aller au travail tous les matins et rentrer le soir, et l’autre avait deux jeunes enfants et donnait aussi des cours. Moi, j’avais commencé à travailler en ligne, je gérais mon emploi du temps comme je le voulais, je n’avais pas d’enfants, je vivais dans un pays où la vie n’était pas très chère et je pouvais me permettre de ne pas trop travailler. De plus, j’avais déjà suivi des formations pour enseigner, ce qui n’était pas le cas d’une de mes copines. Malgré cela, je manquais terriblement de temps. Je ne sais pas comment elles faisaient de leur côté !

Déjà, j’aurais dû me méfier au moment de l’inscription. Après avoir envoyé ma candidature par voie postale, j’ai dû faire mon inscription de la même façon ! J’allais commencer une formation à distance, dans laquelle, à priori, Internet allait avoir une place centrale, mais il n’était pas possible de s’inscrire en ligne !

Puis, l’année universitaire a commencé avec trois semaines de retard pour nous, à cause d’un souci administratif. On n’a jamais su ce qui s’était passé, mais on a eu accès aux cours avec trois semaines de retard. Le premier semestre était en fait un court trimestre. On a eu les cours en octobre, la plupart des devoirs étaient à rendre avant Noël. Certains profs ont bien voulu nous accorder un délai mais cela les dérangeait clairement. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y avait 8 cours à suivre par “semestre”. Le programme pour les étudiants à distance était exactement le même que celui pour les étudiants en présentiel ! Il n’était tenu aucun compte que la plupart des étudiants à distance travaillaient. Le format de la plupart des cours était ennuyeux à mourir, pas du tout adapté à l’enseignement à distance. C’était tout simplement les cours que les profs proposaient à leurs étudiants en présentiel. Chaque cours nous proposait une bibliographie, évidemment, mais à l’étranger, nous n’avions pas accès aux bibliothèques universitaires et il n’y avait pas de bibliothèque virtuelle où nous aurions pu avoir accès aux livres recommandés ! C’était 2016. Je me souviens d’avoir étudié aux US en 2003 et d’avoir eu accès à une base de données fantastique. Après on se demande pourquoi je dis toujours que la France a du retard…

Il y avait plusieurs cours parmi lesquels choisir. J’ai oublié si certains étaient obligatoires. J’avais choisi les cours suivants au premier semestre : enseigner la grammaire, méthodologies et pratiques d’enseignement, littérature et enseignement, la langue vue par les écrivains, linguistique : grammaire et orthographe, phonologie et système graphique, anglais, et il y avait un atelier de préparation au stage obligatoire. J’aurais pu choisir de ne pas faire le stage car j’avais déjà quelques années d’enseignement derrière moi, mais c’est le côté pratique qui m’intéressait le plus et je voulais voir comment se passaient les choses à l’Institut français où j’espérais faire mon stage (et où je l’ai fait). Parmi ces cours, j’ai adoré celui de la langue vue par les écrivains car il était non seulement super intéressant mais la prof était aussi vraiment bienveillante, contrairement à d’autres. Le prof de linguistique était horrible, vieux, apparemment réputé dans le monde de la linguistique, mais évidemment pas du tout intéressé par nos questions, ni par la possibilité de proposer des cours plus interactifs. La prof de phonétique ignorait également nos questions et ils ont tous les deux réussi à me dégouter de ces matières pendant quelque temps. Car on avait un forum, sur lequel on pouvait communiquer et poser des questions. Sauf que la majorité des profs n’intervenaient pas sur les forums et ne répondaient jamais aux questions. Ni aux emails contenant des questions. Ni aux emails signalant des erreurs factuelles dans leurs cours.

Il y a une partie de moi qui pense que ce n’est pas entièrement la faute des profs. Il y a très certainement une question de budget derrière tout ça. La plupart sont aussi chercheurs et probablement plus intéressés par leur recherche que par leurs étudiant·e·s, surtout celles et ceux qu’ils ne voient jamais. Mais je ne comprends pas pourquoi ces programmes sont proposés aux étudiants. Ils sont mal conçus, pas du tout pensés pour l’enseignement à distance et apparemment, les ressources ne sont pas suffisantes pour proposer un service de qualité. Mais bon, à moins de 300€ le master, j’aurais dû m’y attendre. Et pourtant, il y avait une minorité de profs qui étaient vraiment sympas et bienveillant·e·s, un peu plus à l’anglaise ou à l’américaine. Mais dans l’ensemble, les universitaires français sont beaucoup plus hautains que leurs homologues anglophones. C’est une tout autre mentalité et même pour moi qui suis française, cela a été très dur à gérer.

Puis il y a aussi les cours proposés qui ne sont pas toujours en rapport avec notre domaine. Au deuxième semestre, je me suis retrouvée à prendre un cours d’anthropologie. Très intéressant, mais on avait déjà très peu de temps pour lire les cours, ne parlons même pas d’approfondir car c’était quasi-impossible, alors devoir lire un cours d’introduction à l’anthropologie et faire un devoir recherché et documenté sur un sujet d’anthropologie, alors que moi, ce qui m’intéresse, c’est les langues en général et le français en particulier, ça m’a vraiment gonflée. Si on avait pu faire ce master à temps partiel, avec un rythme moins soutenu, moins de cours simultanément, comme ils font en Angleterre, j’aurais eu le temps de lire beaucoup plus et d’approfondir chaque sujet, mais là, on n’avait simplement le temps de rien. Tout ce qui semblait compter, c’était la note finale. La plupart des profs n’étaient en contact que pour nous parler des devoirs à rendre et pour nous faire passer les examens oraux. La plupart d’entre nous étions des adultes, beaucoup avec déjà quelque expérience dans l’enseignement, mais tout le monde flippait au moment des examens et à mon avis, l’attitude des profs y était pour beaucoup.

Mes trois copines et moi-même avons obtenu des résultats très satisfaisants, mais si deux d’entre elles ont ensuite décidé de faire la deuxième année de master et d’écrire un mémoire, et de revivre une année de stress intense, l’une d’elles et moi-même avons décidé de nous en tenir là pour le moment ! Je continue à regarder de temps en temps si les choses ont progressé, si de nouveaux programmes sont disponibles, mais je n’ai encore rien trouvé d’intéressant. Et en fait, ce que j’aimerais faire maintenant, c’est des études de genre, mais ce n’est pas du tout développé en France et les universités américaines et canadiennes (qui proposent des cours qui m’intéressent) sont chères ! Alors en attendant qu’un inconnu généreux me lègue sa fortune, je lis des livres sur le sujet.

Je me suis un peu éparpillée, mais en gros, si vous décidez de faire un master à distance avec une université française et que vous avez étudié dans une université anglophone auparavant, attendez-vous à ce que ce soit très très différent à tous les niveaux. Si vous voulez enseigner le français dans des conditions décentes, le master vous ouvrira des portes, sans aucun doute, mais vous allez probablement souffrir pendant un an (ou deux si vous êtes courageux·se). J’ai fait le mien avec Paris 3 Sorbonne Nouvelle, master Didactique des langues. Il y a d’autres universités qui proposent un programme de master FLE, mais il me semble qu’elles exigent toutes de se rendre en France pour les examens une fois par semestre et selon où l’on vit, ça ajoute pas mal au budget, surtout quand les examens s’étalent sur une semaine, voire plus. Si étudier en France vous intéresse, vous pouvez consulter Campus France. Vous pouvez aussi faire une recherche sur ce site pour les formations à distance.

D’après certaines personnes que je connais et certaines de mes étudiantes qui ont étudié en France, l’étonnement et la frustration sont aussi garantis si vous étudiez en présentiel. En Angleterre et aux US (les deux seuls autres pays où j’ai étudié à l’université), les profs sont vraiment bienveillants dans l’ensemble et vous traitent comme des égaux. J’ai vraiment de super souvenirs de mes profs américains et anglais. De mon master, je retiens deux profs géniales sur quinze, qui non seulement étaient bienveillantes et présentes mais qui proposaient aussi des cours bien présentés et adaptés au système d’enseignement à distance, avec des devoirs intéressants à faire, qui exigeaient une certaine réflexion et une certaine analyse, plutôt que de réciter le cours par cœur comme à l’école primaire (comme en linguistique et en phonologie par exemple…)

Enseigner le français langue étrangère : le DU FLE

Après avoir parlé d’un MOOC dans ce post et d’une formation en partenariat avec l’Alliance française dans ce post, j’ai demandé à une amie avec qui j’ai fait mon master si elle pouvait nous parler d’une formation qu’elle a suivie avant le master : le DU FLE.

Caroline a initialement fait des études de commerce en France et en Angleterre puis a poursuivi une carrière dans la finance à Londres pendant plusieurs années. Puis, elle a déménagé en Inde où elle a ouvert un centre de langue en 2012. Elle y enseigne depuis en collaboration avec l’Alliance française du Bengale pour les passations du DELF.

Trois ans plus tard, elle a décidé de reprendre des études pour valider ses acquis et être reconnue comme enseignante qualifiée. Elle a fini par trouver le DU FLE qui pouvait se faire entièrement à distance avec l’université de Caen. DU signifie diplôme universitaire. Ce diplôme s’adresse aux personnes titulaires d’une licence et qui, dans le cadre d’une reprise d’études, souhaitent compléter leur formation universitaire par un diplôme attestant d’une formation en didactique du Français Langue Étrangère.

Voici ce qu’elle a à en dire :

Les enseignements du DU FLE de l’université de Caen reprennent l’intégralité des cours qui sont à la fois dispensés dans le cadre de l’enseignement présentiel et dans le cadre de l’offre de formation en L3 (3ème année de licence) de Sciences du langage parcours FLE du CEMU (Centre d’Enseignement Multimédia Universitaire). Il s’agit d’une formation de 144 h répartie en deux semestres et proposée en présentiel ou à distance.

Les cours pour cette formation étaient répartis sur deux semestres :

Pour le premier semestre : Phonétique, phonologie et interface écrit-oral, Didactique du FLE et variations linguistiques, Didactique de la civilisation, Ingénierie pédagogique I

Pour le deuxième semestre : Francophonie et dialectologie, Didactique de la littérature, Grammaire pour l’enseignement du FLE, Ingénierie pédagogique II

Pour chaque cours, il y avait une évaluation à envoyer par e-mail, voire même parfois deux comme pour « Grammaire pour l’enseignement », « Didactique de la civilisation », « Ingénierie pédagogique » avec aussi pour ce dernier cours une évaluation en web conférence au deuxième semestre pour la soutenance d’un projet.

Les cours que j’ai préférés étaient la « Didactique de la civilisation » avec notamment la prise en compte de l’interculturalité dans une classe de FLE, j’ai d’ailleurs tellement aimé ce cours que l’interculturel est devenu le sujet de mon mémoire. Un autre cours intéressant dispensé par une enseignante motivée et bienveillante était « Ingénierie pédagogique » qui incluait l’apprentissage de l’utilisation des TICE en classe de langue. Ce que j’ai le plus apprécié avec ce cours, c’était qu’il y avait des projets à réaliser en groupe, cela m’a permis d’échanger avec d’autres étudiants et ainsi réduire le sentiment d’isolation qui peut parfois devenir pesant dans les cours à distance.

Le cours que j’ai le moins aimé était celui de « Phonétique, phonologie et interface écrit-oral » car il était dispensé par des professeurs qui n’étaient pas du tout formés à la pédagogie de l’enseignement à distance, leurs cours n’étaient pas adaptés et vraiment très techniques avec même des courbes d’étude de mesure en hertz pour la partie phonétique !

Pour ce qui est du temps consacré à ces cours je me souviens qu’à l’époque mon investissement personnel m’avait semblé énorme mais si je compare avec les années de master, ce n’était en fait pas si intensif. Il est quand même important de souligner que, se remettre dans les études après plusieurs années dans la vie professionnelle demande un certain effort et une bonne dose de motivation personnelle (surtout dans le cadre de cours à distance).

Le coût total de cette formation s’élevait à l’époque à environ 400 euros, ce qui reste très raisonnable je pense pour la qualité des cours dispensés et avec à la fin l’acquisition d’un diplôme universitaire.

Les débouchés professionnels après le DU FLE sont les suivants :

Métiers de l’enseignement dans le domaine du Français Langue Étrangère :

 – à l’étranger : écoles, lycées, universités, instituts (sous contrat ou non avec la France). Recrutement local ou en détachement de l’Éducation nationale (pour les personnes titulaires d’un concours de l’enseignement primaire ou secondaire).

 – en France : centres de langues pour étudiants étrangers dans les universités, centres de formation pour migrants, entreprises privées, associations, cours du soir…

Ce DU constitue notamment un complément de formation pour des personnes titulaires d’un concours de l’enseignement primaire (professorat des écoles) ou secondaire (agrégation, CAPES, CAPET, CAPLP) qui souhaitent occuper un poste à l’étranger dans des lycées français ou dans des établissements sous contrat avec l’Éducation nationale. Cette spécialisation est également nécessaire et bien souvent requise lors du recrutement des enseignants de français dans les établissements étrangers (assistant et lecteur de français).

Pour conclure, je ne regrette pas d’avoir suivi cette formation, elle m’a permis de vraiment évoluer dans ma maitrise personnelle de l’enseignement du FLE avec une acquisition de connaissances théoriques qui me manquaient, et la capacité à mettre en œuvre des projets pédagogiques.

Caroline enseigne maintenant en présentiel et en ligne. Elle est également examinatrice du A1 au B2. Elle peut être contactée à cette adresse pour des cours en ligne : caroheubert (at) gmail.com

Etudier en France

J’ai étudié en France, en Angleterre, et aux US. Pendant longtemps, je ne connaissais que le système français. Je n’avais rien pour comparer. J’étais bonne élève et j’aimais l’école. Quand je n’aimais pas un prof, je perdais l’intérêt que je pouvais avoir pour une matière mais dans l’ensemble, j’étais satisfaite. J’ai commencé l’université à 17 ans et je n’étais pas trop emballée par les cours que je suivais, plutôt ennuyeux, mais je faisais ce qu’il fallait pour avoir des résultats acceptables. Puis, quand j’étais aux US, je me suis inscrite à la fac et j’ai découvert un système complètement différent. Avec entre autres des profs super disponibles, joignables par courriel ou même par téléphone et une énorme variété de cours parmi lesquels choisir. Je ne savais même pas qu’il était possible d’étudier certains des sujets proposés. J’ai adoré mon semestre là-bas. Quelques années plus tard, j’ai fait une licence en Angleterre, et pareil, j’ai adoré le système d’éducation supérieure. Là encore, des profs très disponibles, très ouverts, avec lesquels on pouvait avoir des discussions très intéressantes et qui étaient vraiment bienveillants dans l’ensemble. J’avais l’impression que ma réussite leur importait. Si j’avais besoin d’explications supplémentaires, je n’ai jamais ressenti que je les dérangeais et ils étaient toujours prêts à me répondre et à m’aider. En personne ou par courriel. Quand j’obtenais une note sur un devoir, il y avait toujours un commentaire pour l’accompagner et justifier cette note. Je n’ai jamais ressenti de condescendance de leur part et j’ai vraiment adoré étudier en Angleterre. C’était intense et fatigant, mais c’est une expérience qui me laisse de très bons souvenirs. Quelques années plus tard, j’ai fait un master avec une université française. Comme je vivais à l’étranger, je l’ai fait à distance. Et là, aïe aïe aïe !!! Il y a tellement de choses qui m’ont déplu et qui m’ont fait détester cette année que je ne sais pas par où commencer pour en parler. Je n’ai même plus vraiment envie d’y penser. J’ai tellement détesté cette année que j’ai décidé de m’arrêter au bout d’un an. Avant de m’inscrire, je pensais pousser un peu plus loin, faire un peu de recherche en linguistique peut-être, dans le champ du plurilinguisme.

Je reprendrai peut-être des études en linguistique à l’avenir, mais ce ne sera pas en France. C’est dommage parce que financièrement, c’est quand même plus abordable que les études en Grande-Bretagne.

J’ai obtenu de bons résultats pourtant. Mais ce que j’ai détesté, en plus des cours terriblement ennuyeux dans leur format et parfois bourrés de fautes, c’est l’attitude des profs vis-à-vis de leurs étudiants. Complètement désintéressés de savoir si on s’en sortait ou pas avec la tonne de boulot qu’on devait fournir. Pas de réponse aux courriels, aucune communication à part pour nous dire qu’il fallait rendre un devoir final et ensuite nous donner une note, rarement justifiée. Beaucoup de condescendance. J’avais parfois l’impression d’être traitée comme si je sortais du lycée, n’avais pas déjà 10 ans d’expérience dans l’enseignement et ne connaissais rien à la vie. J’ai fini l’année écœurée, déçue par cette expérience pas du tout enrichissante et le manque de bienveillance des professeurs. Bien sûr, il n’étaient pas tous comme ça. J’en ai eu deux en particulier qui étaient fantastiques, proposaient des cours extrêmement intéressants et faisaient preuve de beaucoup de bienveillance. Il y en avait d’autres qui étaient sympas mais qui étaient probablement trop occupés par leur recherche pour vraiment prendre le temps de nous répondre quand on avait des questions, ce qui résultait en beaucoup de frustration.

J’avais un peu oublié tout ça, mais cette semaine, une de mes brillantes étudiantes qui fait un master en France m’a fait part de quelque chose qui l’avait choquée dans son université. Ils ont eu des partiels récemment. Et quand les profs rendent les devoirs, toute la classe est au courant des notes de ses collègues car elles sont publiquement discutées. Même si vous préféreriez garder cette information pour vous-même, vous n’avez pas le choix. Pour elle, habituée au système anglo-saxon dans lequel les étudiants sont traités comme des adultes, ça a été une véritable surprise. Bien qu’elle ait elle-même obtenu de bons résultats, elle a trouvé ça humiliant et je suis plutôt d’accord. Si vous obtenez une mauvaise note, vous n’avez pas forcément envie de le crier sur les toits. Et vous êtes adulte, vous devriez pouvoir choisir si vous souhaitez partager vos résultats avec les autres.

Quand j’étais à l’école en France, c’était commun que les profs rendent les devoirs dans l’ordre, de la plus mauvaise note à la meilleure. Quelle pratique étrange, non ? Quelle humiliation pour les élèves en difficulté, et quelle façon de les encourager à mieux faire ! On trouvait ça normal quand on était à l’école, mais quand j’y repense, je me dis que c’est vraiment trop nul comme façon de procéder. Tellement pas pédagogique. Et ça en dit long sur la mentalité française, il me semble…

Si vous avec l’intention d’étudier en France, je ne veux pas vous effrayer, mais il est important d’être conscients des différences culturelles et c’est toujours mieux d’être bien préparé mentalement. Mon expérience n’a pas été transcendante mais je connais des gens qui ont adoré leurs études en France. Vous pourriez très bien vivre une expérience formidable. Un jour, je parlerai des avantages à étudier en France. 😉